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Cet exemplaire intitulé le Transsibérien est une édition très particulière du poème avec des fac-similé des corrections sur impression de Cendrars et un portrait du poète par Modigliani - autant dire un très bel objet trouvé à Montréal pour un inconditionnel de cette fameuse Prose.
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Je l'ai vu deux fois dans son édition originale -une fois chez un happy few qui en possédait un exemplaire, une autre fois à l'expo Delaunay, il y a peu, au MAM de Paris- un somptueux dépliant "touristique" ! Aux couleurs vives et chatoyantes de Sonia Delaunay, se mêlaient les mots magiques de Cendrars....Invitation au voyage...

le choeur des couleurs et des mots faisait sonner toutes les cloches des églises russes, grincer tous les boggies du transsibérien et tinter comme une douce antienne la petite voix de Jehanne, la prostituée parigote, demandant à Blaise: "Dis, Blaise, sommes-nous encore loin de Montmartre?"

Ce long poème a marqué le début du simultanéisme- de la collaboration étroite entre les peintres et les poètes de Montparnasse qui marqua le début du XXème siècle et ne devait pas résister à la deuxième guerre mondiale.

Il est plein de la vigueur de la jeunesse, de l'enthousiasme de la découverte, de la passion de l'aventure, de la boulimie des paysages et des rencontres, de l'ivresse de la nouveauté...et pourtant, derrière toute cette alacrité, se devinent des failles:

"Et pourtant, et pourtant
J'étais triste comme un enfant." ou encore:

"Ma pauvre vie
Ce châle
Effiloché sur des coffres remplis d'or
Avec lesquels je roule
Que je rêve
Que je fume
Et la seule flamme de l'univers
Est une pauvre pensée…"

Pour ce mélange subtil de lucidité et d'énergie, j'aime Cendrars le Bourlingueur et sa petite Jehanne aux yeux étonnés...
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Je lis souvent ce qu'écrivait Freddy, de la Chaux de Fond
quand j'ai envie de voyager sans mettre mes pieds l'un devant l'autre
quand j'ai envie de lire un si mauvais poète
mauvais poète parce qu'il n'avait pas la gueule de l'emploi
mais poète transporteur,
partons avec lui dans le transsibérien,
sur un steamer
ou bien dans une ruée vers l'or;
posons nous des questions sur la force de la poésie
la connaissance du monde et du destin
en 1913 - deux ans avant de perdre le bras droit durant la guerre -
il sait : et mes mains s'envolaient aussi
Cendrars visita des pays, des gens, des rêves,
tout voir, tout vivre je suis tous les visages
toujours rattachés à une histoire des mots
- ceux des autres, les siens aussi -
à Anvers où il clochardise seule l'épaisseur du petit volume que j'avais dans la poche (Les testaments de Villon) me séparait de mon compagnon et m'empêchait de devenir une parfaite canaille, comme lui…
Le poète voyageur qui déborde d'univers
Du catalogue de Leporello, des mille trois femmes de Dom Juan aux mille et trois clochers de Moscou.
Une vie d'écriture poétique à peine plus longue que celle d'Arthur - quelques années
Et puis des romans, des souvenirs des articles.
Et tous ses fils qui ont traîné sur les routes qu'il a ouvertes - Kerouac, Chatwin, Duval, Newby et mêmes les médiocres ou les mondains, tous ses fils.

