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Critique de Pasoa


Très tôt rattachée au courant surréaliste, la poésie d'Aimé Césaire plonge ses racines dans la part refoulée de l'identité noire des Caraïbes, dans le récit des origines africaines mais aussi dans un moment crucial, celui d'où émerge la conscience de la situation coloniale et du traumatisme de l'esclavage.

L'écriture est abrupte, radicale, sans compromis, qui se lit comme un manifeste à coeur ouvert, le lieu d'une irruption immense, violente, qui rompt et déborde la prise du lecteur sur le réel et sur le sens.
Au fil des pages, il y a toujours cette insurrection de la pensée, une confluence de sens, un rythme, une intensité perdue qui resurgit, qui rend son écriture parfois déroutante mais tellement singulière et remarquable.

Aimé Césaire nous révèle que la poésie ne saurait être une pensée mièvre, figée, convenue, mais qu'elle est aussi transgression des normes du langage, ouverture de la conscience vers des dimensions insoupçonnées, imprévues, celles qui abordent le lointain, l'inconnu, l'incertitude. de là naît la beauté de la poésie.

SOMMATION -

" Toute chose plus belle
la chancellerie du feu
la chancellerie de l'eau
Une grande culbute de promontoires
et d'étoiles
Une montagne qui se délite en
orgie d'îles en arbres chaleureux
les mains froidement calmes du soleil
sur la tâte sauvage d'une ville détruite

Toute chose plus belle toute chose plus belle
et jusqu'au souvenir de ce monde y passe
un tiède blanc galop ouaté de noir
comme d'un oiseau marin qui s'est oublié en plein vol et
glisse sur le sommeil des pattes roses

toute chose plus belle en vérité plus belle
ombelle
et térebelle
la chancellerie de l'air
la chancellerie de l'eau
tes yeux un fruit qui brise sa coque sur le coup de minuit
et il n'est plus MINUIT

L'espace vaincu le Temps vainqueur
Moi j'aime le temps le temps est nocturne
et quand l'Espace galope qui me livre
le Temps revient qui me délivre
Le Temps le Temps
ô claie sans venaison qui m'appelle

intègre
natal
solennel "

(extrait de "Cadastre - Corps perdu")
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