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EAN : 9782207111369
224 pages
Denoël (30/11/-1)
3.06/5   65 notes
Résumé :
Au soir de sa vie, une femme écrivain mondialement connue reprend une dernière fois la rédaction d'un texte auquel elle travaille depuis plusieurs décennies : son testament.
A l'occasion de cette "dernière copie", la narratrice revient sur son enfance, les raisons de sa conversion à l'anglais comme "contre-langue de création", son éblouissante rencontre avec Luise, sa compagne de cinquante années, leurs villégiatures en Angleterre, en Irlande, en Italie, leur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Si j'étais au terme de ma vie, quatre-vingts bonnes années passées, que souhaiterais-je laisser à l'amour de ma vie ? Ce que j'ai de plus cher : mes mots ! Tous là réunis dans un testament d'un genre nouveau. Les arrangements notariés seraient déjà signés depuis belle lurette, car la mort ne rapproche pas toujours les êtres, surtout quand il y a à la clef de jolies sommes bien rondelettes. Pouvoir partir tranquille sans craindre de te voir jeter dehors par une horde d'héritiers brandissant leur ADN. Voilà pour les gribouilles de clercs…

J'écrirais notre rencontre, nos regards attirés comme des aimants, à peine frôlée la peau et déjà fébrile, électrise. Je te dirais tout ce que tu ignores : comment j'ai apprivoisé le mensonge et la mystification, pour ne jamais plus les quitter. Je t'apprendrais comment j'ai grugé le fisc, les honorables et honorés – s'ils savaient, les incrédules ! –, pourquoi je ne me suis jamais sentie aussi vivante, aussi vraie que dans tes ateliers, invitée perpétuelle témoin privilégiée de ta folie créatrice.

Je t'éblouirais encore une dernière fois en te contant comment j'ai apprivoisé l'art de la jactance. Je te rêverais à mes côtés plongeant au centre d'une fourmilière, ignorant tout de mes plus beaux larcins ou détournant le regard et les vaines interrogations. J'avouerais ma jalousie aussi et ma vengeance entre des bras, des corps différents chaque soir, et ces compteurs remis tacitement à zéro, les plaies cautérisées dans l'instant, comme par enchantement, sans un mot, sans un cri, sans rien. Juste nous deux. de nouveau…

Je te léguerais ma plus belle demeure ; je peuplerais son lac, sa cave et ses bois d'un monde de fées, de pixies et autres gnomes anglo-saxons, bastion de mon univers fantasque. Je te dévoilerais les pas de leurs danses les plus endiablées et t'apprendrais à traverser le miroir pour venir t'asseoir à leur côté.
Là où tu iras, je serais alors toujours avec toi…

Je mettrais tout cela dans un livre-testament pour que toutes les nuits tu me prennes dans tes bras, que tous les jours je sois entre tes mains, et que chacun de mes mots t'accompagne et te berce jusqu'au jour où nous serons de nouveau. Juste nous deux…

Mais je ne suis pas Céline Minard. Alors je pose mon stylo sur le coin de cette feuille et tourne doucement les pages de So long, Luise
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« De danser, d'épuiser la peine du monde, la perte, nos coeurs brisés de douleur, nos retrouvailles flamboyantes, de danser l'annonce du règne solaire de l'année nouvelle au fond de sa coque de neige brûlante. »

Dès les premières lignes, j'ai su que le roman allait me plaire, je fus accrochée immédiatement par les quelques phrases de l'incipit. Un auteur capable de faire parler une femme (d'un certain âge) des petites fleurs, du cadre bucolique de l'endroit et finir son paragraphe par le mot merde, hop je suis dedans. L'ambiance j'entends. Surtout quand la narratrice ajoute « particulièrement si cette dernière n'est pas humaine mais un tortillon luisant égrené d'un chevreuil ou le paquet noir d'un sanglier. » Alors là j'ai pensé : il y a du potentiel, je vais me régaler avec ce personnage pas commun. Je me suis dit M... ! mince (pour éviter une redite) elle en a sous le pied si elle continue dans cette veine. Et ce fût le cas. Un livre qui parle d'amour dans des termes chantants, oniriques, fougueux et ...des livres, le top !

