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Tragique destin que celui de cet orphelin diagnostiqué "débile léger" et qui, toute sa courte vie durant, raisonnera et se comportera comme un enfant de 7 ans.
Je ne suis habituellement pas versée sur le pathos - d'ailleurs, Gilbert Cesbron n'en use pas - mais cette histoire m'a sincèrement touchée.
Il y a des êtres dont le destin est fissuré dès la naissance. Ils auront beau le vouloir, le vouloir vraiment ; y croire, encore et toujours ; ils seront continuellement brisés, piétinés, et l'échec sera permanent.
Yann n'avait pourtant pas de grandes ambitions. Il voulait juste exister pour quelqu'un. Il ne demandait qu'un peu d'amour. Juste de l'amour.
Poignant !
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"Mais moi je vous aimais" est le genre de livres trouvés dans une boîte à livres et qui restent finalement longtemps au fin fond d'une étagère. le genre de livres qui m'attiraient sur le moment, mais de moins en moins au fil du temps. le genre de livres pour lesquels il me faut une raison, un prétexte pour me décider à les lire enfin. Pour le Défi Lecture 2022, il me reste quatre catégories à valider, dont « lire un livre avec le mot "mais" ou un de ses homophones dans le titre ». Et dans mon immense pal, seul "Mais moi je vous aimais" correspondait. le but des défis, en ce qui me concerne en tout cas, étant justement de taper au maximum dans ma pal, me voilà donc à donner sa chance à ce roman qui attend d'être lu depuis très très longtemps.

Et si j'ai eu quelque peu du mal avec le style de narration, je ne regrette absolument pas cette lecture, globalement troublante.

Yann est un petit garçon dont l'esprit aura toujours sept ans alors que son corps grandira normalement. Instable émotionnellement, avec des angoisses excessives et un besoin constant d'amour, d'affection et d'attention, et avec un QI de 66, bien des qualificatifs lui sont attribués : idiot, imbécile, simple d'esprit, inadapté, fou, anormal. En termes officiels (de l'époque), il est ce que l'on appelle un "débile léger". À travers l'enfance de Yann, Gilbert Cesbron nous parle de ces enfants "abandonniques", que personne ne veut, refilés aux uns et aux autres, ballotés d'une institution à une autre (alors que peu adaptée à leurs troubles) : des enfants que personne ne veut aimer.

Aujourd'hui, bien des progrès ont vu le jour en ce qui concerne ces enfants, que ce soit au niveau des moyens, des diagnostics, des traitements (médicamenteux ou non), du soutien et des aides apportés à la famille, etc. Dans "Mais moi je vous aimais", les événements se déroulent de la fin des années 1970 au milieu des années 1980. Il faut donc tenir compte du contexte et des circonstances de l'époque, et de ses aprioris également.

Comme dit plus haut, j'ai eu quelques difficultés avec le style de l'auteur, pas toujours très "lisse", manquant de fluidité. J'ai ressenti également quelques lenteurs, dûes en partie à certains chapitres un peu trop longs. Mais ce qui m'a le plus dérangée, c'est de passer constamment de la conjugaison au passé à celle au présent alors que les événements sont relatés chronologiquement. C'est très déstabilisant.

En ce qui concerne les personnages, je n'ai absolument rien à reprocher à l'auteur. Ils sont scrupuleusement bien creusés, Yann particulièrement. Gilbert Cesbron a su évoquer et expliquer ses moindres ressentis et réactions comme s'il pouvait réellement se mettre à sa place (c'est en tout cas l'impression que j'ai eue tout au long de ma lecture). J'ai perçu et pu comprendre sa propre réalité. Les autres personnages, les plus importants pour Yann, sont également bien campés, comme le Pr. Quirinat, Jean-Louis Lerouville, Mme Jeanne, ou M. Benoît. L'auteur offre à son histoire une dimension psychologique non négligeable et très appréciable.

Quant à l'histoire en elle-même, malgré les longueurs, elle reste troublante et saisissante du début à la fin. Si l'auteur évoque souvent les notions de rejet et d'abandon, il n'en oublie pas pour autant celles de bonté, de bienveillance et de bienfaisance, et surtout d'amour. Elle se termine comme elle a commencé, telle une boucle bouclée. J'aurais préféré un autre dénouement, mais bon...

