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sur 451 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Grand texte. le texte d'un grand poete. D'un tribun. D'un prophete.



Aime Cesaire veut quitter la France, l'ecole normale, et revenir en Martinique, chez lui. Il se chasse lui-meme de France: “Va-t-en, gueule de flic, gueule de vache, va-t-en je deteste les larbins de l'ordre et les hannetons de l'esperance''. Il veut quitter ‘'l'ambiance crepusculaire'' de l'Europe et retourner a son ile, une ile revee, ‘'un fleuve de tourterelles et de trefles''. Mais ce retour est traumatique. Son ile s'avere etre l'amas de detritus, physiques et humains, qu'il avait oublie. Sa ville n'est que desolation, ses maisons puent de l'interieur, la mer qui fouette les plages n'arrive pas a les laver de leurs amas d'immondices, et les habitants, de noirs sont devenus des negres, soumis, et acceptant cette soumission comme une fatalite, comme si leur amoindrissement faisait partie d'un ordre cosmique cree par Dieu. “Au bout du petit matin, la grande nuit immobile, les etoiles plus mortes qu'un balafon creve, le bulbe teratique de la nuit, germe de nos bassesses et de nos renoncements''.



Que peut faire le poete? Il n'a que la parole, que des mots. Et on se moque de lui: que peuvent les mots? Mais face aux mots-cravaches des colons: “(les negres-sont-tous-les-memes, je-vous-le-dis / les vices-de-tous-les-vices, c'est-moi-qui-vous-le-dis / l'odeur-du-negre, ca-fait-pousser-la-canne / rappelez-vous-le-vieux-dicton: / battre-un-negre, c'est le nourrir)'', il ne perd pas confiance: ‘'Je retrouverais le secret des grandes communications et des grandes combustions. Je dirais orage. Je dirais fleuve. Je dirais tornade. Je dirais feuille. Je dirais arbre. Je serais mouille de toutes les pluies, humecte de toutes les rosees. [...] Qui ne me comprendrait pas ne comprendrait pas davantage le rugissement du tigre''.



Le poete essaira alors de faire revivre une grandeur africaine, mais il y renonce vite: ‘'Non, nous n'avons jamais ete amazones du roi de Dahomey, ni princes de Ghana avec huit cents chameaux, ni docteurs a Tombouctou'', et c'est dans les nouveaux peuples des caraibes qu'il cherchera a infuser une nouvelle grandeur, une nouvelle foi en leur humanite. La filiation africaine ne suffit pas. Il lui faut reveiller ‘'ceux qui n'ont explore ni les mers ni le ciel / mais ils savent en ses moindres recoins le pays de souffrance / ceux qui n'ont connu de voyages que de deracinements / ceux qui se sont assouplis aux agenouillements''.



Mais rehumaniser le negre n'est pas deshumaniser le blanc. ‘'Donnez-moi la foi sauvage du sorcier / donnez a mes mains puissance de modeler / donnez a mon ame la trempe de l'epee/ [...] Mais les faisant, mon coeur, preservez-moi de toute haine / [...] car pour me cantonner en cette unique race / vous savez pourtant mon amour tyrannique / vous savez que ce n'est point par haine des autres races''



Le chantre de la negritude s'avere un chantre de l'humanite. Un prophete d'un nouvel humanisme. Et un enorme poete. Son ‘'Cahier'' a traverse les annees sans s'essouffler. C'est le lecteur qui risque de s'essouffler a gravir ses cimes. Il faut donc le lire et le relire pour s'habituer a l'athmosphere d'un humanisme qui defie le temps.



‘'Eia pour la joie / Eia pour l'amour / Eia pour la douleur aux pis de larmes reincarnees.''



Eia pour le grand homme! Eia pour Aime Cesaire!
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En refermant ce livre j'avoue que j'ai du mal à savoir ce que j'en ai vraiment pensé. J'ai été captivé par la poésie et l'atmosphère qui se dégagent du texte. Mais dans le même temps, je l'ai trouvé très difficile. J'ai un peu honte de l'avouer, mais dans certaines phrases, je ne connaissais même pas la moitié des mots. Cahier d'un retour au pays natal méritera sans doute une seconde lecture dans quelques temps. Une jolie découverte qui me laisse tout de même perplexe...
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Je l'avoue, je n'ai pas tout compris. Pas tous les mots utilisés ni toutes les images lancées aux yeux et à la tête et au coeur du lecteur.trice.
Est-ce grave ? J'aurai tendance à dire que non. Puisque si la forme m'a parfois un peu échappé, le fonds lui est relativement clair. Étrange concordance des temps qui m'a fait (re)trouvé ce recueil au fond de ma bibliothèque, la lecture du dernier Timothée de Fombelle (un roman jeunesse sur l'esclavage) et les mouvements anti-racisme en Europe et aux États-Unis (et sans doute ailleurs)
Étrange concordance des temps donc. J'ai lu ce recueil à la fois comme l'acceptation de sa couleur de peau et de la fierté à arborer cette couleur, si longtemps méprisée, avilie, niée et une manière de dire au racisme (aux racistes ?) "Vous ne me ferez plus courber la tête". N'est-ce pas ce que disent toutes et tous ces manifestant.es ? "Je suis un être humain" ?
Quant au pays natal... Est-ce celui de Césaire, la Martinique ? Celui de ses ancêtres, le royaume Bambara (approximativement le Mali) ? Il laisse planer le doute. Peut-être refuse t-il de se limiter qu'à un seul pays, lui dont les ancêtres furent déracinés de la manière la plus barbare, la plus sauvage ?
"Je suis humain et je ne courberai plus la tête"
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Il est très difficile de parler d'une oeuvre telle que celle de Césaire. La lecture est très difficile car son style est très particulier. Il faut se laisser porter par les mots, par cette écriture si poétique, même si l'on ne comprend pas grand-chose au premier abord. le texte est très fort, violent, voire extrêmement brutal. Césaire lâche sa parole révoltée pour revendiquer ce concept de négritude qui lui est cher.
Une lecture à aborder, je pense, à l'aide d'un éclairage théorique.

