AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,55

sur 139 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Je ne suis pas emballée par cette Famille de Pascal Duarte. Pas déballée non plus, me direz-vous. Certes, je prononcerais d'ailleurs un tiède autant qu'obscur : " pas mal, mais sans plus ". Entendez, sans aucun plus, sans aucun mal, valeur médiane souvent intéressante dans plein de situations de la vie, mais pas nécessairement à rechercher lorsqu'il s'agit des choses de la littérature.
À vrai dire, ce petit roman (ou nouvelle longue comme disent les Espagnols à son propos) du pourtant détenteur d'un prix Nobel de littérature Camilo José Cela ne m'a strictement rien fait passer (comme quoi les prix Nobel...).
Cette oeuvre est pourtant considérée outre-Pyrénées comme majeure et initiatrice du mouvement tremendiste, sorte d'évolution du fameux style picaresque espagnol et aussi du naturalisme du XIXème siècle.
Ici, nous suivons l'autobiographie d'un p'tit gars du peuple, un rural de l'Estrémadure dans l'entre-deux guerres, juste avant que la guerre civile espagnole ne pointe le bout de son nez. C'est un fils de rien, doué de certains penchants pour la moralité mais qui, de temps à autres, ne sait rien faire de mieux que de jouer du couteau pour estropier les gens ou pour les tuer, en raison d'une quelconque dette d'honneur, réelle ou supposée, souvent liée à des affaires de coeur.
Il passe alors quelques temps derrière les barreaux et l'air salubre du pavillon carcéral le remet sur les rails de l'amendement... jusqu'à une nouvelle chute.
Il a pourtant tout du brave gars, il ne fait rien pour que des malheurs arrivent, mais ça lui tombe dessus et il a une fâcheuse tendance à prendre toujours les mauvaises décisions.
Son père et sa mère sont à vomir, sa soeur est une traînée quoique sachant parfois se montrer secourable et son petit frère handicapé se traine comme une limace dans la basse-cour avant de se faire rogner les oreilles par les cochons puis de terminer prématurément sa vie vous verrez comment.
Sa femme est au-dessus de tout soupçon mais rien n'y fait, quand ça veut pas, ça veut pas. Rien ne se goupille vraiment comme il faudrait.
Une vie rurale âpre, pas si différente de celle que nous décrit Garcia Lorca dans Noces Sanglantes, qui n'a rien de spécialement attachante. J'ai retrouvé aussi dans ce petit roman un peu de l'ambiance de plomb et des relations humaines troubles qu'on peut lire dans La Route Au Tabac d'Erskine Caldwell.
En revanche, si le style n'est pas déplaisant dans les phases purement narratives, les très (trop) nombreux passages de justification de son autobiographie par le protagoniste principal et la mise en scène du manuscrit envoyé pour X et Y raison à Machin qui l'a repassé à Bidule avant de le refourguer à Truc sont d'un mortel ennui et, littérairement parlant, n'apportent strictement rien de chez rien.
Sur un écrit aussi court, on n'a pas le droit d'ennuyer son lecteur, ou bien alors c'est qu'on a raté quelque chose, ce qui semble être le cas ici.
Une première expérience, donc, avec Camilo José Cela, qui ne m'a pas spécialement donné l'envie d'en revivre d'autres, bien que cette lecture ne soit pas non plus des plus désagréables qu'on puisse imaginer.
Mais ceci n'est que mon avis — mitigé — sur cet auteur — controversé — (Controversé notamment en raison de son attitude ambiguë durant la période franquiste.) Je vous invite par conséquent à en collecter beaucoup d'autres afin de vous faire votre propre opinion sur ce livre et sur cet auteur, même si le mieux reste et sera toujours de le lire par vous-même.
Commenter  J’apprécie          615
La Famille de Pascual Duarte se présente comme une confession, rédigée dans sa cellule, par un condamné à mort. Le terme de confession est à lire ici de deux manières différentes : prendre la plume permet à Pascual Duarte de raconter sa vie, jalonnée par toute une série de malheurs et de meurtres ; mais c'est aussi pour lui l'occasion de se confesser, donc de prétendre au pardon chrétien. Si Camilo José Cela insiste tant sur ce dernier aspect, c'est peut-être pour ménager la censure franquiste, que la violence du livre (publié en 1942) n'aurait pas manqué, sans cela, d'effaroucher.
« Moi, monsieur, je ne suis pas mauvais, et pourtant, j'aurais toutes les raisons de l'être. », écrit en préambule, Pascual Duarte, ce qui est, convenons-en, une bien curieuse manière de faire amende honorable. Et pour mieux enfoncer le clou, il ajoute : « Nous, les mortels, nous avons tous la même peau en naissant ; cependant, à mesure que nous grandissons, le destin se plaît à nous différencier, comme si nous étions de cire, et à nous conduire par des sentiers différents vers une seule et même destination : la mort. »
C'est entendu, le personnage ne se considère pas comme entièrement responsable de ses actes : pèse sur lui une forme de déterminisme, un destin, qui le pousse à agir. Celui-ci prend souvent la forme de la « hombría », ce code social et moral qui oblige le mâle espagnol à laver son honneur par tous les moyens, y compris dans le sang : « Si ma condition d'homme m'avait permis de pardonner, j'aurais pardonné, mais le monde est ce qu'il est, et il est vain de vouloir nager contre le courant. »
À la manière naturaliste, le roman insiste également sur les conditions de vie sordides et la lourde hérédité du personnage (parents alcooliques et violents, sœur dépravée, etc.)
