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Critique de jullius


Beau roman de mésaventure humaine.
L'Or n'a de merveilleux que son sous-titre. Cendrars le reconnaissait : il s'était très peu renseigné sur son sujet, avait fait très peu de recherches, car il souhaitait écrire une histoire et non l'Histoire. Et pourtant, la fiction semble ressembler à la réalité…
Aussi, je ressors troublé de cette lecture aux qualités littéraires indéniables. Car comment me réjouir, d'un récit d'aventure aux si terribles conséquences non seulement pour son anti-héros, mais pour nous tous ? de l'histoire de cet accomplissement farouche d'une volonté de réussir qui ne s'embarrasse d'aucun sentiment, ni filial, ni amical et dont le seul horizon est la fortune matérielle. de ce qui, deviendra, un modèle, ou presque de manière d'envisager le sens de sa vie : l'ambition et le succès à tout prix. Comment même se réconforter de ce que cette volonté finisse par s'affaisser quand la réalité la rattrape et semble « se venger » puisque c'est sous le poids d'une folie qui s'est généralisée, devenue collective, quoique joliment baptisée « ruée vers l'or » ? Comment croire, d'ailleurs, que Suter, de « surhomme » (au sens de Nietzsche), redevient simplement un homme comme les autres quand, jusqu'à son dernier souffle, sa seule obsession reste de se voir dédommagé pour… quoi ? Avoir tirer des profits à millions de l'exploitation de pauvres bougres sur des terres qu'il s'était appropriées d'autorité ? Avoir fait travailler ces gens à lui faire son nom et sa fortune ? Avoir eu pour seul travail, lui, de faire pression sur les autorités pour que les lois du pays lui soient favorables ? Avoir oublié ses méfaits de jeunesse quand il s'insurge, homme le plus riche du monde, de voir venir de tous les coins ses semblables chercher la même fortune ?...
Finalement, L'Or, c'est Rousseau qui en donnait le mieux la leçon, près de 200 ans avant qu'il fut écrit, en quelques citations que l'on peut tirer de son Discours sur les fondements et l'origine de l'inégalité : « le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : gardez-vous d'écouter cet imposteur ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n'est à personne » ; « Tout cet ordre social prétendu qui couvre en fait les plus cruels désordres. Comment voulez-vous que l'on admire une société où le profit est en raison inverse du travail ? » Car « le riche tient sa loi dans sa bourse ».


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