Pour résumer, même si je lui trouve quelques défauts, j'ai tout de même apprécié ce roman, qui aborde la psychiatrie infantile tout en sensibilité et humanité.
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Des enfants, il y en a dans tous les livres de Gilbert Cesbron. le premier roman écrit par l'auteur, en 1944 s'intitulait déjà « Les innocents de Paris » et racontait l'histoire d'une poignée de titis, de poulbots, d'enfants de la rue qui survivaient dans les quartiers déshérités de la capitale. le ton était donné à l'oeuvre : l'enfance ne quittera plus Gilbert Cesbron. Et ce titre : « Les innocents de Paris » est tout un programme » : l'enfance, c'est l'innocence. C'est la société qui, au fur et à mesure de l'évolution de l'enfant, le modèle, le sculpte, et parfois le pervertit. Vision rousseauiste, sans doute, mais transcendée par Cesbron avec cet élément capital qu'est l'amour, qui peut arriver à corriger, ou du moins atténuer, les vicissitudes de l'existence.
« Mais moi je vous aimais » en est la démonstration.
Yann est un petit garçon de sept ans au début de l'histoire. Il est comme on dit « un peu spécial ». Notre langue de bois d'aujourd'hui dirait avec cynisme et cruauté, tout en étant dans le vrai : « c'est un handicapé léger ». Nous sommes dans les années 70, la psychiatrie infantile avait fait quelques progrès depuis les fadas et les innocents de village, mais quand on n'était « pas comme les autres », on vous le faisait sentir. Yann l'apprend à ses dépens quand on le traite de tous les noms, oh gentiment, personne ne lui veut de mal, mais « c'est juste que… » Un seul homme lui accordera un regard différent, Jean-Louis. Mais la société des « gens normaux », des « neurotypiques » comme on dit chez les autistes, n'est pas prête à accueillir les gens « anormaux » (ça c'est le terme cru et abominable qu'on utilise couramment).
Le thème du roman, il est dans le titre : « Mais moi je vous aimais » : Il ne s'agit pas ici seulement d'un roman qui parle d'un cas particulier, d'un cas clinique : c'est un roman d'amour. L'amour impossible et immense qu'un petit garçon veut donner et que personne ne veut recevoir, ni même voir. le handicap de Yann n'est pas si profond qu'il empêche les sentiments, au contraire, il les amplifie et sa demande d'amour est infinie. D'autant plus que s'il demande de l'amour, il est également prêt à en donner. Des tonnes. Mais en face, les gens « normaux », « sages » « intelligents » ont décrété qu'il n'y avait rien à tirer de cette tête de bois, et surtout pas un sentiment quelconque : « le petit con » c'est ainsi qu'on l'appelle, sans méchanceté, mais sans affection.
Il n'y a qu'un autre assoiffé d'amour qui peut répondre. Mais est-ce suffisant. Les gens qui refusent de voir la vérité en face, ou de la voir différemment, sont contre eux. Mais au-delà d'eux il y a la machine à emboutir de Saint-Ex, l'Administration, le Règlement, la Loi, tout ce qui met les choses dans un ordre établi, en dehors duquel on est rejeté. Et cette machine-là, bien qu'elle soit animée par des hommes et des femmes, ne connaît pas l'amour. L'amour, la compréhension, le dialogue, la main tendue, ce sont des notions d'êtres humains (en principe) et pas des notions de machines…
Le drame de Yann est donc l'incompréhension : il aime tant et voudrait tant être aimé en retour. Mais l'incompréhension est également dans le cas d'en face, et se traduit de plus par le refus, par peur, par bêtise, par conformisme idiot… Et pourtant, il suffirait d'aimer…
Gilbert Cesbron est le romancier de l'enfance, de l'enfance malheureuse en particulier, c'est aussi le romancier du partage, de la compréhension mutuelle, de l'acceptation de la différence, et de l'amour.
Un roman certes, à replacer dans son époque (le suivi de tels enfants est beaucoup mieux assuré aujourd'hui, même s'il y a encore beaucoup de progrès à faire), un roman un peu daté par son style parfois appuyé (Cesbron sait être pathétique sans toutefois tomber dans le pathos), mais d'une force émotionnelle qui n'a pas pris une ride. Un roman qui ne peut laisser personne indifférent.

