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Critique de Andarta


Je remercie avant toute chose Babelio et l'Archipel pour cet exemplaire du Lys blanc.
Marie-Antoinette, fille d'un boulanger de Pornic, est victime d'un viol collectif quelques mois à peine avant la Révolution française. Une fois son fils mis au monde, elle part pour Paris et fait son chemin entre différents métiers et la rencontre de personnages historiques importants qui la font évoluer dans une époque troublée où tout devient potentiellement mortel.
Il s'agit d'un roman historique et il vaut mieux avoir quelques bons souvenirs en ce domaine si on veut suivre ou même comprendre un peu ce qu'il se passe. Autant l'auteur va nous montrer des circonstances précises, nous citer des hauts personnages se réunir et jeter de bons mots, nous détailler des plans d'attaque des Blancs (les Vendéens) ou des Bleus (les Républicains) – ce qui dénote un travail de documentation conséquent –, autant il donne par instants l'impression de survoler, voire résumer des moments importants par une envolée d'expressions qui cumule à la fois le souffle épique et l'horreur du massacre, dans un effet de plume visiblement assumé… Alors certes, le vocabulaire est très riche, très recherché, le style emporté avec un rythme s'adaptant aux scènes abordées mais il est vrai que j'aurais bien aimé que l'auteur s'attarde un peu plus sur certains événements dont Marie était témoin, que cela donne un aspect moins superficiel et plus de corps encore à cette Histoire qui lui échappe alors qu'elle se fait sous ses yeux. En fait, les scènes d'émeutes m'ont donné parfois l'impression d'être un kaléidoscope de flashs mis bout à bout sans vraiment de raccord et parfois celle d'une généralisation à outrance qui, en dehors du contexte, aurait pu tout aussi bien décrire n'importe quelle autre scène de guerre…
Pour ce qui est de Marie(-Antoinette), l'héroïne de ce roman, c'est clairement une forte tête avec la langue bien pendue (trop, même ?), qui n'hésite pas à jouer de l'esprit et des conventions en s'habillant en homme ou en aimant une autre femme. Elle apprend aussi peu à peu à s'endurcir, à devenir actrice et non plus simple spectatrice, à passer du rôle de la victime à celui de « guerrière ». Si après le viol, elle n'est plus qu'un bloc de haine et de colère, au point d'en devenir quasi-monolithique sur une bonne partie du roman, son évolution se fait par à-coups, lors de brutales prises de conscience qui peuvent parfois surprendre le lecteur, comme autant d'éclats fait à la gangue de pierre entourant son coeur…
Les personnages secondaires sont aussi marqués par une caractéristique qui les distinguent : la loyauté de Joseph, le hussard de la mort, l'exaltation féministe d'Olympe (de Gouges), Julien le poète assidu, le mystère de Louis, la jalousie maladive d'Adélaïde, la langue de vipère doublée d'une avarice sévère de la mère Poyet, la nostalgie romantique (au sens littéraire) de Charrette et tant d'autres… Par contre, du coup, on se demande pourquoi certains personnages deviennent si haineux envers Marie alors qu'il ne semble y avoir aucune véritable raison… Pourquoi Adélaïde voue-t-elle une telle jalousie aussi violente alors qu'elle n'avait jamais rencontré et donc encore moins parlé à Marie jusque-là ? Pourquoi la mère Poyet s'acharne-t-elle autant sur ses locataires ? Quant au fuyant Lys blanc, son identité reste un mystère… La supposition faite à la fin du roman ne vaut pas forcément confirmation.
Ce qui nous amène au point suivant : ce titre est présenté comme un roman d'une pièce et pourtant sa fin est si ouverte qu'au final, il ne répond à quasiment aucune des questions posées en cour de route. C'est frustrant. Et surtout, on se demande s'il n'y aura pas une suite, surtout que l'action commençait vraiment à se mettre en place, à accélérer et qu'enfin les choses sérieuses débutaient… Ma réaction a été autant emplie de confusion que de stupeur quand j'ai tourné la dernière page… et j'ai du coup réexaminé la couverture, la quatrième de couverture et la page de titre. Nulle part, il n'est fait mention d'un numéro de tome et du coup, je me suis demandé si l'auteur avait vraiment envie de nous laisser comme ça dans la nature avec une histoire qui a un fort goût d'inachevé… J'ose espérer qu'une suite est à venir sinon… autant que les lecteurs qui détestent la frustration d'une histoire sans conclusion claire et nette passent leur chemin.
Au final, c'est un roman agréable à lire, d'un niveau assez relevé, aussi bien dans les connaissances historiques qu'au niveau du choix de vocabulaire. L'auteur y insuffle un souffle épique grâce à un rythme enlevé et une part de lyrisme au coeur même des pires instants. le côté tête de mule à oeillères de Marie-Antoinette devient un peu agaçant à la longue mais heureusement, elle s'assouplit au feu des événements et au contact de personnages positifs. La fin, quant à elle, appelle forcément une suite et du coup, mitige l'impression générale du roman.
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