On lira Blaise Cendrars en mangeant son pâté d'olives, avec un vin rouge de pays
sur une terrasse dans un cabanon des Goudes
on écoutera Honegger; ses sonorités accompagnent les vers de Cendrars dans mon esprit, et Pacific 231 avec la Prose du transsibérien et de la petite Jeanne de France

Les citations viennent de ses poèmes, de ses livres de souvenirs et de ses romans
© Mermed
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Un écrivain dévoré par la boulimie des voyages, qui a perdu un bras pendant la première guerre mondiale.
Une grande expérience vagabonde.
Cette prose transsibérienne permet à l'écrivain de revivre un voyage en Mandchourie, en compagnie de la Petite Jehanne qui est la version française de la fille perdue tolstoïenne.
C'est un poème ferroviaire qui se présentait, dans l'édition originale, sous la forme d'un dépliant de deux mètres.
Un écrivain à la vie intense, aventureuse, à redécouvrir..
Rappelons l'hommage qui lui a été fait l'année dernière en 2010, à l'occasion de l'année de la Russie en France, lorsque nos plus grands écrivains ont pris le transsibérien "Blaise Cendrars" pour leur voyage culturel...
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A lire absolument, rien d'autre à dire!
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Ce livre a été présenté ce jour à la Grande Librairie en poche , mais pas disponible en librairie, j'ai créé une alerte.... car cela fait des années que je cherche ce petit
bijou (surtout il est illustré par Sonia Delaunay😍)
Hâte de rencontrer ce jeune Adolescent et de monter avec lui dans son transsibérien.
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La prose du Transsibérien est l'un des trois poèmes présents dans ce petit recueil. Les deux autres portent pour titre « Les Pâques à New-York » et « le Panama ou les aventures de mes sept oncles ».
Une lecture qui nous entraine dans un voyage poétique qui se veut être le récit autobiographique de Blaise Cendrars. Mais, comme il est sous-entendu dans les annexes de ce livre destiné aux lycéens, il n'est pas certain que l'auteur ait réellement effectué ce voyage du Transsibérien. Peu importe, ce poème atteint son but, nous la faire parcourir, nous, cette Russie. Et puis il y a ce parallèle entre cette petite Jehanne, prostituée blonde, immaculée et frêle trouvée au fond d'un bordel et Jeanne de France à qui il ne cesse de penser, à cette France à qui il ne cesse de penser.
Aussi peut-on l'écouter ce beau poème, grâce à la voix de Bernard Lavilliers sur son album « Baron samedi ».
Et puis, arrive cette adresse à Dieu, cette conversation avec Jésus Christ dans ces « Pâques à New-York ». Là aussi, c'est aussi un voyage. Ou plutôt un pèlerinage qui nous transporte à la période même où le Christ fut condamné et exécuté.
le plus fantasque des trois restera celui des récits imaginaires de ses sept oncles. Là, on approche du jubilatoire. Tout est possible et rien n'est vrai. C'est peut-être comme cela qu'il faut résumer cet ultime poème.

J'ajouterai pour terminer, car il faut bien en finir, que j'aime cette collection destinée aux lycéens. Les appendices sont bien faits, riches et ont cette faculté de nous ouvrir à d'autres oeuvres qu'elles soient littéraires ou picturales. Les groupements de textes, les fiches historiques, les arrêts sur lecture……

Donc, à recommander pour une bonne heure de lecture.
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Si Blaise Cendrars arrête dès les années 1920 d'écrire de la poésie, sa production poétique marque durablement le siècle. Après Les Pâques à New-York qui annoncent à bien des égards le révolutionnaire Zone d'Apollinaire, La Prose du transsibérien et de la petite Jehanne de France éclate les limites du texte poétique : débarrassé de la ponctuation, ce long poème narratif se déploie dans un dépliant de deux mètres, accompagné de peintures simultanées de Sonia Delaunay qui font écho au mouvement continu du train et de la pensée du narrateur.

Pierre angulaire de la mythologie du poète-bourlingueur, cet exaltant voyage en Transsibérien ouvre la voie, dès 1912, à de nombreux poètes qui tenteront de marier la poésie aux arts visuels et fait du chemin de fer, dans sa capacité à diluer le temps et l'espace, un objet profondément poétique.

