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EAN : 9782130588535
88 pages
Presses Universitaires de France (02/11/2011)
4.06/5   100 notes
Résumé :
La Prose du Transsibérien et de la Petite Jehanne de France
A facsimile of the monumental artist's book originally published in 1913, made after an original copy in the collection of the Beinecke Rare Book & Manuscript Library, Yale University
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Cet exemplaire intitulé le Transsibérien est une édition très particulière du poème avec des fac-similé des corrections sur impression de Cendrars et un portrait du poète par Modigliani - autant dire un très bel objet trouvé à Montréal pour un inconditionnel de cette fameuse Prose.
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Je l'ai vu deux fois dans son édition originale -une fois chez un happy few qui en possédait un exemplaire, une autre fois à l'expo Delaunay, il y a peu, au MAM de Paris- un somptueux dépliant "touristique" ! Aux couleurs vives et chatoyantes de Sonia Delaunay, se mêlaient les mots magiques de Cendrars....Invitation au voyage...

le choeur des couleurs et des mots faisait sonner toutes les cloches des églises russes, grincer tous les boggies du transsibérien et tinter comme une douce antienne la petite voix de Jehanne, la prostituée parigote, demandant à Blaise: "Dis, Blaise, sommes-nous encore loin de Montmartre?"

Ce long poème a marqué le début du simultanéisme- de la collaboration étroite entre les peintres et les poètes de Montparnasse qui marqua le début du XXème siècle et ne devait pas résister à la deuxième guerre mondiale.

Il est plein de la vigueur de la jeunesse, de l'enthousiasme de la découverte, de la passion de l'aventure, de la boulimie des paysages et des rencontres, de l'ivresse de la nouveauté...et pourtant, derrière toute cette alacrité, se devinent des failles:

"Et pourtant, et pourtant
J'étais triste comme un enfant." ou encore:

"Ma pauvre vie
Ce châle
Effiloché sur des coffres remplis d'or
Avec lesquels je roule
Que je rêve
Que je fume
Et la seule flamme de l'univers
Est une pauvre pensée…"

Pour ce mélange subtil de lucidité et d'énergie, j'aime Cendrars le Bourlingueur et sa petite Jehanne aux yeux étonnés...
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Je lis souvent ce qu'écrivait Freddy, de la Chaux de Fond
quand j'ai envie de voyager sans mettre mes pieds l'un devant l'autre
quand j'ai envie de lire un si mauvais poète
mauvais poète parce qu'il n'avait pas la gueule de l'emploi
mais poète transporteur,
partons avec lui dans le transsibérien,
sur un steamer
ou bien dans une ruée vers l'or;
posons nous des questions sur la force de la poésie
la connaissance du monde et du destin
en 1913 - deux ans avant de perdre le bras droit durant la guerre -
il sait : et mes mains s'envolaient aussi
Cendrars visita des pays, des gens, des rêves,
tout voir, tout vivre je suis tous les visages
toujours rattachés à une histoire des mots
- ceux des autres, les siens aussi -
à Anvers où il clochardise seule l'épaisseur du petit volume que j'avais dans la poche (Les testaments de Villon) me séparait de mon compagnon et m'empêchait de devenir une parfaite canaille, comme lui…
Le poète voyageur qui déborde d'univers
Du catalogue de Leporello, des mille trois femmes de Dom Juan aux mille et trois clochers de Moscou.
Une vie d'écriture poétique à peine plus longue que celle d'Arthur - quelques années
Et puis des romans, des souvenirs des articles.
Et tous ses fils qui ont traîné sur les routes qu'il a ouvertes - Kerouac, Chatwin, Duval, Newby et mêmes les médiocres ou les mondains, tous ses fils.

On lira Blaise Cendrars en mangeant son pâté d'olives, avec un vin rouge de pays
sur une terrasse dans un cabanon des Goudes
on écoutera Honegger; ses sonorités accompagnent les vers de Cendrars dans mon esprit, et Pacific 231 avec la Prose du transsibérien et de la petite Jeanne de France