Mais cela n'explique pas tout : certains de ses actes échappent à toute explication rationnelle, comme par exemple lorsqu'il abat sa chienne, l'un des moments les plus saisissants du livre. Cette dimension pulsionnelle (et comme libératrice) du crime est encore plus évidente à l'occasion du dernier assassinat « confessé » par Pascual et qui clôt le roman : « Je suis allé dans la campagne et j'ai couru, couru sans m'arrêter des heures durant. La campagne était fraîche et une sensation voisine du soulagement courait dans mes veines… Je respirais... »
En lisant La famille de Pascual Duarte, j'ai été frappé par une certaine ressemblance avec l'Étranger d'Albert Camus, publié la même année. Dans les deux cas, on a affaire à des personnages qui agissent moins qu'ils ne sont « agis » par des forces souterraines et mystérieuses. Autre point commun, une nature brûlée par le soleil (le roman de Cela se passe en Estrémadure, l'une des régions les plus arides d'Espagne) et la présence constante de la chaleur qui pèse sur les êtres et leurs actes comme une malédiction...
Je ne puis pas dire que j'aie adoré ce roman, âpre et suffocant comme un verre d' « orujo », et dont le personnage central est tout sauf sympathique. Mais j'ai été très sensible à sa langue et à son style, mélange réussi de parler populaire et d'écriture savante.
Commenter  J’apprécie          304
Avec La famille de Pascal Duarte, je découvre le « tremendismo », ce courant littéraire espagnol dont le roman (ou son auteur) en est le précurseur, « une esthétique du terrible » comme l'écrit Albert Bensoussan dans son intéressante préface. Suivant le thème du condamné à mort qui rédige ses Mémoires, Pascal Duarte s'en remet à la fatalité et au déterminisme social pour justifier les actes violents qu'il a commis, racontant son enfance malheureuse auprès de parents brutaux et alcooliques, terreau de la haine qui l'habite, une haine qu'il n'assume pas. Pour ce que j'ai pu lire sur le roman, j'ai eu l'impression que la version originale était peut-être plus représentative des origines du personnage quant au niveau de langage utilisé - très écrit en français -, ce qui ne m'a pas dérangée par ailleurs, l'ayant vu dès le départ comme un narrateur peu fiable cherchant à manipuler et à contrôler son image. Je m'attendais à être davantage choquée des scènes de violence du roman mais ce ne fut pas tant le cas, l'effet du tremendisme peut-être, qui théâtralise et induit une distance ? Un objet littéraire que je suis contente d'avoir lu.
Commenter  J’apprécie          160
Je me fais sérieusement violence pour écrire quelques mots sur cette lecture .Non que je considère qu'il soit à mettre au désherbage de tous les médiathèques , bien au contraire ...Il y a un tel accent de vérité au delà d'une forme outrancière qui caractérise ce mouvement littéraire qualifié de tremendismo et qui correspond à une volonté d'exagérer démesurément une narration pour mieux en faire ressortir la noirceur ,que ce court récit bouscule le lecteur qui se doit de revoir ses positions , définir d'autres limites peut-être, pour pouvoir accepter l'inacceptable !
C'est à travers le récit d'un assassin qui consacra son temps( qui aurait pu être celui d'une forme de rédemption avant de passer à l'échafaud ou au moins une confession ) à faire une brève rétrospective de son passage sur terre .
Avec ses mots à lui , empreints d'un héritage culturel désespérément pauvre , auquel il emprunte des formules toutes faites sous forme de proverbes qui résonnent désespérément creux , mais qui le stigmatise autant qu'ils lui donnent l'illusion d'être bien né dans une ignorance pathétique .
Avec une absence totale de regret, en apparence, pour tous ses crimes commis sous l'effet d'une force indomptable ,qui le pousse à faire couler le sang comme si cela allait le soulager de cette lourdeur atavique qui le condamne à reproduire les schémas familiaux , comme si se laisser à ses pulsions meurtrières allait le délivrer du regard haineux de sa mère , comme si la douleur transgénérationnelle inscrite dans son âme et sa chair allait enfin s'effacer et lui ouvrir un destin limpide comme l'eau claire , lumineux et cristallin , purifié enfin .
Alors oui , dans ce parti pris de choquer le lecteur jusqu'à l'insoutenable Camilo José Cela ne fait pas dans la dentelle et on se situe très vite dans une zone "borderline " pas facilement surmontable ! Un enfant handicapé mental laissé en pâture dans la cour de la maison , se vautrant dans ses excréments et se faisant ratiboiser les oreilles par un cochon de passage ....par exemple ....Il fallait oser !
Et pourtant loin de décrédibiliser l'ensemble de l'oeuvre, cette surenchère d'horreurs racontée dans une fausse placidité (il s'agirait plutôt d'une forme d'atonie , d'engourdissement émotionnel ) ne fait que mettre en lumière la plus grande horreur de cette étude de moeurs : un homme marqué par la douleur de vivre son absence de douleur .... tellement marqué par un déterminisme social voire même génétique qu'il lui est impossible de pouvoir sentir sa douleur d'être le monstre qu'il est devenu en actes.
Bon naturellement on ne peut s'empêcher de penser à Zola , Faulkner et autres écrivains du genre mais il faut reconnaître à Camilo José Cela une approche toute personnelle , pas forcément confortable pour le lecteur qui n'a d'autre alternative que de revivre ce chemin de vie tragique en s'identifiant au narrateur : un assassin . Car c'est là que tout commence .....et que l'on peut crier ô chef d'oeuvre . Enfin c'est ma lecture .
Commenter  J’apprécie          60
Pascal Duarte, radicalement asocial.

