En débutant ma lecture, j'étais loin de me douter que j'allais me sentir aussi proche de l'héroïne, Céline mais aussi Anita, l'enfant de cette dernière car pour tout vous dire, je me suis sentie très proche d'elle mais je n'en avais pas conscience jusqu'à ce qu'elle évoque son ressenti à elle.
L'auteur va remonter sur plusieurs générations de femmes martiniquaises pour nous raconter cette histoire.
Cette île, elle l'a fui il y a de cela de nombreuses années. Aussi paradisiaque soit-elle, elle est surnommée "L'île des revenants". Cette île, elle voulait l'oublier, elle pensait être victime d'un sortilège qui la lie encore et toujours à elle sauf que voilà, sa fille a envie de connaître son pays d'origine, quoi de plus normal pour un enfant que de vouloir connaître les racines de ces ancêtres, de sa mère, de sa famille entière. C'est ainsi que les souvenirs qu'elle avait profondément enfouie en elle vont influer en abondance sur cette mère qui voulait tant oublier la douleur du passé, les drames, la violence, l'inceste, le viol...
Pour se faire, elle a décidé d'écrire une lettre à sa fille qui est partie en mission humanitaire dans son pays d'origine où la mère s'interroge sur son passé, sur son présent, faisant ainsi remonter peu à peu à la surface les paroles étouffées, les questionnements intimes, du "dorlis", l'équivalent créole de l'incube du Moyen-Âge. C'est un démon mâle qui prend vie pour abuser d'une femme dans son sommeil. Sur l'île, il est le roi, il règne dessus en maître absolu et incontesté, il peut être n'importe quel homme : blanc, noir, indien, riche, pauvre, mécréant, croyant ect... Son but est simple : torturer les femmes physiquement et psychologiquement, leur faire subir tout ce qui n'est pas humainement supportable.
Dans son livre l'auteur explore la peur qui fait penser, qui fait voir au gens des figures magiques, des figures que leur propre imagination a créée ; cela leur permet de taire une réalité glaçante qui fait froid dans le dos.
L'auteur va nous parler dans son livre de la difficulté rencontrée dans la "grande métropole" ; que ce soit le racisme, les discriminations sournoises qui existent malheureusement encore et toujours. Anita va répondre à sa maman, elle parlera de la prise de conscience, de ce besoin de revenir aux sources, de revenir chez soi, elle a besoin de renouer avec son histoire familiale pour avancer, pour grandir.
La plume de l'auteur est intéressante, salvatrice, fluide, agréable à lire. J'ai aimé cette façon de faire, de cette mère qui correspond avec sa fille pour lui parler de son enfance, de son pays d'origine, des autres femmes de la famille, celles qui ont contribué à faire celle qu'elle est devenue aujourd'hui.
Tout ça pour vous dire que ce livre pose des mots sur des maux que l'on était loin de se douter qu'il pouvait se passer dans les Antilles. Une belle histoire, une histoire de femme, une histoire qui nous parle de la vie... A méditer !
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