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Citations sur San Camilo 1936 (13)

Il n'y a que dans les fêtes foraines où l'on sache d'avance (une personne au moins, affirme-t-on) l'issue du combat, le résultat d'une lutte est en général aussi incertain que le tirage à pile ou face, au début tous pensent qu'ils vont gagner puis on s'aperçoit que tout le monde perd, plus ou moins selon le cas, mais tout le monde perd, la foi, l'espérance, la charité, la liberté, la décence, l'illusion et la vie...
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L'oncle Jérôme a la mine soucieuse, nous sommes perdus mon garçon, on voit surgir, un peu partout de la graine de héros et c'est mauvais signe, très mauvais signe, il y a dans tout Espagnol un matamore qui sommeille, c'est une sorte de formule magique de repentir qui nous est parvenue à travers des siècles d'absurde oisiveté, oui, l'héroïsme est un mauvais signe, mon neveu, l'héroïsme gratuit est aussi contagieux que la vérole et une fois l'épidémie déclarée personne n'y échappe, les militaires se sont soulevés contre le gouvernement, c'est vrai, mais les ouvriers aussi, chacun invoque ses victimes et crie vengeance, c'est le conte de la bonne futaille qui finira par inonder de sang notre pays...
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Oui, l'homme va à son travail pour la même raison qu'il supporte une femme jusqu'à sa mort, le même con domestique, les mêmes larmes domestiques, les mêmes reproches domestiques, acerbes et violents, les mêmes bruits, le rôt, le soupir, la vaisselle, les mêmes odeurs d'haleine et de sueur, l'inertie, de même que l'habitude, est trop tyrannique, elles se ressemblent presque et on ne saurait les distinguer, toutes deux débordent de menaces à l'encontre de ceux qui oseraient briser leur emprise.
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Les meilleurs stimulants du crime sont la nuit, le désir d'aventure, le messianisme, la honte qu'on remarque ta peur, la discipline servant de masque aux penchants les plus confus et le besoin de trop parler, ensuite, lorsque le coup est tiré et que le corps s'effondre, il est trop tard pour se repentir et faire marche arrière, il faut continuer, continuer sans tourner la tête, personne ne te permettrait de t'arrêter ni de te retourner, personne, ni tes amis ni tes ennemis, ni ceux de ta victime, quelques secondes durant, ne voyant pas d'autre issue, tu penses te supprimer, et puis tu t'en abstiens, ou tu le fais longtemps après si tes ennemis (ou tes amis) ne t'ont pas liquidé auparavant, tu ne peux désormais ni dormir ni oublier, tu as la bouche toujours sèche, tu es aveugle ou tu crains de le devenir, et tu sursautes en entendant le hurlement d'un chien ou la vrille patiente d'un charançon dans le bois de ton lit.
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Sois humble et amoureux comme Bouddha et saint François mais ne renonce jamais à la volupté, mon neveu, ce n'est pas une question d'âge ni de puissance virile, non, c'est une coutume, une tradition, une culture, et c'est la seule chose qui ait manqué au perfectionnement de Bouddha et de saint François, si un jour l'homme décidait de suivre les traces de ceux-ci, renonçait à la fausse richesse des biens matériels et fortifiait son esprit dans l'humilité sans mépriser la sexualité, ce jour-là l'humanité serait sauvée et se rirait des guerres et des révolutions, des lois et des polices, des fonctionnaires, des règlements et des mécènes.
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Virtudes réveille son mari, Victoriano, oui, j'ai l'impression que la sarabande commence, quelle sarabande ? Comment, mais l'enfant, pardi ! Victoriano saute du lit, zut ! plus d'électricité, attends que j'aille appeler ta mère et la sage-femme...le téléphone ne fonctionne pas, on n'entend pas la moindre tonalité...Attends-moi, je vais les chercher, elles seront là dans une minute, tu verras, mais tu y vas dans cette tenue ? Aucune importance, il ne fait pas froid ! Victoriano dévale l'escalier et sort en courant dans la rue, au coin de la rue Torija on lui crie halte ! Halte toi-même, ducon, je n'ai pas le temps de plaisanter ! Halte ! Courez-lui après, c'est un fasciste ! Victoriano va leur dire allez vous faire foutre avec vos fascistes, moi je vais chercher une sage-femme pour mon épouse ! Il commence allez vous faire foutre et n'a pas le temps d'en dire plus long car deux coups de feu claquent l'un après l'autre, et il s'écroule en avant, frappé d'une balle dans le dos qui l'a probablement atteint au coeur et tué net, des gens s'attroupent auprès du cadavre, qui est-ce ? Un fasciste qui s'échappait de la caserne, allons donc ! Vous croyez que les fascistes s'échappent en pyjama ? Allez donc savoir, ils s'échappent comme ils peuvent ! Oui, vous avez peut-être raison !
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Les moines ont la bêtise de vouloir brûler les hérétiques et les hérétiques celle de vouloir brûler les moines, chacun l'emporte à tour de rôle mais le pays est toujours perdant, vous pouvez en être sûrs, on pense à l'épitaphe de Larra, ci-gît une moitié de l'Espagne, tombée sous les coups de l'autre moitié, nous nous trouvons maintenant devant le soulèvement des militaires et c'est la démocratie qui va brûler, quel que soit le gagnant...
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Non, il ne faut pas armer le peuple, l'hystérie est pire que l'indécision, l'Espagne est un pays d'hystéries épidémiques, je te l'ai toujours dit, et de démences collectives dont il est difficile de se libérer, l'hystérie religieuse pousse les Espagnols à traîner des chaines dans les processions et à demander aux saints ce qu'ils ne peuvent arranger ni seuls ni avec l'aide du hasard, quand à tout cela se mêle l'hystérie du feu on voit surgir l'Inquisition et les incendies de couvents, l'important c'est d'élever des bûchers, le combustible est le cadet de tous les soucis et un hérétique ou une statue de bois font aussi bien l'affaire, l'Inquisition et les incendies de couvents ne sont que les deux aspects de la même pyromanie...
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Les choses ne suivent pas toujours un rythme régulier et vont parfois trop vite, le peuple demande des armes et quand il les aura, il réclamera des cibles, les armes se chargent toutes seules...en Espagne il y a comme partout plus d'imbéciles que d'aliénés, les fous parfois font mouche mais les imbéciles ne sont capables que d'imbécilités, les armes n'arrangent rien car elles permettent de commettre des crimes à tour de bras, sans rime ni raison, j'épargne la peau de celui-ci et pas de celui-là, fermez-la c'est moi qui commande, j'ai tué ce paumé, sa présence vous dérangeait, ne me dites pas le contraire, allons, faites-moi un petit sourire ? Si vous voulez je tue encore deux ou trois types, désignez-les, il faut surveiller de près les imbéciles, ils sont capables pour un oui ou pour un non de noyer le pays dans un puits de sang....
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Les attitudes possibles de l'homme, suivant les Orientaux sont au nombre de trois : la dévotion (amour et haine), l'action (voyage et affaires) et l'intelligence (contemplation et spéculation), nous les Espagnols, nous en sommes restés au stade de la dévotion qui conditionne toujours notre action et notre intelligence, que pouvons-nous y faire !
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