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EAN : 9782367626789
Audiolib (04/07/2018)
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3.8/5   1135 notes
Résumé :
Patience Portefeux est découragée.. Son mari décédé, elle erre entre la maison de retraite où sa mère est enfermée, euh pardon résidente, et son boulot de traductrice judiciaire.
Mal payée et d'une manière fort peu légale, elle traduit de l'arabe au français les conversations téléphoniques entre truands, les comptes rendus d'enquête ou les auditions de suspects.
Grâce à son boulot, elle est au courant de tous les faits et gestes de la racaille locale. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (297) Voir plus Ajouter une critique
3,8

sur 1135 notes
J'adore Hannelore Cayre, c'est ma Daronne du polar à moi. On l'attendait depuis 2012, et enfin, La Daronne revient. Aussi fou que Ground XO, aussi incisif que Commis d'office, le roman est du kif en barre: 170 pages sur la morne existence de Patience Portefeux, veuve de 53 ans mère de deux enfants, fille d'une grabataire placée dans une EPHAD, traductrice judiciaire mal rémunérée, et qui un jour, franchit la ligne rouge.
Il faut dire que Patience a de qui tenir. Fille d'un pied-noir PDG véreux, elle a vécu au rythme des magouilles du paternel, passé de l'argent dans ses robes à smocks, appris à se servir d'un 357 Magnum. Grâce aux écoutes téléphoniques qu'elle retranscrit de l'arabe au français pour les enquêteurs judiciaires, Patience sait tout du trafic de drogue, des tarifs et des réseaux. C'est un Master en Deal obtenu sur écoute, "La vie des autres" à la sauce chichon. A la manière de Gerd Wiesler, le capitaine de la Stasi, Patience se prend d'intérêt pour une famille de trafiquants marocains et s'immisce à distance dans leur existence, jusqu'à ce que le destin lui offre une occasion inespérée de toucher elle aussi sa part du gâteau.
La Daronne est un portrait de femme que l'on oublie pas. Quinquagénaire brisée par son veuvage et son déclassement, épuisée par une lutte quotidienne d'abord pour élever ses enfants, ensuite pour subvenir aux besoins de sa mère malade, la vraie Patience est restée en sommeil trop d'années. Le réveil brutal de la Femme qu'elle fut un jour va bouleverser sa vie et celle de ceux qui sont sur écoute: " Je me suis déshabillée et me suis plantée devant le miroir de la salle de bains pour retirer mes lentilles de contact mais, en me regardant, j'ai eu un choc en voyant le visage fermé qui me fixait (…). Qu'est-ce que j'allais devenir, moi qui n'avais ni retraite ni sécu. Je n'avais rien à part mes forces déclinantes. Pas le monde sou de côté, mes maigres économies s'étant volatilisées dans l'agonie de ma mère aux Eoliades. Lorsque je n'aurais plus la force de travailler, je me voyais pourrir sans soin dans mon immeuble peuplé de Chinois qui m'empêcheraient de dormir avec leurs criailleries insupportables. »
Ce constat amer fait un jour dans un appartement moche de Belleville va transformer la veuve Portefeux en Daronne, et permettre à l'auteure de mettre au coeur de ce polar concis et percutant d'autres daronnes, à commencer par la mère de Patience, une ashkénaze rescapée des camps de la mort.
Hannelore Cayre n'a rien perdu de sa verve ni de son humour. On aime sa plume incisive, son ironie, la justesse des personnages si prestement et justement croqués. Avec elle tout coule de source, c'est enlevé et efficace, l'intrigue file à la vitesse d'un Go Fast remontant vers Paris. Dommage, c'est trop court.
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Un petit roman qui se lit tout seul, même si certains passages sont un peu ardus pour qui ne maîtrise pas le parlé des quartiers.

J'ai beaucoup aimé l'intrigue et on apprécie (ou pas) le personnage principal, frêle jeune femme mais qui n'a pas froid aux yeux. Bon il faut reconnaître que son père n'était pas un saint.

J'ai adoré l'humour bien piquant, cynique a souhait. Mais aussi les différents sujets de société abordés (et ils sont nombreux.. drogue, émigration, racisme, vieillesse, etc...). Ils sont traités rapidement mais efficacement et de façon tellement juste.

Une grande découverte pour moi que cette auteure qui est efficace et drôle. il est certains que je risque de plonger assez rapidement dans d'autres de ses romans.
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Si vous souhaitez un polar français social, original , cash, rythmé et caustique , adoptez La Daronne .

Ou et comment passer du côté obscur de la loi ...
Avant, La Daronne , c'était Patience Portefeux : 53 ans , veuve, deux filles adultes et une mère qu'elle doit assumer financièrement et qui vit en EPHAD .
Avant, Patience , elle était employée modèle auprès du ministère de la justice , elle traduisait, de l'arabe, des écoutes téléphoniques de dealers ou autres sauvageons .
Et puis, un jour, elle a réalisé ( amère...),que le Ministère, la payait au black, qu'elle n'aurait jamais de retraite, et qu'elle ne laisserait rien à ses filles comme héritage . Disparue la gentille Patience, désormais : she's bad .
Coucou," le peuple de l'herbe" ! Son surnom sera La Daronne, et elle est plutôt futée comme mère ...

