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Citations sur Renverse du souffle (22)

Fais que ton œil dans la chambre soit une bougie, ton regard une mèche,
fais moi être assez aveugle pour l'allumer.

*******

À la source de tes yeux
vivent les filets des pêcheurs d'eaux folles.

À la source de tes yeux
la mer tient sa promesse.

Je jette là
un cœur qui a vécu parmi les hommes,
jette bas mes vêtements et l'éclat d'un serment
Plus noir dans le noir je suis plus nu.
Infidèle seulement je suis fidèle.

Je suis tu quand je suis je.

À la source de tes yeux
je suis emporté et je rêve de rapine.
Un filet a pêché un filet :
nous nous séparons enlacés.

À la source de tes yeux
un pendu étrangle sa corde.


(Louange du lointain du Recueil Pavot et Mémoire)
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La NUIT, quand le pendule de l'amour balance
entre Toujours et Jamais,
ta parole vient rejoindre les lunes du cœur
et ton œil bleu,
d'orage
tend le ciel à la terre.

D'un bois lointain,
d'un bosquet noirci de rêve
l'Expiré nous effleure
et le Manqué hante l'espace, grand comme les spectres du futur.

Ce qui maintenant s'enfonce et soulève
vaut pour l'Enseveli au plus intime :
embrasse, aveugle,
comme le regard que nous échangeons,
le temps sur la bouche.
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RESTE CHANTABLE – la silhouette
de celui qui à travers
l'écriture-faucille a percé sans bruit,
à l'écart, au lieu de neige.

Tourbillonnant
sous des sourcils-
comètes
la masse de regard, vers
laquelle dérive l'infime
satellite-coeur obscurci
avec
l'étincelle capturée au-dehors.

-Lèvre privée du droit à la parole, fais savoir
qu'il arrive quelque chose, encore,
non loin de toi.
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Tremble aux feuilles qui brillent blanches dans les tenèbres.
Ma mère jamais n'eut les cheveux blancs.
L'Ukraine est verte comme les dents- de- lion.
Ma mère si blonde n'est pas rentrée.
Nuage de pluie, tu hésites là, aux puits?
Ma mère si douce pleure pour tous.
Étoile ronde, tu enroule la traîne d'or.
Ma mère avait au coeur une blessure de plomb.
Porte de chêne, qui t'a soulevée hors des gonds?
Ma mère si tendre ne peut pas venir.

( La mère de Paul Celan est morte en camp d'internement, sans doute d'une balle dans la tête.. .)
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PRÈS DU GRÊLON, dans la
quenouille de maïs
charbonnée, au pays,
obéissant aux tardives, aux dures
étoiles de novembre :
     
noués dans le fil du coeur les
dialogues des vers de terre – ;
     
corde tendue qui fait
vibrer ton texte-flèche,
Sagittaire.
     
8 novembre 1963
     
-
BEIM HAGELKORN, im
brandigen Mais-
kolben, daheim,
den späten, den harten
Novembersternen gehorsam :
     
in den Herzfaden die
Gespräche der Würmer geknüpft – ;
     
eine Sehne, von der
deine Pfeilschrift schwirrt,
Schütze.
     
(pp. 30-31)
     
*
BEIM HAGELKORN
Le maïs, ou « blé de turquie », se sème en avril-mai et se récolte tard à partir de septembre jusqu’en novembre. Après les récoltes, on trouve sur le sol des épis brûlés par un champignon, atteints par le « charbon » ou la « rouille », abandonnés. Le grêlon est un cristal, une sorte de perle. Le pays du poète est chez les abandonnés-brûlés du côté du poème, du cristal de souffle qui témoigne. Les vers qui rongent ces restes dans la métaphore transcendent celle-ci, ce sont aussi les vers du poème : ils dialoguent avec ces restes et se tressent dans le cordon qui tend l’arc du sagittaire, le signe astral (22 novembre-20 décembre) de Paul Celan, et fait vibrer les flèches-poèmes qu’il décoche d’une manière particulière, cordiale si l’on veut. Gehorsam (obéissant, plus qu’un comportement d’obéissance ponctuel, désigne une attitude générale ainsi qu’une sorte d’appartenance docile (via gehören). Herzfaden (« fil du coeur ») : allusion peut-être au nom du fil rouge que, pendant la dictature nazie, on attachait sur la chemise des élèves de l’école juive de Königsberg, le dernier vendredi qui précédait leur départ en exil, symbole du lien qui continuerait de les unir malgré leur séparation… Annotations de Jean-Pierre Lefebvre (pp. 202-203).
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DANS LA LANIERE DE PRIERE BLANCHE - le
Seigneur de cette heure
était
une créature d'hiver, c'est
pour lui plaire
qu'est arrivé ce qui est arrivé -
ma bouche en grimpant s'est accroché avec les dents, une fois encore,
quand elle t'a cherchée, toi, trace de fumée,
là-haut,
silhouette de femme,
toi en voyage vers mes
pensées de feu dans le gravier noir
au-delà des mots de fission à travers
lesquels je t'ai vue marcher, haut
perchée sur tes jambes avec
ton opiniâtre tête aux lèvres
lourdes
sur le corps
tenu vivant par mes
mains
mortellement précises.

Dis à tes
doigts qui t'accompagnent
jusque dans les gouffres, combien
je t'ai connue, combien je t'ai
poussée loin dans les profondeurs, où
mon rêve le plus amer
a de coeur couché avec toi, dans le lit
de mon inarrachable nom.
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TENIR DEBOUT, dans l'ombre
du stigmate des blessures en l'air.

Tenir-debout-pour-personne-et-pour-rien.
Non-reconnu,
pour toi
seul.

Avec tout ce qui a ici de l'espace,
et même sans
parole.



STEHEN, im Schatten
des Wudenmals in der Luf.

Für-niemand-und-nichts-Stehn.
Unerkannt,
für dich
allein.

Mit allem, was darin Raum hat,
auch ohne
Sprache.
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SOLEILS-FILAMENTS
sur le désert gris-noir.
Une pensée à hauteur
d'arbre
attrape le son de lumière : il y a
encore des chants à chanter au-delà
des hommes.



FADENSONNEN
über der grauschwarzen Ödnis.
Ein baum-
hoher Gedanke
greift sich den Lichtton: es sind
noch Lieder zu singen jenseits
der Menschen.
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Dans les fleuves au nord de l'avenir
je jette le filet
qu'hésitante tu alourdis
d'ombres
écrites en pierres
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Rester là, tenir, dans l'ombre
de la cicatrice en l'air.

Rester là, tenir pour-personne-et-pour-rien.
Non-connu de quiconque,
pour toi
seul.

Avec tout ce qui en cela possède de l'espace,
et même sans la
parole.
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