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Critique de Perlaa


« J'ai eu pour la première fois l'intuition fallacieuse que le passé n'était pas un lieu stable mais changeant, altéré en permanence par l'avenir, et par conséquent rien de ce qui est arrivé n'est irréversible ». Quasi mot pour mot le narrateur s'interroge deux fois sur le passé tout d'abord comme une révélation contestable puis une seconde fois comme une évidence qui s'impose. Citation hermétique s'il en est. Parle-t-il de la perception du passé ?
Pour tenter de comprendre il faut avoir suivi pas à pas le narrateur, en grande partie l'auteur. Un jeune diplômé d'université barcelonais plutôt gauche part enseigner deux ans à Urbana, une université du Middle West américain. Il y côtoie Rodney, un collègue asocial, rescapé du Vietnam rongé par la culpabilité. Une relation forte mais incertaine s'installe entre eux. Lorsque, une douzaine d'années plus tard, Rodney vient le retrouver en Espagne, le même malaise persiste fait d'attirance irrépressible et de rendez-vous manqué presque de fuite. Entre temps le narrateur espagnol a fait son chemin. Ecrivain renommé après des années de galère il est célèbre. le succès inespéré s'avère un désastre qui le détruit moralement. Suite à un drame familial il perd tout appétit de vivre.
Au gré des hasards, car souvent c'est le hasard, un vague instinct, une sensation fugace qui sont les éléments déclencheurs, il souhaite renouer avec Rodney et faire de sa guerre du Vietnam le sujet d'un prochain livre. de retour dans le Middle West au gré des rencontres, des conversations, il aura la révélation diffuse mais fulgurante de la fin du tunnel, une « brèche dans la porte de pierre est apparue ».
Il ne faut pas trop en dire sur ce roman cérébral et trivial à la fois. John Wayne, figure du commandeur, Certains l'aiment chaud ou les cafés de Barcelone font aussi partie des références de l'auteur. On est dans le monde réel. le récit d'une vie, de deux vies symétriques marquées par le drame, des échecs ou des sursauts. le roman ne nous laisse pas souffler. Peu de pauses, ni de paragraphes, les phrases s'étirent au gré du cheminement interne du narrateur, soumis à des injonctions successives et contradictoires. Ce n'est jamais pesant, on est emporté avec lui, on adhère pleinement. Sa sensibilité devient la nôtre.
Un roman envoutant sur un passé douloureux.


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