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EAN : SIE260198_748
G. Crès (30/11/-1)
4.17/5   9 notes
Résumé :


J'ai tué est un bref récit de Blaise Cendrars (1887-1961), publié en 1918 À la Belle Édition, chez François Bernouard.

Quand la guerre éclate, en 1914, Blaise Cendrars, poète de nationalité suisse, lance, dès le premier jour, un appel aux étrangers en compagnie de l'écrivain italien Ricciotto Canudo et il s'engage dans l'armée française. Avec les autres volontaires étrangers, il est versé dans la Légion étrangère. Il perd sa main droit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Les éditions Fata Morgana propose un livre magnifique au titre provoquant de "J'ai tué", plus percutant que "ce n'est pas beau la guerre" mais c'est bien de cela dont il s'agit.
Blaise Cendrars sait parfaitement raconter la vie des soldats dans les tranchées durant la guerre de 14-18 parce qu'il l'a vécue. C'est poignant, d'autant plus que les gravures qui illustrent le texte sont de Fernand Léger, ami de Cendrars et peintre qui me touche. Il faut souligner le travail éditorial de qualité qui a été fait pour cette réédition car la publication d'origine date de 1918. Les oeuvres de Fernand Léger sont reconnaissables par son style particulier, en monochrome ici et proche du cubisme. Il faut dire que les deux hommes ont participé à l'effervescence de la vie artistique parisienne du début du 20e siècle.
Dans ce texte court, Cendrars raconte ce qu'il vit en tant que soldat, le froid, l'attente, la boue. Sans oublier les chansons de marche et sa pensée pour les poèmes de Baudelaire qui lui permettent de supporter les moments les plus difficiles. Et puis c'est l'assaut, la course sous les obus et la chair qui explose. Alors que le poète pense à tous ceux qui travaillent pour alimenter en armes, nourriture, vêtements ceux qui se battent, il va se retrouver au corps à corps avec un boche, couteau à la main. Il sera le plus rapide...
J'en suis toute retournée. Quel écrivain!


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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Mille millions d'individus m'ont consacré toute leur activité d'un jour, leur force, leur talent, leur science, leur intelligence, leurs habitudes, leurs sentiments, leur cœur. Et voilà qu'aujourd'hui j'ai le couteau à la main. L'eustache de Bonnot. « Vive l'humanité ! » Je palpe une froide vérité sommée d'une lame tranchante. J'ai raison. Mon jeune passé sportif saura suffire. Me voici les nerfs tendus, les muscles bandés, prêt à bondir dans la réalité. J'ai bravé la torpille, le canon, les mines, le feu, les gaz, les mitrailleuses, toute la machinerie anonyme, démoniaque, systématique, aveugle. Je vais braver l'homme. Mon semblable. Un singe. Œil pour œil, dent pour dent. À nous deux maintenant. À coups de poing, à coups de couteau. Sans merci. Je saute sur mon antagoniste. Je lui porte un coup terrible. La tête est presque décollée. J'ai tué le Boche. J'étais plus vif et plus rapide que lui. Plus direct. J'ai frappé le premier. J'ai le sens de la réalité, moi, poète. J'ai agi. J'ai tué. Comme celui qui veut vivre.
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C’est à ça qu’aboutit toute cette immense machine de guerre.
Des femmes se crèvent dans les usines. Un peuple d’ouvriers trime à outrance au fond des mines. Des savants, des inventeurs s’ingénient. La merveilleuse activité humaine est prise à tribut. La richesse d’un siècle de travail intensif. L’expérience de plusieurs civilisations.
Sur toute la surface de la terre on ne travaille que pour moi.
Les minerais viennent du Chili, les conserves d’Australie, les cuirs d’Afrique. L’Amérique nous envoie des machines-outils, la Chine de la main-d’oeuvre. Le cheval de le roulante est né dans les pampas de l’Argentine. Je fume un tabac arabe. J’ai dans ma musette du chocolat de Batavia. Des mains d’hommes et des mains de femmes ont fabriqué tout ce que je porte sur moi. Toutes les races, tous les climats, toutes les croyances y ont collaboré. Les plus anciennes traditions et les procédés les plus modernes. On a bouleversé les entrailles du globe et les moeurs ; on a exploité des régions encore vierges et appris un métier inexorable à des êtres inoffensifs.
Des pays entiers ont été transformés en un seul jour.
L’eau, l’air, le feu, l’électricité, la radiographie, l’acoustique, la balistique, les mathématiques, la métallurgie, la mode, les arts, les superstitions, la lampe, les voyages, la table, la famille, l’histoire universelle sont cet uniforme que je porte.
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On grelotte sous les obus. Longues heures de pluie. Petit froid. Petits gris. Enfin l'aube en chair de poule. Campagnes dévastées. Herbes gelées. Terres mortes. Cailloux souffreteux. Barbelés crucifères. L'attente s'éternise.
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J'ai frappé le premier. J'ai le sens de la réalité, moi, poète. J'ai agi. J'ai tué. Comme celui qui veut vivre.
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On n'entend que le frôlement des bras balancés en cadence, le cliquetis d'une baïonnette, d'une gourmette ou le heurt mat d'un bidon. Respiration d'un million d'hommes. Pulsation sourde.
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Videos de Blaise Cendrars (73) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Blaise Cendrars
Interview de : Pierre Corbucci pour son livre : LA DISPARITION D'ARISTOTELES SARR
paru le 18 janvier 2024
Résumé du livre : Un roman aux accents tragiques qui entraîne le lecteur au coeur de la forêt amazonienne dans le combat qui oppose l'humain à la nature.
Amérique du Sud, années 1920. Lieutenant du génie, Aristoteles Sarr est chargé d'aménager une piste d'atterrissage au coeur de la forêt amazonienne. le survol de cette zone jamais cartographiée doit permettre de prolonger le chemin de fer. Convaincu du bien-fondé de sa mission, le jeune lieutenant n'a pas conscience que la jungle est animée d'une vie propre, que ses ténèbres fourmillent de dangers, et qu'à vouloir dominer la nature, on a tôt fait de s'en attirer les foudres. Aux abords de l'extravagant palais de la Huanca, dernière enclave humaine avant l'inconnu, d'étranges disparitions se multiplient.
Un roman picaresque aux mille nuances de vert, aussi puissant qu'une tragédie antique.
Bio de l'auteur : Pierre Corbucci est né en 1973. Après une enfance varoise, il étudie et enseigne l'histoire et la géographie avant de mettre sa plume au service de diverses agences de communication. Esprit curieux, mélomane avisé, voyageur alerte, il est toujours à l'affût de nouvelles histoires. Son goût marqué pour les littératures d'Amérique latine et le roman d'aventures lui donne envie d'explorer de nouveaux horizons littéraires. Fervent admirateur de Blaise Cendrars et de Gabriel García Márquez, il entraîne ses lecteurs aux confins de la jungle amazonienne à travers ce second roman.
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