« - Vous faites quoi dans la vie ? - Laquelle ? »

Cette femme âgée va me transporter dans ses mondes qui la bercent -« alors que nous sommes au coeur d'une immense fourmilière, sans un champignon creusé par la bouche d'une larve royale à la morale douteuse, tu agis comme en ville. Tu demandes un cric et une manivelle (...) »-  pour crier cet amour qui la porte depuis des décennies. So long, Luise. Elle est incroyable cette narratrice, un peu folle aussi, mais surtout folle d'amour. Elle a vibré dès le premier regard, dès le premier frôlement de peau pour Luise, une australienne peintre. Elle est écrivaine. Elle lui laisse ce livre. « See you later, Luise. With love. » Love, ce mot résume mon ressenti après cette lecture. L'amour de la bonne chère autant que de la chair, jusqu'à frissonner entre cuir et chair. Elle dévore la vie sans retenue, comme un ogre, tire des boulets de feu sur l'hypocrisie des 'amis' ou des éditeurs, et aime à la folie, passionnément ou pas du tout.
Une particularité : l'auteur aime les mots et n'hésite pas à ouvrir la palette pour en créer quand le besoin nait. C'est bien fait car on la suit. Je l'ai suivie.
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Une femme écrivain, arrivant au crépuscule de sa vie, reprend un texte qu'elle écrit depuis de nombreuses années. C'est son testament, pour Luise, sa compagne peintre de toute une vie. Elle évoque leur rencontre, leurs errances, leurs vies, la jalousie, les petits arrangements avec ses contemporains, comme les belles jactances qui permettent de subvenir à leurs besoins, ou sa supercherie de langue.


La première chose que l'on remarque en lisant So long, Luise, c'est l'écriture vivante, riche et dynamique, "rejouissive", de Céline Minard. Jouant avec les proximité sonores et sémantiques, son discours nous malmène ou nous séduit, et toujours il nous surprend. Mélange de souvenirs, sentences d'expérience, ou conseils pragmatiques sur comment nourrir les nains ou réduire à l'impuissance les erdmenmendle, So long Luise est un petit bijou de truculence explosive, une réflexion sur le travail d'écriture, et sur l'amour ! Malheureusement, je me suis perdue au milieu de ces fêtes du corps et du verbe, cette apologie de la vie et de l'amour, et peinant à retrouver mon chemin au milieu des pixies et autres créatures fabuleuses qui peuplent le quotidien de cette femme fantasque, je n'ai pas su retrouver mon chemin. Dommage, mais je lirai bien un autre de ses textes !
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A première vue et pour peu qu'on ne soit pas trop vigilant, on aurait vite fait de croire qu'on lit les ultimes écrits d'un genre de Tatie Danielle qui aurait versé dans la littérature, vieille femme cynique et indigne s'il en est. Ce serait aller un peu vite en besogne et enterrer la narratrice de ce singulier So Long, Luise dans un costume qui finalement ne lui va pas aussi bien qu'on aurait pu le croire. Et puis, enterrer, enterrer, faut le dire vite car si elle nous assure vivre ses derniers moments (et on n'a pas de raison d'en douter), son écriture est, elle, bien vivante ; plus que ça même : enlevée, corsée, survitaminée !

Célébration de la nature, des mots, de l'amour et du monde fantasmagorique, Céline Minard, ou plutôt XXX comme son personnage – auteure au succès international – est anonymement désigné, nous entraîne dans un univers totalement déjanté où les femmes se réapproprient leur droit à la même sexualité débridée que les hommes, sans honte et quand bon leur semble, où la supercherie de toute une vie ne leur fait pas froid aux yeux, où elles continuent à hanter les stands de tir à 80 berges passées et où elles n'hésitent pas à flinguer les jeunots qui seraient assez naïfs pour voir en elle des proies facilement dépouillables.

Se foutant de tout ce qui se fait en matière de conventions littéraires, Céline Minard nous balance son texte comme l'on sauterait à l'élastique, sans élan, et nous invite à la suivre dans un trip intime, déjanté et amoureux qui dresse le bilan d'une existence bien remplie sous une plume truculente, au vocabulaire riche et à la verve érudite et poétique balançant constamment entre bacchanales et monologue amoureux pour un dernier échange avec Luise, le grand amour, la peintre de talent, la compagne de presque toujours.

