"Scènes de la vie de banlieue" est le premier tome d'un triptyque éponyme.
Il sera suivi de deux autres albums : "Accroche-toi au balai, j'enlève le plafond" et "L'hachélème que j'aime".
Caza se met en scène.
Caza sait mieux que personne ajouter de la couleur et de la poésie à sa banlieue.
Le secret de Caza semble être dans ses lunettes !
A moins qu'il ne soit dans son imaginatif et talentueux coup de crayon.
Ce premier opus de la série contient neuf superbes histoires :
"Romance", "Pavillon noir", "Du bruit au plafond", "Le troupeau aveugle", "Un soir ...", "Metropolitain Opera", "Hachélème blues", "Ultra non violence" et "L'archélème".
C'est dans le journal "Pilote", celui qui, il y a quelques années, s'amusait à réfléchir, que Caza nous a, pour la première fois, invité dans l'Hachélème qu'il aime.
"Scènes de la vie de banlieue" est la reprise de planches qui y sont parues dans les années 70.
Le rêve est le principal ingrédient de ce délire plein d'intelligence, d'humour et de non-conformisme teinté de contestation.
Le découpage des planches est audacieux.
Il ajoute à l'originalité de l'album.
Le dessin est magnifique, soigné et très coloré.
La lecture de ces quelques "scènes de la vie de banlieue" fait forcément du bien !
Elle fait entrer de la couleur et de l'air frais dans nos vie parfois un peu grises ...
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L'étalement des vacances, c'est vraiment râpé !
Comme d'habitude, ils sont tous partis en août.
C'est dingue !
Je suis absolument seul dans l'hachélème !
Comme tous les ans. Tranquille.
Je bosse doucement. Je bouquine, je pense.
Je me fais ma petite bouffe, mon petit ménage ...
Il fait pas vraiment beau, mais chaud, très chaud.
Je peux me balader à poil toutes fenêtres ouvertes : y a que comme ça que je suis bien.
D'ailleurs, je crois que dans l'immeuble en face, y a pas grand monde non plus ...
Sept heures du soir en hiver...en banlieue sur Seine, il fait déjà presque nuit...
les indigènes flasques se terrent au sein de leurs pavillons bien clos...Déjà les télés baignent les salles de séjour de leur lueur ultra-violette. On entend des bruits d'apéritif, des bruits de bifteck grillant et, dans la chambre du haut, le tourne disque de ce bon dieu de gosse, qui braille "Be bop a lula" pour la sixième fois consécutive.
Dehors, il n'y a rien. Personne. Désert. No man's land. Ça pourrait tout aussi bien être la surface de la Lune, le Kalahari, ou la mer des Sargasses, avec ces multiples épaves engluées dans les algues et la fange.
Dehors, ou dans le pavillon d'à côté, il semblerait pourtant qu'il y ait eu un cri, un coup de feu, un rire...Si l'on avait l'idée saugrenue de regarder dehors, peut-être verrait-on des ombres s'agiter sur un pavillon proche...Pour ainsi dire rien, quoi...
Et pourtant il s'est bien passé quelque chose. Pourtant il est revenu, il est là, et de nouveau il frappe !
...Et sur la banlieue-ouest s'étend son ombre blême, l'ombre maudite du...
Pavillon noir
(extrait de "Scènes de la vie de banlieue" album de Caza paru chez "Dargaud" en 1982)