Un condamné à mort, Pascal Duarte, nous raconte par écrit sa vie en attendant d'être exécuté. Ce qui peut de prime abord surprendre, c'est que cet homme de l'action peu habitué à écrire nous décrit tout au long de son récit les pires atrocités sans paraître en être affecté, ému ou même troublé, alors qu'il est le principal protagoniste de cette histoire. Autour de ce récit à l'intrigue relativement simple, Camilo José Cela construit un livre où ressortent des qualités littéraires évidentes. L'auteur peut ainsi parler de la société rurale des confins de l'Espagne de la première moitié du 20ème siècle et manifester son pessimisme sur la nature humaine.

La Famille de Pascal Duarte répond à une composition parfaitement élaborée comme le montre la table des matières. On a affaire à un livre enchâssé : le récit central est précédé et suivi d'une note du transcripteur ainsi que de documents annexes permettant de mettre le témoignage en situation. Cette construction présente l'avantage de rendre cette fiction plus « crédible » et plus complète, mais aussi permettait-elle à l'auteur en 1942 de se désolidariser du texte et de n'apparaître que comme le simple véhicule d'une réalité qui lui est extérieure et qu'il ne contrôlerait pas. Cette grosse ficelle n'a pas empêché La Famille de Pascal Duarte de faire scandale lors de sa parution et d'être censuré … alors que le transcripteur du texte avait annoncé avoir déjà supprimé les parties insoutenables du texte, titillant ainsi l'imagination compensatrice du lecteur !

Ce scandale de 1942 provient à mon avis de deux facteurs : l'amoralité de Pascal Duarte et l'inefficacité des institutions de la société à le remettre dans le droit chemin. D'une part, le personnage principal se caractérise par sa froideur, son détachement et finalement son inhumanité face aux actes horribles qu'il voit puis qu'il commet, et c'est en cela qu'explose son amoralité, son ignorance complète de la mise en pratique de toute morale. D'autre part, toutes les composantes de la société que sont le village, la famille, la religion ou la prison ne semblent pas avoir d'influence significative sur la conduite du « héros » qui continue son chemin sans autres bornes que sa volonté immédiate, ses intérêts et ses instincts. A sa façon, il remet en cause les fondements de la société de son époque.

Enfin, par son roman, Cela laisse entrevoir son pessimisme sur la nature humaine. de nombreuses occurrences font référence à la fatalité, à la malédiction, à un certain déterminisme qui semblent indiquer que même s'il le voulait, Pascal Duarte ne pourrait pas s'amender, s'améliorer, il affirme être la marionnette de forces qui le dépassent, d'un destin qui décide en dehors de lui, de sa volonté et qui pourrait expliquer sa très relative « innocence ». En ce sens, l'auteur cherche peut-être à nous montrer une certaine forme de la tragédie de la condition humaine.

