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Critique de mariech


L'imposteur c'est l'histoire d'un imposteur espagnol Enric Marco qui a fini par être démasqué,alors qu'il devait participer aux commémorations du soixantième anniversaire de la libération des camps de concentration , qui s'était inventé tout un passé d'antifasciste. Je n'avais jamais entendu parler de cet auteur espagnol ni de l'histoire d'Enric Marco , c'est en lisant une critique sur le site que j'ai eu envie de lire ce livre et j'avoue que je ne suis pas déçue , bien au contraire , le livre a tenu ses promesses , c'est un livre qui pose des questions intéressantes sur les notions de mensonge , de vérités comme les phrases :
Le bon mensonge est pétri de vérités
Le menteur dit ce que l'on veut entendre . L'auteur met en parallèle le mythe de Narcisse qui ne doit ni se connaître , ni se reconnaître et d'un des plus fameux espagnol de fiction célèbre , je veux parler de Don Quichotte . L'auteur analyse les notions si fluctuantes du mensonge et de la vérité ,
évoque le chantage du témoin : le témoin et l'histoire sont deux choses différentes nous dit - il et l'historien doit avoir le courage de tenir tête .
' L'histoire et la mémoire sont opposées. La mémoire est individuelle partielle et subjective , l'histoire en revanche est collective et elle aspire à être totale et objective ' . La mémoire collective ce sont des souvenirs d'autres personnes qu'on a entendu , qu'on nous a raconté et elle n'est pas une source historique fiable .
Beau développement également sur la notion de kitch , le kitch en art et le kitch romanesque , utilisé par Enric Marco , qui est un ersatz de la vérité , en fait le
menteur nous dit ce que nous voulons entendre , la majorité des gens aiment ce genre de choses , il est donc difficile de le démasquer , il faut du courage pour le faire , on est le trublion , et personne n'aime en être un .
Les histoires racontées étaient trop romanesques , Enric Marco donnait trop de détails , il enjolivait de plus en plus son récit , au point que quelques anciens prisonniers des camps le prenaient pour un clown .
Mais l'auteur pose les bonnes questions et nous interroge sur le rôle des médias qui aiment ce genre de récits , plus le mensonge est gros plus la majorité y adhère.
Javier Cercas , nous parle de sa première rencontre avec Marco , au début joue le rôle de l'inquisiteur, il veut obliger Marco à reconnaître son imposture , il le pousse dans ses retranchements mais de toute façon Marco
ne l'a reconnaîtra jamais , il justifiera jusqu'à la fin ce qu'il a fait , pour le devoir de mémoire même s'il se rend bien compte qu' il a
déçu les gens qui sont maintenant gênés de l'avoir cru , il y a une petite minorité qui ne l'a pas cru .
Quel rôle a joué l'Espagne qui devait oublier son passé franquiste , pour pouvoir passer du franquisme à la démocratie sans guerre civile , on a fait un pacte d'oubli momentané , la majorité des espagnols ont occulté ou embelli leur passé . Ce n'est qu'à peu près vingt cinq ans après qu'on a enfin pu penser aux victimes , le délai de vingt cinq a été comme après la guerre en Allemagne.Les gens se sont réinventés un passé ou l'ont embelli . A ce moment de l'histoire d'Espagne , on a eu soudain envie de parler des victimes , de réparer le mal qu'elles ont subi et c'est dans ce contexte de devoir de mémoire que Marco a trouvé son public , le contexte permet aussi à Marco d'aller toujours plus loin dans ses mensonges .
Au fur et à mesure des rencontres avec Marco qui est tout de même un imposteur de première catégorie , l'auteur ne jouera de moins en moins l'inquisiteur , il essaye de comprendre et nous dit de façon très juste que c'est le rôle de l'écrivain aussi , il ne veut pas justifier les actes de Marco , encore moins le réhabiliter mais veut essayer tout au moins d'expliquer .
Marco le menteur pathologique , le séducteur , le narcissique a peut - être une ressemblance avec l'écrivain , un écrivain n'est il pas un menteur narcissique lui aussi .
Le livre est aussi un cas d'étude psychiatrique , qui garde ses mystères , homme qui a menti même sur sa date de naissance , qui a refait sa vie du jour au lendemain à deux reprises , séducteur jusqu'au bout , qui essaye de flatter l'auteur , qui ne
s'est pas écroulé après l'affaire, soutien indéfectible de ses filles , une a même pris la parole publiquement.. Homme à l'énergie débordante qui a fait un nombre incalculables de conférences , a écrit des articles , des livres , assoiffé de reconnaissance , de mise en lumière .
Un livre qui m'a passionné , j'ai vu que l'auteur avait écrit plusieurs livres dont Les soldats de Salamine , je le relirai , je pense que ce livre de non fiction comme l'appelle Javier Cercas est le meilleur livre que j'ai lu depuis longtemps .
Il m'a séduite par ses réflexions , ses questionnements pertinents .
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