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Je l'ai lu quand j'avais 15-16 ans et je n'ai jamais eu besoin de le relire, car les images sont dans ma vidéothèque-mémoire-sensorielle personnelle.
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Ce roman n'est pas prêt de s'effacer de ma mémoire. Un choc, un coup de poing en pleine figure, et paf ! au tapis.
La vie de ce garçon (Yann) un peu simplet est une vraie odyssée. On suit son histoire avec avidité et on y croise des personnages attachants, d'autres peu reluisants, parfois hauts en couleur mais tellement réels. Comme dans la vraie vie.
Yann dérange la bonne société, pose souvent les bonnes questions et nous inonde de son amour inconditionnel. En plus il nous fait rire avec ses bons mots ratés et ses dictons foireux. On referme ce livre avec des questionnements sur notre vie, notre façon d'être, notre tolérance, le regard que nous portons sur les autres... Ce roman qui se déroule dans les années 70 est finalement intemporel, on peut s'y retrouver en 2021. Et dire qu'il dormait sur une étagère depuis plus de 40 ans sans que je pose la main dessus !
A lire absolument et à relire aussi.
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Yann a sept ans, c'est un enfant « pas comme les autres » car son esprit a arrêté de grandir. Il a été abandonné par sa mère et son père s'est suicidé. Yann va rencontrer et être adopté par Jean-Louis Lerouville dont on a greffé le coeur du père de Yann. C'est un enfant attachant qui ne recherche qu'une seule chose, être aimé comme l'a très bien compris son nouveau père adoptif. Mais ce bonheur n'est qu'éphémère et lorsque Jean-Louis Lerouville disparaît Yann va être transmis de mains en mains.
[...]
Yann est un enfant terriblement attachant par sa naïveté et sa quête d'amour. C'est un « gêneur » bouleversant et j'ai souvent eu les yeux humides en suivant son histoire pleines d'émotions...
Lien : http://aproposdelivres.canal..
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Beaucoup d'empathie et d'émotion à la lecture de la vie de ce petit Yann, qui aimait les gens à qui il était confié mais qui n'était pas ou peu ou mal aimé. C'est un livre "ancien" que j'ai trouvé dans une boîte à livre. J'avais aimé à l'adolescence la lecture obligée pour l'école de "c'est Mozart qu'on assassine". Et donc 40 ans plus tard j'ai pris beaucoup de plaisir à me plonger dans cette belle écriture de Cesbron. Est-ce parce que je travaille avec des enfants porteurs de handicaps que j'ai été tellement émue par le destin de ce petit bonhomme? En tout cas, la 4ème de couverture annonce une oeuvre bouleversante et je ne peux mieux dire, j'en ressors bouleversée et triste aussi
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"Mais moi je vous aimais" Préparez vous à ne jamais l'oublier : de 10 à 99 ans et plus

Il est des livres, comme cela que l'on n'oublies pas, des livres, qui si l'on a parle, refont leurs apparitions, avec les personnages qui nous ont touché, nous ressentons alors ceux que nous avons ressenti en fermant le livre, cette boule dans l'estomac.!!
- Mais moi, je vous aimais
- Quand, j'avais cinq ans, je m'ai tué!
- L'Emprunte de l'ange
...............
Des personnages que l'on a aimé et que l'on nous enlève, comme quelqu'un que l'on a aimé et qui passe le voile.
Les livres savent nous rappeler, des moments que nous avons vécu et qui nous reviennent en mémoire par l'intermédiaire d'un livre, non "d'un personnage
Ils est livres
L'Etranger --> assassins attachant, nous cherchons toujours à lui chercher des excuses!!!!
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Je ne sais pas si mon interprétation reflètera ce qu'il faut exactement comprendre de ce livre (je l'ai survolé, et je devrais le lire plus à fond), mais bon, j'essaie :
Il est dit de l'enfant qu'il serait un petit peu "attardé"... peut-être n'est-ce que l'effet d'un problème qui absorbe sa présence du monde apparent... peut-être est-il présent à autre chose, une ambiance, des détails pas tout à fait ad hoc dans sa vie.
Il me semble qu'il est pris en otage par des gens avec lesquels il développe une espèce de syndrome de Stockholm, et que lorsqu'on essaie de le sauver, il faut l'erreur de tuer un policier, ce qui le condamnera définitivement lui aussi.
On ne serait donc pas arrivé à le sauver. Mais était-ce possible en fait? Car si, parmi ceux qui viennent pour le sauver, il y en avait de la même sorte que ceux qui l'ont transformé en "otage", peut-être n'y avait-il réellement aucune solution pour lui dans ce monde. Qui sait?
Est-ce la raison pour laquelle son père roulait si vite sur la route ce soir-là avec l'enfant? et qu'il avait déjà prévu de donner son coeur? N'avait-il pas déjà compris peut-être, ou cru en tout cas, qu'il n'y avait aucun espoir pour eux? Que de tout de façon le chemin était sans issue?
Si c'est ainsi qu'il fallait le comprendre, ce roman, finalement l'enfant n'a peut-être pas été "arriéré" sur ce coup : sa fin n'a que été remise à plus tard, mais il n'a pas fini on ne sait de quelle manière sur la durée... en effet, quel aurait été son sort, avec l'étiquette "arriéré"?
Je comprends que beaucoup aient pleuré à sa mort : le désespoir du père, qui ne voyait pas de solutions au point de vouloir mourir avec l'enfant, un soir sur la route, les aurait donc atteint. C'est toujours poignant pour des sauveteurs de ne pas y arriver.
Mais ce roman, instructif ma foi, permettra sans doute d'arriver à comprendre comment à l'avenir en sauver d'autres? Il faut toujours laisser une petite lumière d'espoir même dans les heures les plus sombres ("you know it's darkest before the dawn, that helps me to keep moving on" à peu près ça, an old song by Pete Seeger).
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voilà un livre de 375 pages que j'aurais mis près d'une semaine à lire, je ne pouvais pas lire plus d'un ou 2 chapitres par jour sans avoir envie de faire une pause.Yann m'a rappelé une personnage trisomique "pierrot" et qui vivait à la maison de retraite où j'ai commencé à travailler à 20 ans, lui aussi était le coursier des anciens. Quel joli souvenir !
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