![]() |
D'un côté : François Saint-Réal est journaliste pour L'Indépendant. Il est fasciné et intrigué par celles et ceux qui s'engagent dans le jihad, qu'ils soient issus du monde arabe, de l'Europe ou particulièrement de la France. Il mène son enquête de Paris à Alep, en passant par Beyrouth. Ses articles reflètent cet intérêt et donnent à penser à la DGSI (lutte anti-terrorisme française) qu'il fait lui-même partie d'une mouvance islamiste. « Et Saint-Réal, partagé entre sa sensibilité d'Occidental agnostique et décadent, imprégné, malgré lui, de la croyance au caractère sacré de la vie, et sa trouble fascination pour la vitalité féroce des fous de Dieu, brûlait de rencontrer ces soldats d'Allah qui faisaient si bon marché de la vie des infidèles comme de la leur. » De l'autre : Deborah McRuari est analyste au GCHQ (renseignements britanniques). Depuis un an elle travaillait sur le phénomène de conversion et de radicalisation des femmes en Grande-Bretagne et est chargée d'une mission au sein de l'unité JTRIG (Joint Threat Research Intelligence Group) où l'éthique n'est plus de mise : traquer Saint Real ! J'ai eu du mal avec la longue partie où François Saint-Real cherche à s'identifier dans diverses philosophies tant ses idées et ses comportements sont antinomiques. Non pas parce que c'est mal écrit mais parce que je suis allergique à la philo ! François Saint Real et Deborah McRuari vont se retrouver sur l'île de Jura dans l'archipel des Hébrides intérieures en Ecosse, île dépeuplée surnommée « Ile du dernier homme » où Georges Orwell avait séjourné à la fin de sa vie et y avait écrit 1984. Bruno de Cessole donne à penser qu'il est fan de Georges Orwell et semble bien connaître sa vie. Savoir qu'il partage avec nous au travers de ses personnages. Il a semble-t-il beaucoup de savoir sur notre société et ses travers. Le style est très fluide quand il s'agit d'aborder le sujet des terroristes islamistes, leurs idées et leurs exactions. L'auteur ne donne pas dans le voyeurisme et ne cherche pas à choquer le lecteur, il constate et décrit ce qui est avéré ! Globalement j'ai beaucoup aimé ce livre et il m'a fait passer par pas mal d'émotions. Il est difficile de rester de marbre devant le sujet abordé même si la partie roman-thriller est bien présente et sort le livre de l'ornière rébarbative que pourrait avoir le côté géo-politique. Je recommande sa lecture car tout en étant très au fait de notre époque et sans concession face à nos sociétés contemporaines, il est rédigé comme un roman et donc d'abord facile. DÉFI RENTRÉE LITTÉRAIRE 2019 CHALLENGE ABC 2019/2020 + Lire la suite |
L'émission intégrale : https://www.web-tv-culture.com/emission/bruno-de-cessole-l-ile-du-dernier-homme-51589.html
Passionné à la fois d?histoire et de littérature, Bruno de Cessole se voyait enseignant. Il deviendra finalement journaliste en presse écrite, son nom apparaissant dans les pages du Figaro, de L?Express, du Point ou de Valeurs actuelles. Il fut également directeur de la Revue des Deux-mondes.
Portant un regard sans complaisance sur notre monde, Bruno de Cessole écrit pour témoigner, transmettre, inviter à la réflexion. Amoureux de la langue, il ne cède rien à la facilité, sûr que le choix des mots et la construction des phrases contribuent à la portée du message. A ce titre, il a été primé par l?Académie française pour l?ensemble de son ?uvre.
Exigeant dans ses choix littéraires, Bruno de Cessole a mis longtemps avant de publier le roman qu?il avait glissé dans un tiroir. En 2008, sort « L?heure de la fermeture dans les jardins d?Occident », évoquant à la fois la littérature et la philosophie à travers le regard d?un étudiant désabusé. L?année suivante, dans un roman épistolaire sur la psychologie de l?amour maternel, il raconte le destin de Charles de Sévigné, fils mal aimé de la célèbre marquise.
Dix ans plus tard, Bruno de Cessole revient en librairie dans un autre registre, avec « L?île du dernier homme ». Voici François St Réal, c?est un journaliste d?aujourd?hui. Il a roulé sa bosse dans tous les pays du monde dont le chaos s?est emparé. Enquêtant sur la radicalisation islamiste, il éprouve une étrange fascination pour ces hommes et ces femmes qui mettent le monde à feu et à sang au nom de dieu. A tel point que les services secrets français et britanniques s?intéressent à lui. En Angleterre, Deborah McRuari est même chargée de suivre ses moindres faits et gestes. Dès lors, la vie de St Real ne sera plus qu?une longue fuite en avant le menant jusqu?à une île du bout du monde battu par les vents où notre héros cherchera à se retrouver lui-même. A travers ce personnage à la fois cynique et désabusé, lumineux et tragique, Bruno de Cessole nous offre un instantané saisissant et glacé de notre époque contemporaine où liberté et sécurité ont perdu tout sens.
Portée par une écriture travaillée mais rythmée, glissant de nombreuses références littéraires au fil du récit, Bruno de Cessole offre ici un formidable livre, à la fois thriller politique, roman d?espionnage, polar sociétal et réflexion sur nos sociétés.
« L?île du dernier homme » de Bruno de Cessole est publié chez Albin Michel.