Les citations viennent de ses poèmes, de ses livres de souvenirs et de ses romans
© Mermed
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Un écrivain dévoré par la boulimie des voyages, qui a perdu un bras pendant la première guerre mondiale.
Une grande expérience vagabonde.
Cette prose transsibérienne permet à l'écrivain de revivre un voyage en Mandchourie, en compagnie de la Petite Jehanne qui est la version française de la fille perdue tolstoïenne.
C'est un poème ferroviaire qui se présentait, dans l'édition originale, sous la forme d'un dépliant de deux mètres.
Un écrivain à la vie intense, aventureuse, à redécouvrir..
Rappelons l'hommage qui lui a été fait l'année dernière en 2010, à l'occasion de l'année de la Russie en France, lorsque nos plus grands écrivains ont pris le transsibérien "Blaise Cendrars" pour leur voyage culturel...
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La prose du Transsibérien est l'un des trois poèmes présents dans ce petit recueil. Les deux autres portent pour titre « Les Pâques à New-York » et « le Panama ou les aventures de mes sept oncles ».
Une lecture qui nous entraine dans un voyage poétique qui se veut être le récit autobiographique de Blaise Cendrars. Mais, comme il est sous-entendu dans les annexes de ce livre destiné aux lycéens, il n'est pas certain que l'auteur ait réellement effectué ce voyage du Transsibérien. Peu importe, ce poème atteint son but, nous la faire parcourir, nous, cette Russie. Et puis il y a ce parallèle entre cette petite Jehanne, prostituée blonde, immaculée et frêle trouvée au fond d'un bordel et Jeanne de France à qui il ne cesse de penser, à cette France à qui il ne cesse de penser.
Aussi peut-on l'écouter ce beau poème, grâce à la voix de Bernard Lavilliers sur son album « Baron samedi ».
Et puis, arrive cette adresse à Dieu, cette conversation avec Jésus Christ dans ces « Pâques à New-York ». Là aussi, c'est aussi un voyage. Ou plutôt un pèlerinage qui nous transporte à la période même où le Christ fut condamné et exécuté.
le plus fantasque des trois restera celui des récits imaginaires de ses sept oncles. Là, on approche du jubilatoire. Tout est possible et rien n'est vrai. C'est peut-être comme cela qu'il faut résumer cet ultime poème.

J'ajouterai pour terminer, car il faut bien en finir, que j'aime cette collection destinée aux lycéens. Les appendices sont bien faits, riches et ont cette faculté de nous ouvrir à d'autres oeuvres qu'elles soient littéraires ou picturales. Les groupements de textes, les fiches historiques, les arrêts sur lecture……

Donc, à recommander pour une bonne heure de lecture.
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critiques presse (2)
Liberation
20 décembre 2011
La Prose du Transsibérien est l’un des premiers poèmes du siècle, celui du monde en vitesse. Publié en 1913, c’est aussi «le premier livre simultané», un long rouleau où le texte est coloré dans des tons vifs à l’aquarelle par Sonia Delaunay.
Lire la critique sur le site : Liberation
Lexpress
10 novembre 2011
C'est l'occasion de (re)découvrir ces 445 vers hypnotiques et de monter dans le train de Cendrars entre Moscou, "la ville des mille et trois clochers et des sept gares" et Kharbine, en Mandchourie, via le lac Baïkal. Une révolution poétique est sur les rails.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
En ce temps-là j’étais en mon adolescence
J’avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de mon enfance
J’étais à 16.000 lieues du lieu de ma naissance
J’étais à Moscou, dans la ville des mille et trois clochers et des sept gares
Et je n’avais pas assez des sept gares et des mille et trois tours
Car mon adolescence était si ardente et si folle
Que mon cœur, tour à tour, brûlait comme le temple
d’Éphèse ou comme la Place Rouge de Moscou
Quand le soleil se couche.
Et mes yeux éclairaient des voies anciennes.
Et j’étais déjà si mauvais poète
Que je ne savais pas aller jusqu’au bout.

Le Kremlin était comme un immense gâteau tartare
Croustillé d’or,
Avec les grandes amandes des cathédrales toutes blanches
Et l’or mielleux des cloches…

Un vieux moine me lisait la légende de Novgorode

J’avais soif
Et je déchiffrais des caractères cunéiformes
Puis, tout à coup, les pigeons du Saint-Esprit s’envolaient sur la place
Et mes mains s’envolaient aussi, avec des bruissements d’albatros
Et ceci, c’était les dernières réminiscences du dernier jour
Du tout dernier voyage
Et de la mer.