En ce qui me concerne, je ne trouve pas ce roman de Cela parfaitement convaincant même s'il est bien mené, les faits décrits étant souvent trop exagérés et leur accumulation trop peu crédible pour ressentir une certaine proximité avec le narrateur. La Famille de Pascal Duarte me fait irrésistiblement penser à L'Etranger de Camus avec des problématiques proches mais des moyens littéraires très différents. Il est à remarquer que ces deux livres sont pratiquement contemporains et traduisent certainement un sentiment diffus dans l'air du temps des années 1940. Un dernier point cependant, je reprocherai à Cela son titre : pourquoi inscrire la famille en tête de ce roman alors que toute l'histoire est centrée sur Pascal Duarte ? Est-ce une façon de le déresponsabiliser ? Si un babélionaute peut répondre à cette question, je lui en serai très reconnaissant.
Commenter  J’apprécie          60
Voici un auteur qui m'était totalement inconnu, découvert grâce au prêt d'une collègue pour la durée des vacances.
Camilo José Cela a publié La famille de Pascal Duarte en 1942 en Espagne, provoquant un scandale au moment de sa publication. L'auteur devient prix Nobel de littérature en 1983.
La famille de Pascal Duarte est le roman de la fatalité qui poursuit un homme depuis sa naissance. Un homme que, à la fin de sa vie, ‘'la plupart des gens considère comme une hyène, mais qui n'est au fond qu'un doux mouton poursuivi et effrayé par la vie.
Enfance à la dure dans une famille inculte où la communication se fait surtout à coups de poing et d'insultes, un père qui frappe, une mère qui boit, sèche et sans amour. le décor est planté, un milieu qui le poursuivra toute sa vie, dans un petit village d'Estremadur.
Pascal va grandir, se marier, avoir des enfants, fuir, revenir, évoluer, toujours dans le même milieu, toujours au côté de sa mère. Mais parfois, le côté animal est le plus fort. Quel peut bien être la vie d'un tel individu ? Et il le di lui-même : « ma faiblesse est grande en face de l'instinct ». Alors, en prison pour la 2e fois, Pascal raconte sa vie, sans rien justifier. Juste raconter. « On tue sans savoir pourquoi », comme si cela allait de soi…
Commenter  J’apprécie          50
La famille de Pascal Duarte est une oeuvre poignante publié par Camillo José Cela, en 1942, sous le régime Franquiste. Un homme, Pascale Duarte, condamné à mort, raconte sa vie, de la prison où il attend son exécution. Il raconte son enfance malheureuse, miséreuse, les coups, la peur. Il raconte sa vie, où le malheur semble une fatalité et où la conscience du bien comme du mal ne semble plus vraiment exister.
Commenter  J’apprécie          50
C'est un roman très sombre. Pascal Duarte, le personnage principal, est enfermé dans sa cellule de prison. Là, il livre un témoignage sans complaisance sur sa vie et sur les crimes qu'il a commis. Cet homme simple vivait péniblement au fond de l'Estrémadure, une province très pauvre de l'Espagne. Mais il ne sait absolument pas gérer le moindre conflit. Quand Pascal est en colère ou simplement contrarié, ses pulsions le poussaient à des actes de violence. Par exemple, il a tué une jument "coupable" d'avoir fait tomber son épouse, il a tué un homme lié à sa soeur et, pour finir, il a assassiné un notable de son village. Tout cela lui a valu d'être condamné à mort. Maintenant il attend son exécution, horrible à imaginer.
Dans ce témoignage, pas de remords, pas d'excuse, pas de révolte, pas de défausse sur sa position sociale très défavorisée, pas de considérations psychologiques tarabiscotées. Pascal Duarte est comme ça: une sorte de monstre ordinaire - et il va payer sa dette à la société. La dureté de ce constat rend pénible l'ensemble du récit. le style de J.-M. Cela ne me semble pas particulièrement agréable et ne facilite pas la lecture. A mes yeux, c'est donc un roman qui a de la valeur, mais qui met mal à l'aise et qu'on n'aurait pas envie de relire.
Commenter  J’apprécie          30


Lecteurs (318) Voir plus



Quiz Voir plus

Littérature espagnole au cinéma

Qui est le fameux Capitan Alatriste d'Arturo Pérez-Reverte, dans un film d'Agustín Díaz Yanes sorti en 2006?

Vincent Perez
Olivier Martinez
Viggo Mortensen

10 questions
95 lecteurs ont répondu
Thèmes : cinema , espagne , littérature espagnoleCréer un quiz sur ce livre

{* *}