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EAN : 9781021022158
336 pages
Tallandier (15/03/2018)
3.88/5   4 notes
Résumé :

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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce livre est extrêmement bien documenté, René de Ceccatty s'est penché dans d'autres livres
sur la biographie de proches d'Elsa Morante : Alberto Moravia, son mari, Pier Paulo Pasolini, qui en fut très proche, Maria Callas, Claudia Cardinale.

L'ouvrage s'attache non seulement à la biographie d'Elsa Morante mais également analyse ses oeuvres marquantes et en esquisse la trame.
Cela m'a désarçonné quand il s'agissait de livres d'Elsa Morante que je n'ai pas lu, mon intérêt eut été plus grand si je les connaissais, mais d'autre part, il m'a donné envie d'ajouter certains romans dans ma PAL…

La biographie donne une place importante à toutes les célébrités qui ont entouré l'autrice : Moravia, Pasolini, Visconti, Leonor Fini, Bill Morrow, Anna Magnani, Umberto Saba et tant d'autres.

de nombreuses photos illustrent le livre qui comprend également plusieurs notes explicatives, une bibliographie des oeuvres de l'autrice ainsi que des livres qui lui sont consacrés, une filmographie des films où elle est intervenue, des repères chronologiques et un index des personnalités citées.

Ce livre - René de Ceccatty en est conscient - trahit l'autrice, : elle fuyait les interviews et elle ne voulait pas que l'on s'intéresse à elle mais bien à son oeuvre
« "La vita privata di uno scrittore è pettegolezzo; e i pettegolezzi, chiunque riguardino, mi offendono" (La vie privée d'un écrivain est un commérage, et les commérages, s'ils me concernent, m'offensent).
Je dois reconnaître que je partage l'avis d'Elsa Morante, je préfère la découvrir à travers ses écrits
Pourquoi alors, me direz-vous, avoir lu cette biographie ?
- Ma professeur d'italien m'a chargé de faire un exposé sur la vie d'Elsa Morante, j'ai voulu ne pas me contenter de Wikipedia, participant ainsi , mais avec embarras, à cette trahison…
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Après la biographie romancée de Simonetta Greggio, voici une biographie plus classique. René de Ceccatty est l'auteur parfait pour écrire la vie d'Elsa Morante. Fin connaisseur des milieux littéraires italiens de la seconde moitié du 20e siècle, traducteur et biographe de grands romanciers et poètes: Moravia, Pasolini, Leopardi, Saba, il livre une biographie à la fois remarquablement informée et agréable à lire.
Outre les faits (dont certains ne sont pas sûrs, comme l'identité du père), René de Ceccatty retrace les circonstances de composition des oeuvres, leur fortune éditoriale et critique, leur réception dans le cercle amical. le livre fourmille de témoignages qui apportent un éclairage sur son comportement, ses idées politiques, ses goûts, ses amours. Il rend justice à la complexité de l'existence de celle qui restera comme l'enchanteresse des lettres italiennes.
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Sa vie, c'était la littérature. Elsa Morante ne voulait pas que l'on s'intéresse à elle : celle qui n'avait que peu de relations avec la presse considérait les biographies comme « une suite de potins ». René de Ceccatty, auteur, éditeur, critique et traducteur brillant et prolifique nous offre une somme biographique qui est bien loin de la vision qu'avait Elsa Morante de cet exercice, puisqu'aux éléments biographiques concernant la grande auteure italienne, il ajoute ceux de ses amis proches -qu'elle avait nombreux – ainsi qu'une analyse de ses principales oeuvres, poèmes, nouvelles et romans. Au total, c'est un véritable panorama du monde culturel italien d'après-guerre où l'on croise Pasolini, Visconti, Zeffirelli, Leonor Fini, Anna Magnani et tant d'autres …

René de Ceccatty fait la part des choses entre la mythologie personnelle et la réalité, ce qui est d'autant plus difficile qu'Elsa Morante avait un imaginaire très développé, aux contours flous. Il est vrai que le mensonge familial prévalait, notamment concernant son père, car selon la « légende maternelle » le père apparent et le père biologique d'Elsa Morante différaient. Cet élément constitue l'un des fondements de l'imaginaire d'Elsa Morante. L'ascendance juive de sa mère est également un élément fondamental de son oeuvre, tout comme l'intérêt fort qu'elle avait pour l'homosexualité masculine. Elle disait aimer s'entourer d'homosexuels pour être la seule femme du groupe.

Elsa Morante est précoce. Dès l'enfance, elle écrit des poésies et des comptines. Elle termine l'école secondaire mais n'entame pas d'études supérieures et rencontre Alberto Moravia, autodidacte lui aussi, qui était déjà célèbre pour avoir publié « Les indifférents » quelques années auparavant. Elsa rédige alors de nombreuses nouvelles dont beaucoup se distinguent par leur atmosphère onirique et fantastique : une narration très poétique, fondée sur de nombreuses images.

C'est le caractère passionné d'Elsa Morante qui a séduit Moravia. Une admiration réciproque lie les deux auteurs, ainsi qu'une grande complicité intellectuelle. Mais Morante a beaucoup de défauts, comme le souligne René de Ceccatty : elle est manipulatrice, mythomane, parfois hystérique. En femme indépendante qui ne veut se lier à personne, elle entretient plusieurs liaisons. Morante et Moravia se marient pourtant en 1941 puis s'enfuient de Rome après la chute de Mussolini et le renforcement de la répression allemande contre les juifs. Ils vivront ensuite à Rome et effectueront ensemble de nombreux voyages.