Hannelore Cayre , avocate de métier , nous livre un roman époustouflant d'originalité , sur le trafic de drogue mais pas que ... Elle traite avec autant de maestria le sort des personnes âgées dépendantes , le fardeau financier et émotionnel que cela représente pour leurs proches .
172 pages de pur ravissement en compagnie d'une ménagère de plus de cinquante ans maline et affutée qui dépote .
Sur la vie d'ma mère , j'te jure qu'elle déchire grave , cette Daronne ...
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Mambo. C'est le tout dernier mot de ce roman à l'énergie désespérée.
Mambo. Un livre aussi tape-à-l'oeil que cette danse colorée, pleine de dents blanches, de coiffures gominées et de paillettes.
Mambo. Un style parfois désuet, autant que cette danse passée de mode, mais où la patte magique des Grands Anciens est invoquée.
Mambo. La veuve Portefeux, belle à en couper le souffle, crâneuse, hautaine, est seule sous les feux de la rampe. Elle commence ses pas de danse face à sa propre existence qui la suit, ne la lâche pas. Elle joue avec elle ; elle ruse ; elle charme ; elle triche ; elle chaloupe langoureusement.
Mambo. Moments flamboyants, coupe de cristal, feux d'artifice… La jeunesse insouciante et les corps qui exultent. Les parents frapadingues. L'argent qui coule à flot et le sourire de l'immortelle Audrey Hepburn.
Mambo. Quand la musique s'arrête soudain, et que les sourires se figent durant ces interminables secondes de silence et de flottement. Quand les corps se désenlacent et que la vie nous attaque « en traitre ». Quand les rêves nous ont quittés ; quand les fantômes du passé nous cernent ; quand la vieillesse s'agrippe à notre poitrine… Quand le dernier cri de révolte, le dernier bras d'honneur aboutit à une nouvelle désillusion, à une autre Bérézina…
Mambo.
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Chère Daronne

Ok t'es pas bien épaisse avec tes 172 pages et dans un combat de free fight , t'aurais pas fait le poids face aux gros pavés polardeux du moment. Mais merci, au moins me suis pas pétée les biscotos à te tenir à bout de bras dans mon pieu.

T'as du bol, la Daronne, d'être tombée sur une auteure aussi douée qu'Hannelore Cayre ! Quelle verve pour décrire tes aventures de badass veuve ménopausée faisant des traductions d'arabe pour la brigade des stups puis reprenant sa vie en main pour devenir la reine du shit ! Qu'est-ce que je me suis marrée ! je me marre encore en repensant à la scène du Quick Hallal de Fleury, aux dialogues truculents qui font mouche à chaque fois comme ceux avec la voisine chinoise Colette Fo ou avec les trafiquants débiles que tu contactes pour écouler ton stock de came.

Tu m'as touchée aussi lorsque tu te débats avec ta mère complètement cramée dans son EPHAD indigne, lorsque tu repenses à ton enfance, à ta maison au bord de l'autoroute, à ton véreux de père.