Lien : https://balises.bpi.fr/litte..
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« La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France » est un poème de 445 vers libres, écrit par Blaise Cendrars en 1913, et par la suite illustré et mis en forme par Sonia Delaunay puis publié en tant que hors-série de la revue, à un seul numéro (1913, Les Hommes Nouveaux). Il s'agit de leur seconde collaboration, et le « premier livre simultané », recherche commune de correspondance entre les mots et les couleurs. La forme est celle d'un livre relié en parchemin vert de 199 x 36 cm. L'ensemble des crayons, aquarelles, collages et reliures est daté entre 1912 à 1914, trouvant ainsi sa place dans le courant de l'art abstrait et, plus spécifiquement, dans la création de l'art simultané de Sonia aux côtés de Robert Delaunay. La richesse et la variété des médiums et de ses sources d'inspiration, brisent la distinction entre l'art et le décoratif et visent à la synthèse des arts. Leur amitié est basée sur la langue russe que parle Cendrars et langue maternelle pour Sonia Delaunay, ukrainienne, née Sara Illinichtna Stern (1885-1979).
La « Prose du Transsibérien » est le poème intermédiaire entre « Les Pâques à New York » écrit en avril 1912 et « le Panama ou les Aventures de mes sept oncles », terminé en juin 1914, mais publié en 1918, à la fin de la guerre. Ces trois poèmes forment un ensemble, autant par la thématique du voyage que par leur période d'écriture, avant la guerre qui marque l'entrée de Cendrars en poésie. En effet, « Les Pâques à New York » est le premier poème signé du pseudonyme « Blaise Cendrars », de son vrai nom Frédéric-Louis Sauser (1887-1961).
Le poème est le récit d'un jeune narrateur de seize ans, un poète, qui fait le voyage de Moscou à Kharbine, pour accompagner un voyageur en bijouterie et « 34 coffres de joailleries de Pforzheim / de la camelote allemande "Made in Germany" ». C'est en rappel d'un voyage que fait Cendrars en 1905 dans les pays de l'Est en compagnie de Rogovine avec qui il devait se former au métier de joaillier. Ce Rogovine apparait d'ailleurs plus tard dans « Moravagine », en tant qu'anagramme presque parfaite de Voragine, autant dire un double. Il va entrainer le jeune homme dans une sombre histoire d'épine et de perles. Lui-même employé de Léouba, le grand patron joaillier de Saint-Pétersbourg, il s'inscrit dans la chaîne des Patrons de la Poésie qui associe donc Rogovine à Léouba, et Moravagine à Gourmont. C'est,le même personnage qui apparait ensuite dans « Moravagine », et qui aura hanté Cendrars entre 1914 et 1925. Parallèlement à de multiples autres travaux. Il y reviendra toute sa vie pour le commenter, le remanier ou l'augmenter. Dans son ultime version, il présente son livre comme définitivement inachevé puisqu'il est privé des oeuvres complètes de Moravagine auquel ce roman était supposé servir de préface. Tout comme il y aura par la suite un Favez, dont le nom est voisin de celui de Faval, soldat dans la section de Cendras. C'est celui qui assiste à la chute du bras sanglant près d'eux, épisode de « La Main coupée » et « L'Homme Foudroyé » (2013, La Pléiade, 2 tomes, 976 et 1126 p.). C'est aussi celui qui sera blessé et tué à la Ferme de Navarin, plus tard, lorsqu'un tir de mitrailleuse sectionne le bras de Cendras. Faval s'agrippe à Cendras, qui doit couper sa capote, s'amputant métaphoriquement une seconde fois. « Quand il tomba, frappé d'une balle entre les deux yeux, je dus couper le pan de ma capote pour me libérer de son poids mort et continuer d'avancer. Il ne m'avait pas lâché ».
Dans ce voyage, il y a aussi « la petite Jehanne de France », ou bien « Jeanne Jeannette Ninette Nini ninon nichon / Mimi mamour ma poupoule mon Pérou », qui se révèle être une demoiselle de petite vertu. Et ce petit monde parcourt les plaines de la Sibérie.