En fin connaisseur de la littérature italienne, de Ceccatty ne se limite pas aux éléments biographiques. Il s'attache à décrire et expliquer le style littéraire d'Elsa Morante, son évolution, et l'aisance que l'auteure éprouve dans la nouvelle, plus que dans le roman. Il nous propose ainsi une analyse de « Mensonges et sortilèges », s'étend sur les liens existants entre ce roman et d'autres oeuvres, comme celle de Tomasi di Lampedusa, de Goliarda Sapienza, et même De Stendhal, ou celles qui appartiennent au Nouveau roman français. de Ceccatty passe également en revue ce que ce roman doit aux auteurs français du XIXème siècle, parmi lesquels Balzac, aux auteurs russes ainsi qu'aux grands romans anglais familiaux.

Il nous raconte aussi raconte la conception de « L'île d'Arturo », « le plus grand livre d'Elsa Morante » qu'il classe dans le registre du « réalisme magique » et que Pasolini, devenu ami du couple et particulièrement de Moravia, a éreinté sans que Morante ne lui en tienne rigueur. En 1974, « La storia » connaît un grand succès auprès du public, phénomène éditorial sans précédent en Italie depuis la publication du « Guépard » en 1958. Cela trouble l'image d'Elsa Morante auprès des intellectuels italiens : paru dans les « années de plomb », après les premiers assassinats des Brigades rouges, le roman apparait décalé, il est celui d'une autre réalité historique. Mais Elsa Morante vivait depuis toujours en dehors de la réalité…

Biographe également de Moravia, René de Ceccatty s'intéresse bien sûr au rôle que ce dernier a joué dans l'oeuvre de Morante, parce qu'il lui a offert la possibilité d'écrire sans devoir travailler, l'a aidée à publier chez Einaudi et à obtenir le Prix Viareggio. Après la séparation douloureuse, Moravia et Morante garderont d'ailleurs une amitié distante et Moravia restera toujours protecteur vis-à-vis de celle qui fut son épouse jusqu'au bout, par fidélité à son engagement.

De Ceccatty insiste sur la totale liberté de pensée qui caractérisait Elsa Morante. Elle n'engagea pas de combat féministe et, précise-t-il, « c'est bien malgré elle qu'elle devint une icône du féminisme » parce que pour elle, le combat se situait tout simplement ailleurs. Elle réservait son empathie aux faibles, aux victimes, aux malheureux, à tous ceux qui souffrent, hommes ou femmes.

Sur le plan personnel, Morante n'apparaît pas facile à vivre : « Elle a toujours le dernier mot et balaie toute objection d'un regard affligé et sarcastique ». Elle ne cherche pas à partager ses idées, elle n'est pas militante, à part quelques conférences données contre le nucléaire, et s'avère peu tolérante. Elle fait souvent preuve d'une « relative misanthropie ».

Je n'ai retenu ici que quelques éléments d'une biographie d'une grande richesse qui dresse le portrait d'une auteure de grand talent dont la vie personnelle fut plutôt sombre. Son caractère entier et passionné lui a sans doute valu beaucoup de déconvenues, et si on la pardonne de certains excès, c'est parce qu'elle était tout entière tournée vers la littérature, vers l'imaginaire et la poésie. de quoi avoir envie de lire -ou relire- ses plus grands romans et c'est d'ailleurs ce que je vous conseille de faire tout d'abord, si vous décidez de lire cette biographie. Quant aux passionnés d'Elsa Morante ou de la période concernée, la biographie de René de Ceccatty, la première en langue française, est tout simplement incontournable !
Lien : https://lelivredapres.wordpr..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Moravia confirme que le livre est en vente en librairie, condition nécessaire à la candidature du livre. Ainsi Debenedetti pourra montrer ce télégramme en guise de preuve à ses collègues du jury. Il serait en effet naïf de croire qu’un prix, de l’autre côté des Alpes, échappe au réseau de pressions, de corruptions ou « petits accommodements «  et d’omerta qui caractérise ce système de ce côté-ci. Les plus grands ne se sont pas dérobés à cette tentation. Qu’ils aient « mérité » un honneur n’efface pas les moyens utilisés pour l’obtenir aux dépens d’autres livres qui ont été habilement mis sur le bas-côté de la route.
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La voix d’Elsa était impériale et unique, quand elle lui servait à entrer dans les sinuosités de la passion, du délire, de la terreur imposée ou subite. C’était alors pour elle le triomphe de l’imagination sur un monde éphémère, dont elle rejetait les lois arbitraires, les plaisirs insipides, les idéaux galvaudés, les accommodements triviaux, les obligations répétitives et fastidieuses, la routine assommante. L’inconscient, le secret, le mensonge familial sont alors une source infinie de fiction et d’envoûtement. L’illusion n’est plus tromperie, mais, transfigurée, devient une forme de résistance au prosaïsme, à l’ordinaire de la vie partagée.
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Grâce à son témoignage, on sait quelles musiques écoutait Elsa et à quels livres elle revenait. Mozart bien sur : la sérénade pour instruments à vent K. 375, dont adagio est un concentré des mélodies les plus sublimes du compositeur - où une joie feinte semble la seule solution des drames, plus tragique encore que l’hystérie, qui du moins portait encore des traces d’une vie à laquelle les personnages (la Comtesse, Ottavio) savent devoir renoncer à jamais ; le Quintette en sol mineur K. 516 et la Messe en ut mineur. Et Malher. Et qu’elle n’aimait ni Wagner, ni Nietzsche, ni Goethe, ni Tolstoï.
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Vidéo de René de Ceccatty
ÉCLAIR BRUT Une intervention de René de Ceccatty, appuyé de Denis Podalydès à la lecture, enregistrée le 19 janvier 2018 à la Maison de la poésie.
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