Pourtant, j’étais fort mauvais poète.
Je ne savais pas aller jusqu’au bout.
J’avais faim
Et tous les jours et toutes les femmes dans les cafés et tous les verres
J’aurais voulu les boire et les casser
Et toutes les vitrines et toutes les rues
Et toutes les maisons et toutes les vies
Et toutes les roues des fiacres qui tournaient en tourbillon sur les mauvais pavés
J’aurais voulu les plonger dans une fournaise de glaives
Et j’aurais voulu broyer tous les os
Et arracher toutes les langues
Et liquéfier tous ces grands corps étranges et nus sous les vêtements qui m’affolent…
Je pressentais la venue du grand Christ rouge de la révolution russe…
Et le soleil était une mauvaise plaie
Qui s’ouvrait comme un brasier.

En ce temps-là j’étais en mon adolescence
J’avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de ma naissance
J’étais à Moscou, où je voulais me nourrir de flammes
Et je n’avais pas assez des tours et des gares que constellaient mes yeux

En Sibérie tonnait le canon, c’était la guerre
La faim le froid la peste le choléra
Et les eaux limoneuses de l’Amour charriaient des millions de charognes.
Dans toutes les gares je voyais partir tous les derniers trains
Personne ne pouvait plus partir car on ne délivrait plus de billets
Et les soldats qui s’en allaient auraient bien voulu rester…
Un vieux moine me chantait la légende de Novgorode.

1913
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L'heure de Paris l'heure de Berlin l'heure de Saint-Pétersbourg et l'heure de toutes les gares
Et à Oufa le visage ensanglanté du canonnier
Et le cadrant bêtement lumineux de Grodno
Et l'avance perpétuelle du train
Tous les matins on met les montres à l'heure
Le train avance et le soleil retarde
Rien n'y fait, j'entends les cloches sonores
Le gros bourdon de Notre-Dame
La cloche aigrelette du Louvre qui sonna la Saint-Barthélemy
Les carillons rouillés de Bruges-La-Morte
Les sonneries électriques de la bibliothèque de
New-York
Les campagnes de Venise
Et les cloches de Moscou, l'horloge de la Porte Rouge qui me comptait les heures quand j'étais dans un bureau
Et mes souvenirs
Le train tonne sur les plaques tournantes
Le train roule
Un gramophone grasseye une marche tzigane
Et le monde comme l'horloge du quartier juif de Prague
tourne éperdument à rebours.
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Et pourtant, et pourtant
J’étais triste comme un enfant.
Les rythmes du train
La « moëlle chemin-de-fer » des psychiatres américains
Le bruit des portes des voix des essieux grinçant sur les rails congelés
Le ferlin d’or de mon avenir
Mon browning le piano et les jurons des joueurs de cartes dans le compartiment d’à côté
L’épatante présence de Jeanne
L’homme aux lunettes bleues qui se promenait nerveusement dans le couloir et qui me regardait en passant
Froissis de femmes
Et le sifflement de la vapeur
Et le bruit éternel des roues en folie dans les ornières du ciel
Les vitres sont givrées
Pas de nature !
Et derrière les plaines sibériennes, le ciel bas et les grandes ombres des Taciturnes qui montent et qui descendent
Je suis couché dans un plaid
Bariolé
Comme ma vie
Et ma vie ne me tient pas plus chaud que ce châle Écossais
Et l’Europe tout entière aperçue au coupe-vent d’un express à toute vapeur
N’est pas plus riche que ma vie
Ma pauvre vie
Ce châle
Effiloché sur des coffres remplis d’or
Avec lesquels je roule
Que je rêve
Que je fume
Et la seule flamme de l’univers
Est une pauvre pensée…
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En ce temps-là j'étais dans mon adolescence
J'avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de mon enfance
J'étais à 16 000 lieues du lieu de ma naissance
J'étais à Moscou, dans la ville des mille et trois clochers et des sept gares
Et je n'avais pas assez des sept gares et des mille et trois tours
J'ai passé mon enfance dans les jardins suspendus de Babylone
Et l'école buissonnière, dans les gares devant les trains en partance
Maintenant j'ai fait courir tous les trains derrière moi
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Je reconnais tous les pays les yeux fermés à leur odeur
Et je reconnais tous les trains au bruit qu’ils font
Les trains d’Europe sont à quatre temps tandis que ceux d’Asie sont à cinq ou sept temps
D’autres vont en sourdine, sont des berceuses
Et il y en a qui dans le bruit monotone des roues me rappellent la prose lourde de Maeterlinck
J’ai déchiffré tous les textes confus des roues et j’ai rassemblé les éléments épars d’une violente beauté
Que je possède
Et qui me force.
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