« Je croyais jouer au brigand / Nous avions volé le trésor de Golconde/ Et nous allions, grâce au Transsibérien, le cacher de l'autre côté du monde / Je devais le défendre contre les voleurs de l'Oural qui avaient attaqué les saltimbanques de Jules Verne / Contre les khoungouzes, les boxers de la Chine Et les enragés petits mongols du Grand-Lama / Ali baba et les quarante voleurs / Et les fidèles du terrible Vieux de la montagne / Et surtout contre les plus modernes / Les rats d'hôtels / Et les spécialistes des express internationaux ».
Ils égrènent au fur et à mesure les noms des gares de Russie qu'ils traversent, depuis « Moscou dans la ville des mille et trois clochers et des sept gares ».
L'ensemble du poème est nourri de références propres à l'histoire de Cendrars. Ce qui fait que la « Prose du transsibérien « devient presque une autobiographie, pour ne pas dire une mythologie personnelle. le jeune homme porte par exemple avec lui un revolver, « un browning nickelé qu'il m'avait aussi donné ». C'est un rappel probable de son premier voyage en Russie, mais ce voyage va le plonger dans les prémices de la révolution russe « la venue du grand Christ rouge de la révolution russe ».
« Je suis en route / J'ai toujours été en route / Je suis en route avec la petite Jehanne de France / le train fait un saut périlleux et retombe sur toutes ses roues / le train retombe sur ses roues / le train retombe toujours sur toutes ses roues ». Jehanne s'ennuie, un peu de nostalgie, pour elle qui ne connaissait que Paris. « "Blaise, dis, sommes-nous bien loin de Montmartre ?" » qui revient comme un leit-motiv. « Nous sommes loin, Jeanne, tu roules depuis sept jours / Tu es loin de Montmartre, de la Butte qui t'a nourrie, du Sacré Coeur contre lequel tu t'es blottie ». il veut se montrer rassurant. « Tous les boucs émissaires ont crevé dans ce désert / Entends les sonnailles de ce troupeau galeux Tomsk Tcheliabinsk Kainsk Obi Taïchet Verkné Oudinsk Kourgane Samara Pensa-Touloune / La mort en Mandchourie / Est notre débarcadère est notre dernier repaire / Ce voyage est terrible ».
.Avec des moments de poésie pure « Les roues sont les moulins à vent d'un pays de Cocagne / Et les moulins à vent sont les béquilles qu'un mendiant fait tournoyer / Nous sommes les culs-de-jatte de l'espace / Nous roulons sur nos quatre plaies / On nous a rogné les ailes Les ailes de nos sept péchés / Et tous les trains sont les bilboquets du diable ».
Tant que j'en suis à Blaise Cendras. Allez consulter, voire même acheter « La Fin du monde filmée par l'ange N.-D. » un texte de Blaise Cendrars, avec des illustrations de Fernand Léger (2022, Denoël, 80 p.). le tout se présente sous forme d'un album grand format (248 mm x 318 mm). Avec 55 petits chapitres, en gros 2-3 par page qui retracent l'apocalypse du monde moderne. Initialement paru en 1919, avec 22 illustrations, dont vingt coloriées au pochoir. Les illustrations de Léger intègrent des lettres, des chiffres, des slogans de publicité et des citations. le texte est terminé en 1917, et annoncé à son ami Jean Cocteau « Un monstre, je te dis ». le roman, qui est tout de même inachevé paraitra une dizaine d'années plus tard. Dans « Moravagine », le « Pro Domo » final explique comment il a été conçu. Cendrars écrit « « La Fin du Monde » a été écrite en une seule nuit et ne comporte qu'une seule rature ! Ma plus belle nuit d'écriture. Ma plus belle nuit d'amour ». Datée « La Pierre, le 1er septembre 1917 ». En fait c'est la suite de « Moravagine ».
Deux très beaux ouvrages, que l'on peut même lire.

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