Après m'être bêtement trouvée incapable d'entrer dans Faillir être flingué il y a quelques mois, je ne regrette pas de m'être entêtée à lire cette écrivaine, même si je me suis malheureusement parfois perdue dans ce délirant labyrinthe folklorique pourtant crée avec magnificence mais peut-être était-ce voulu, ce legs littéraire étant finalement réservé à Luise, on peut au mieux le lire par dessus son épaule tout en regrettant de ne pas être à sa place. Pas tous les jours qu'on croise un telle déclaration-testament.
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"Ma douce","sweet heart", "ma très chère femme","ma belle"...
Point de Poèmes à Lou, ni d' Apollinaire, mais une longue lettre d'amour testamentaire très poétique d'une femme écrivain à Luise, peintre qui a partagé sa vie cinquante ans durant.
Désir,érotisme, passion et connivence d'une artiste à une autre, entre plume et pinceau."L'air entre nous grésille".
"Aléa jacta est!" Que de jeux de mots entre "actions jactées" et "exercices de la jactance", surtout lorsque l'on est bilingue et auteur d'une oeuvre prolifique de 18 volumes et d'un bestseller "First days" salué par les grands.
Souvenirs d'enfance,de première fois,d'amis,de relations,de voyages entre Irlande "évasion fiscale",High-lands, Suisse et jardin digne de la Sido de Colette.
Et soudain, ça et là apparaissent quelques Pictes de contes écossais, des gnomes allemands, des pixies issus de mondes parrallèles, des fées; doux délire des mots couchés sur le papier qui transforment le récit en une fête merveilleuse mi-paradis perdu du Grand Meaulnes, mi-Fantasia où les faunes dansent sur La Symphonie pastorale de Beethoven (enfin voilà mon ressenti car j'avoue avoir été un peu perdue).
Nous avions pénétré sans doute dans l'imagination fertile des terres inconnues d'un célèbre écrivain!
Céline Minard, très littéraire, est connue pour son originalité. Elle est l'auteur entre autres, de le dernier monde, Bastard Battle et Olimpia.
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critiques presse (2)
Telerama
19 octobre 2011
Le moment est venu de récapituler ce que fut cette existence partagée avec Luise, de raconter ce « soi-disant déjà vécu » qui fut sa vie [...] C'est ce à quoi elle s'emploie, dans ce long monologue fantasque, sensuel, formidablement hétéroclite, où se font entendre, comme en cascade, mille échos - de Lewis Caroll, des contes de fées archaïques et de Nabokov, de la langue anglaise et du français de Villon... - qui composent ensemble un tissu sonore opulent, somptueux, virtuose.
Lire la critique sur le site : Telerama
Lexpress
20 septembre 2011
Amours, tribulations et leçons de vie d'une vieille romancière sous la plume fantasque et fascinante de Céline Minard.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Il semblerait que conserver sa dignité passé quatre-vingts ans ce soit tout simplement obtenir des autres qu'ils vous parlent normalement. Sans ralentir le débit, sans cette lénifiante familiarité dont ils usent si volontiers, sans attendrissement marqué, sans non plus simplifier le propos et en forçant un peu le volume.
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Il m'est arrivé ainsi une fois, en relisant Ada quinze ans après une première lecture stupéfiante, de trouver plus qu'intact, redoublé, l'étonnant toucher de trois pétales d'orchidée. Sous les doigts du narrateur surpris qui croyait la fleur artificielle, sous les miens non moins surpris qui croyais la page dans La Recherche, la sensation déplacée et replacée, fulgurante, le petit choc du contact inattendu se fit écho à lui-même et transperça l'épaisseur des textes et des temps à travers mon souvenir égaré et précis, comme si lui et moi étions en train de vivre exactement la même expérience : le baiser de la vie. Les fleurs de papier de la littérature sont vigoureuses.
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On n'apprend à s'amuser vraiment qu'après la quarantaine, sans réserve, avec cet appétit inchangé, développé par le temps perdu qu'on n'a plus l'heur de gaspiller et qu'on dépense d'autant plus généreusement qu'il nous en reste moins. Sauf à être un arriéré monacal, personne passé quarante-cinq ans ne reste plus le cul sur sa chaise quand il y a bal. Il y en a si peu. La peur du ridicule qui phagocyte les jeunes gens platement immortels n'a plus de prise. Disons que la vulgarité de la mort est une chose acquise. Ainsi que l'indécence naturelle du corps – acceptée – qui n'empêche pas l'élégance, qui la fonde.
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La cuisine, l'amour et la littérature ne se font pas seul mais se font sans témoin, il y a bien assez de monde dans ces histoires intimes. D'autant plus qu'à force d'étudier les spatules et détailler les cuillers à glace, les pelles à fromage, la pomme parisienne ou le couteau d'office, on en vient à ne plus pouvoir monter la plus bête des mayonnaises.
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On ne sait pas généralement combien il est troublant de clore un livre. De fermer la porte d'une maison aimée dont on a refait la toiture tout l'été, dans laquelle on a vécu jour et nuit et que l'on quitte, soulagé et fourbu, séparé mais pas encore dépris. Ce sentiment complexe, cette fatigue repérée, délicieuse et triste comme le travail accompli, me servira bientôt. Alors, de l'avoir déjà vécu tant de fois, ce rendu, ce don à rebours des dernières feuilles habitées, l'exil me sera plus poignant et plus léger.
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Vidéo de Céline Minard
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Récipiendaire de nombreux prix, pensionnaire de la prestigieuse villa Médicis, voix majeure de la littérature française actuelle, Céline Minard a d'abord étudié la philosophie avant de se lancer dans l'écriture. Rencontre avec celle qui nous entraine en ses mondes incertains…
Avec : Céline Minard Modération : Jeanne-A Debats
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