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Critique de Slava


Dans un coin de l'Espagne du XVIIeme siècle, vit un hildalgo "de complexion robuste, maigre de corps, sec de visage, fort matineux et grand ami de la chasse". Ce noble a une passion immodéré pour les romans de chevaleries et passe ses jours à les lire. Résultat, il devient fou, perd l'esprit et décide de devenir... chevalier ! Après quelques soucis, il recrute un jeune paysan du nom de Sancho Pansa pour en faire son écuyer et part à l'aventure !
Don Quichotte... une figure littéraire légendaire. Son nom nous évoque une grande et immortelle image ayant traversés les siècles : celle d'un homme vêtu tel un chevalier démodé, avec son petit écuyer sur son âne, se battant contre des moulins à vents. Mais il y a de quoi à dire sur lui !
Cervantés a écrit un véritable chef d'oeuvre, au sens fort du terme. Je pèse mes mots, c'est une oeuvre phénoménale.
Il nous emporte aux cotés d'un protagoniste incongru et complètement différent des héros du temps : un vieil homme n'ayant pas de force ni physiquement ni mentalement, complètement déraisonné, pensant à son amoureuse (imaginaire) et se jetant à corps perdu dans des (mes)aventures loufoques. Clairement, c'est le premier anti-héros de la littérature tout comme Don Quichotte est le premier roman moderne (bien qu'il y en a d'autres qui ont aussi lancé la voie au roman moderne). Ce personnage a lui seul, était déjà né pour être à jamais gravé dans la mémoire tant ses ambitions très élevées et son idéal chevaleresque le mène au ridicule. Mais pourtant, on l'apprécie tout de même, on l'aime car il a beau avoir un tas de défaut et être pathétique, il est très attachant malgré tout. Et de plus, il a une imagination admirable à voir et des idées visionnaires dans son époque figé par les contraintes et les dogmes...
Les autres personnages aussi méritent d'être soulignés : Sancho Pansa, l'autre grand célébrité de l'oeuvre, un paysan illettré, gourmand (désirant toujours avoir la panse remplie !) et parfois crédule mais plus intelligent et raisonné qu'il n'y parait : c'est lui qui voit souvent les situations mieux que son maître (qui ne l'écoute pas toujours, hélas), lui qui comprends mieux les choses de la vie et du monde. Comme quoi, les simples peuvent aussi être aussi philosophes et pratiques que les 'cultivés'. Et il faut souligner une sorte d'amitié entre lui et Don Quichotte. le ''couple'' est peut-être le premier duo comique de l'histoire, ancêtre des Laurel et Hardy, Astérix et Obélix et j'en passe...
Et tout un tas d'autres personnages colorés : le curé, le barbier, la nièce et la gouvernante de Don Quichotte, ces autre-là vont tous faire pour sortir notre hidalgo de sa folie (mais n'usant pas toujours correctement les moyens), Dorothée, Cardénio, Luncinde... Et d'autres personnages très secondaires mais marquant : Maritorne la serveuse asturienne laide mais très belle du corps... et enfin, la femme la plus importante du récit, qui n'apparaît jamais cependant : Dulcinée ! Dulcinée, la muse de Don Quichotte, dont l'amour l'aide à avancer sans risques et sans peur. Car oui, dans l'oeuvre de Cervantés, les femmes ont un beau rôle, elles ne sont pas toutes des potiches à attendre le prince charmant...
Don Quichotte nous entraine dans l'Espagne du 'Siglo del Oro ' (le Siécle d'Or) et à travers lui, on découvre la société, ses codes, ses rangs sociaux, ect... Des criminels envoyés aux galères, des Morisques... Les nobles comme les pauvres... Les demoiselles comme les paysannes, les filles 'vertueuses' comme les filles de joies, tous le monde y passe. Avec des subtiles critiques sociaux. En effet, Cervantés dénonce malignement le poids du pouvoir, de la religion... et des défauts de l'humain et de son temps. Il montre aussi à quel point l'homme se bat contre des moulins à vent : car si le fameux passage des moulins à vents est resté dans les mémoires, ce n'est pas pour rien : ce moment, n'est-ce pas chacun de nous qui tente désespérément de lutter vainement contre des moulins à vents ? Et notre Don Quichotte, n'est-e pas l'humanité en général, dotée d'ambitions et de rêves trop énormes mais de sens noble ?
Toute cette histoire plus riche qu'on ne le pense est servie par la magistrale écriture de Cervantés. En cela, il prouve que ce roman est moderne : l'auteur se permet d'intervenir au milieu de son texte ! de plus, c'est une magnifique plume, certes avec quelques termes vieillis, mais d'élégances et de poésies, et de sublimes proverbes qui nous touchent et nous interpellent...
Et pauvre Cervantés : il n'a jamais eu un vrai succès de son oeuvre, restant pauvre poète ! Et aujourd'hui, on dit pour l'espagnol " langue de Cervantès' comme on dit pour le français " langue de Molière"...
Don Quichotte est un roman très amusant mais en fait bien plus profond que cela, un livre inoubliable, indispensable à la littérature, ce n'es un "moulin à vent" à combattre... A lire ! Et qu'on continue avec le tome 2 en compagnie de notre hildago...
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