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Critique de JeromeJeanJacques


C'est le manifeste du style Célinien, la grille de lecture du « langage parlé dans l'écrit », une sorte de manuel de la désobligeance de L.F Céline, une nouvelle provocation... tout ça à la fois.

Écrit dans le contexte de son retour au Danemark, ce livre s'adresse à tous les journalistes curieux de l'époque. Céline n'a pas encore publié « D'un château, l'autre » ; il s'agit d'une mise en appétit pour l'éditeur (Gallimard), et les futurs lecteurs de la trilogie Allemande.
On peut lire entre les lignes qu'il fût écrit à la demande de Gallimard pour — en quelques sortes — relancer la machine célinienne.
C'est aussi l'époque où l'auteur « s'inflige » des interviews pour se faire de la publicité ; Céline avouera lui-même plus tard qu'il fut à court de trésorerie, et que les publications de son retour en France trouvaient des motivations financières.

Loin de lui l'idée de faire son « Méa Culpa », il veut au contraire, défendre ses pensées et ses écrits. Il ne se positionne donc pas en tant que défenseur, il revêt même l'habit de l'accusation. Il reproche aux lecteurs leur médiocrité intellectuelle, leur vénalité aux éditeurs, l'incompréhension de la presse. Il crache son fiel acide sur tout ce qui bouge ; et ces considérations feront totalement corps avec son oeuvre à venir ; les provocations seront partie intégrante de l'écrivain, blessé dans son orgueil.

Dans la forme, Céline privilégie la métaphore continuelle pour parler de sa façon d'écrire : « ma petite musique », « les rails du métro, sur lesquels le lecteur est embarqué » ; il se compare aux peintres impressionnistes, il fait certaines approximations avec la littérature pour se placer comme un martyr avant-gardiste.

Désormais, comme dans le reste de son oeuvre à venir, il place des références à ses publications passées ; et cela renforce le sentiment d'attachement que l'on éprouve pour ce qu'il écrit.
Ce livre me mène d'ailleurs à penser, que l'on ne peut pas lire Céline sans se dispenser des affects qui gravitent autour de son auteur et de l'oeuvre ; ils sont indissociables ; de son aveu-même : son oeuvre est émotive. Alors, au delà-même des polémiques, il faut considérer que c'est une peine nécessaire à s'infliger lorsqu'on s'y plonge.

Henri Godard dit de Céline qu'il le considère comme un meilleur pamphlétaire que romancier. Je l'ai trouvé, en effet, très convaincant, notamment grâce à son talent de vulgarisateur.
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