Lien : http://metamorphoses-de-psyc..
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J'avoue que j'ai eu beaucoup de mal à comprendre ce poème. J'ai ressenti une colère et une lassitude vis à vis du genre humain dans les mots utilisés par Aimé Césaire. Mais les phrases et le vocabulaire m'ont parus très compliqués. J'ai par contre bien apprécié la préface de André Breton qui éclaire un peu le texte... Malheureusement, elle se trouvait à la fin du livre :(.
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Parfois il faut laisser le temps s'écouler. 25ans exactement. Et rouvrir le livre. Plonger dans la poésie de Césaire. S'y perdre. S'y heurter. Et soudain entendre le cri de désespoir d'un homme qui pleure la misère de tout un pays et qui dit sa colère pour raconter son île et les violences du colonialisme. C'est aussi entendre l'appel plein d'espoir du poète : dénonçant les discours racistes, il exprime une volonté de s'élever, de se dresser pour que naisse un peuple. le poète est le peuple noir : il est sa voix qui crie "j'existe".
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Poétique et politique, le Cahier d'un retour au pays natal d'Aimé Césaire est pour moi une oeuvre difficile d'accès. Ce n'est pas ma première lecture, ce ne sera pas la dernière, je pense avoir encore beaucoup à découvrir et à comprendre.
Dans ce texte, le poète évoque des impressions personnelles, des ressentis sur son île, ses habitants, son histoire et le colonialisme.

Rythmé par des vers qui reviennent régulièrement, dès la première ligne, ‘'Au bout du petit matin'' par groupe de six ensembles, avec des variantes qui alternent. le rythme du texte fait penser à des incantations, qui nous ramènent au cri de révolte de l'auteur.
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j'adore tous ce qui révolution et dénonciation. Dans ce livre j'ai appris que la nostalgie peut' être une source d'amertume qui nous pousse a extérioriser nos ressentiment mes aussi nos désarrois dans nos écris on trouve de tous car sur les mots qu'on pose sur les feuilles on dépose nos sentiments et ceci tous sans exception. Selon moi il a trop d'amertume pour ne fais que juger sans pour autant accepter de mettre les partie sombre de sa société mais aussi de ses moeurs souvent abusive. J'aime la façon dont c'est écrit et surtout la façon dont il aborde le sujet et décrive son pays ses moeurs je pense que tout antillais devais se faire l'honneur d'acheter ce livre et le garder comme un don précieux car dans ce livre est une description est faite et c'est celui de leur pays.
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C'est une bonne introduction à la littérature antillaise, particulièrement à sa poésie. Toutefois, je ne suis pas certaine d'avoir les connaissances historiques et politiques pour apprécier cette oeuvre à sa juste valeur.
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Cahier d'un retour au pays natal était à l'honneur du festival « le goût des autres » d'Aimé Césaire. Faisant partie de l'équipe, j'ai voulu découvrir cette oeuvre.

Cette oeuvre est un poème qui semble parfois obscure, cet aspect m'a parfois gêné dans ma lecture mais j'espère y retourner plus tard.

Ce poème est un cri poignant avec une écriture violente, un livre court (75 pages) mais c'est ce qui fait sa force en plus de l'écriture. Césaire y dénonce le colonialisme, l'esclavage.

Il montre sa fierté d'être nègre, on note son amour pour son pays, son peuple ; cet amour est touchant à voir. Ça m'a donné envie de lire Discours sur le colonialisme.

Je vous laisse avec un extrait :

«Et nous sommes debout maintenant, mon pays et moi, les cheveux dans le vent, ma main petite maintenant dans son poing énorme et la force n'est pas en nous, mais au-dessus de nous, dans une voix qui vrille la nuit et l'audience comme la pénétrance d'une guêpe apocalyptique. Et la voix prononce que l'Europe nous a pendant des siècles gavés de mensonges et gonflés de pestilences, car il n'est point vrai que l'oeuvre de l'homme est finie que nous n'avons rien à faire au monde que nous parasitons le monde qu'il suffit que nous nous mettions au pas du monde mais l'oeuvre de l'homme vient seulement de commencer et il reste à l'homme à conquérir toute interdiction immobilisée aux coins de sa ferveur et aucune race ne possède le monopole de la beauté, de l'intelligence, de la force et il est place pour tous au rendez-vous de la conquête et nous savons maintenant que le soleil tourne autour de notre terre éclairant la parcelle qu'à fixée notre volonté seule et que toute étoile chute de ciel en terre à notre commandement sans limite.»
Lien : http://novelenn.wordpress.co..
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