Sacré bouquin qui renouvelle complètement le genre en hybridant réflexion sociale et politique, humour et polar sur fond de trafic de drogue. Culotté, jubilatoire, politiquement incorrect, féministe, pari réussi  quoi !
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critiques presse (2)
Telerama
21 juin 2017
Très juste et extrêmement drôle, ce roman noir bien serré est porté par une vigueur insolente, avec une vraie réflexion sociale et politique.
Lire la critique sur le site : Telerama
Liberation
27 mars 2017
Au regard du reste de la production polar qui abonde en pavés, «la Daronne» est maigre, 172 pages. «La Daronne» est en réalité plein, pléthorique, et autant poignant que bidonnant.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (188) Voir plus Ajouter une citation
Au début ça me faisait marrer et puis un jour ça ne m'a plus fait rire du tout.
J'assistais un pauvre Algérien dans une audience d'indemnisation de la détention provisoire. C'est une juridiction civile où l'on débat du montant du dédommagement que l'Etat doit verser à un innocent pour avoir gâché sa vie. Ce jour-là, ce défilé d'erreurs judiciaires se tenait devant un magistrat particulièrement exécrable qui toisait chaque comparant d'une moue narquoise du genre 'Vous, innocent, et puis quoi encore...'
L'Arabe en question, un ouvrier du bâtiment qui avait ravalé la façade d'un immeuble où logeait une cinglée, avait fait deux ans et demi de détention provisoire pour un viol qu'il n'avait pas commis avant d'être acquitté par la Cour d'Assises après la rétractation de ladite cinglée.
Il m'avait tenu la jambe pendant l'heure qui avait précédé l'audience pour m'expliquer à quel point ce moment comptait pour lui, voyant là enfin une occasion de déballer tout ce qu'il avait sur le coeur : la promiscuité en prison, les brimades que ses codétenus réservaient aux pointeurs comme lui, les deux douches par semaine, sa femme repartie au bled avec ses enfants, sa famille qui ne lui parlait plus, son logement qu'il avait perdu... Il avait tant de choses à dire. Le tribunal aurait pu l'écouter cinq minutes, ne serait-ce que pour s'excuser qu'un juge d'instruction ait foutu sa vie en l'air pour l'avoir maintenu sans preuve en détention durant trente mois. Eh bien non, le président, méprisant, l'a coupé net : 'Monsieur, vous travailliez au noir à l'époque. Vous n'avez aucune prétention à réclamer quoi que ce soit. Pour nous, vous n'existez même pas !'
Je ne trouvais plus mes mots en arabe [pour lui traduire] tellement j'avais honte. Je n'arrivais même pas à le regarder en face. J'ai commencé par balbutier et puis c'est sorti tout seul : 'Moi aussi, monsieur le Président, je suis payée au noir, et par le Ministère de la Justice, en plus. Alors puisque je n'existe pas, débrouillez-vous sans moi !' Et je suis partie, laissant tout en plan.
(p. 28-29)
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- Ecoutez : ma mère va mourir dans les jours qui viennent. On l’a amenée dans un service soins palliatifs, il y a deux heures, pour une sédation profonde. Je pense que ça vous parle, vous qui aimez les bêtes. J’en ai amené deux à piquer alors je sais ce que c’est. Ils vous regardent quand on les endort et luttent pour que leurs yeux ne se ferment pas. Et vous savez pourquoi ? pour emmener avec eux une image de vous parce qu’ils vous chérissent et savent qu’ils ne vous verront plus. C’est intelligent un chien, c’est pas comme les gens… Ma mère n’aura même pas la chance d’un chien.

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Il faut dire qu’ils avaient tout perdu, y compris leur pays. Il ne restait plus rien de la Tunisie française de mon père, rien de la Vienne juive de ma mère. Personne avec qui parler le pataouète ou le yiddish. Pas même des morts dans le cimetière. Rien. Gommé de la carte, comme l’Atlantide. Ainsi avaient-ils uni leur solitude pour aller s’enraciner dans un espace interstitiel entre une autoroute et une forêt afin d’y bâtir la maison dans laquelle j’ai grandi, nommée pompeusement « La propriété ». Un nom qui conférait à ce bout de terre sinistre le caractère inviolable et sacré du Droit ; une sorte de réassurance constitutionnelle qu’on ne les foutrait plus jamais dehors. Leur Israël.
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- Ils disent que les vieux doivent s'hydrater, mais je trouve régulièrement non entamées les petites bouteilles d'Evian que je lui apporte, parce que personne ne lui donne à boire... Et les jours où je ne suis pas là pour le nourrir, on lui pose le plateau-repas dans sa chambre et on ferme sa porte. 'Bon appétit, Monsieur Léger', mais qu'il mange ou non, tout le monde s'en fout... Et ma mère, vous avez vu comment ils l'ont habillée ? Elle porte un pull en laine alors qu'il fait 35... Et la fugue... Elle a été heurtée par une voiture sur la rampe d'accès du périphérique, comme un chien... Vous vous rendez compte si elle était allée plus loin ? Et la directrice qui nous demande de rembourser le bracelet antifugue qu'elle a arraché... Mais où passe tout ce qu'on paie ?
Chaque doléance contre l'institution relançait et nourrissait les sanglots de la fille. Ça aurait pu durer des heures, tant la situation de cette famille, que je connaissais par coeur, était atroce.
(p. 128-129)
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Son rêve avait été de monter un garage de voitures de luxe sur la Côte d'Azur. Il s'était conformé à tout ce que la société attendait de lui: ne pas traîner, se tenir à carreau, s'appliquer à l'école puisqu'il avait eu son B.T.S. conception et réalisation de carrosseries avec une mention très bien. Malgré tous ses efforts, à la sortie des études, il avait pris en pleine face le Grand Mensonge français. La méritocratie scolaire -opium du peuple dans un pays où on n'embauche plus personne, encore moins un Arabe- ne lui apporterait pas les moyens de financer ses rêves. Alors, on lieu de rester à bovaryser avec ses copains en bas de sa barre d'immeuble ou de fournir Daech en chair à canon, il était parti vivre dans le pays de ses parents avec son B.T.S. en poche et l'idée d'en repartir au plus vite..
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Vidéo de Hannelore Cayre
Depuis son best-seller "La Daronne" en 2007, Hannelore Cayre continue d'explorer les méandres du polar en y ajoutant une dimension historique avec un premier roman noir préhistorique et féministe, qui nous ramène quelques 35 000 ans plus tôt... Elle est l'invitée de Géraldine Mosna-Savoye et Nicolas Herbeaux.
Visuel de la vignette : peinture pariétale / Werner Forman / Getty / portrat Hannelore Cayre / AFP
#polar #littérature #féminisme _________
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