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EAN : 9782752604774
142 pages
L'Aube (07/05/2008)
3.46/5   13 notes
Résumé :
Toute une vie invisible… C’est dans son grand âge que cette grand-mère adorée choisit de partager son secret et de transmettre « l’inoubliable ».
« Mes enfants, n’ayez pas peur des morts, ils ne peuvent pas vous faire de mal. Le mal vient toujours des vivants, pas des morts », disait Héranouche Gadarian devenue Seher, la grand-mère de Fethiye Çetin qui écrit ce livre pour « créer une brèche dans le mur et permettre l’écoute, pour ouvrir le cœur et la conscie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
"les restes de l'épée"...terrible surnom. Terrible silence. Effroyable douleur. Iels sont des enfants survivants du génocide arménien de 1915. Ils ont survécu aux massacres, à la grande marche. Iels furent enlevé.es, arraché.e.s à leurs parents pour être adoptés de force par des familles de soldats turcs. Iels sont des "arméniens secrets". Forçé.e. s à changer de prénom, de nom, d'identité, de religion. Fethiye Çetin, témoigne au nom des siens. C'est à travers le récit de la vie de sa grand mère, qui lui a révélé très tardivement son lourd et terrible secret, que nous découvrons ce traumatisme qui a impacté, et impacte encore la vie, la mémoire de millions d'hommes et de femmes. Anéantir par l'épée, anéantir les corps, la mémoire, la culture. Décidément les monstres opèrent toujours de la même façon. Avec la même rage. Un témoignage bouleversant.

Astrid Shriqui Garain
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Ils sont appelés de façon macabre les "restes de l'épée", ces "Arméniens secrets", rescapés des massacres, très souvent des enfants qui furent sauvés et adoptés par des familles turques pendant le génocide de 1915. Entièrement assimilés, ayant changé de prénom, de religion, de langue, éloignés de force d'éventuels autres membres survivants de leur famille, ils ont pour la plupart farouchement dissimulé leur identité de naissance, parfois même l'ont-ils refoulée. (Les marranes sont-ils condamnés à se sentir et à être perçus comme doublement traîtres... ?)
Pour des raisons opposées, les Turcs et les Arméniens en minimisent le nombre voire en nient l'existence : ils sont pourtant beaucoup plus nombreux qu'on ne le sait ou le pense, ces anciens Arméniens qui sont restés sur leurs terres. Et Hrant Dink d'appeler de ses voeux témoignages et recherches sur ces amnésiques forcés qui constituent forcément un aspect essentiel - et gênant - de la question du génocide.
Mais le fait est que ce sont les petits-enfants, les adultes d'aujourd'hui, qui ont parfois redécouvert les premiers ce passé occulté comme un secret de famille honteux ; souvent cette découverte est intervenue de façon totalement fortuite, quitte à être extorquée de la bouche d'un aïeul encore récalcitrant. Elle survient comme la déflagration d'un secret révélé, entraînant son lot d'interrogations identitaires sur soi-même et de curiosité généalogique - l'une n'allant pas sans l'autre.
Ainsi pour Fethiye Cetin, avocate célèbre, victime elle-même de la junte militaire (coup d'État de 1980), qui nourrissait déjà des rapports privilégiés avec sa grand-mère maternelle. du témoignage de celle-ci - à ma connaissance le premier publié sur ces personnes mais qui aura des répercussions importantes (cf. ma prochaine note) - ressort un récit biographique qui fait de cette grand-mère une héroïne de conte d'enfant, un personnage d'hagiographie, un objet de cet amour immense que l'on peut éprouver parfois pour sa grand-mère.
Les mémoires sont loin de se limiter à l'histoire des massacres : jusqu'à la moitié du récit, on ne s'en doute presque même pas... La longue vie d'Heranus, naturellement, ne s'arrête pas là, et le récit ne se termine pas même avec son décès. Celui-ci constitue, en effet, une étrange occasion permettant de renouveler les liens entre ses descendants et la branche de la famille qui s'était établie aux États-Unis dès 1910.
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Fethiye Çetin découvre lors des funérailles de sa grand-mère que celle-ci ne s'appellait pas Seher. Il y a longtemps, c'était une fillette qui se prénommait Heranus, un prénom arménien. Alors, elle comprend tardivement que sa famille a été victime du génocide en 1915. Fuyant leur village qui avait été pillé, l'enfant a été séparée de sa mère, puis adoptée comme une servante par une famille turque. Ce fut le destin de nombreux enfants comme elle, et ce récit a été important pour beaucoup de Turcs qui ont réalisé quelle était leur origine ainsi que l'horreur vécue par leurs familles arméniennes.
Le portrait de la grand-mère est un témoignage chargé d'émotion. Mais il était temps pour l'auteur avocate militante de partager le secret de son peuple.

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Ce récit de Fethiye Çetin aborde non seulement un secret familial, mais aussi tout un pan de l'histoire turque toujours occulté par les autorités et une partie de la population : la tragédie arménienne de 1915. Chronique sensible d'une enfance pleine de tendresse quand l'auteure évoque sa grand-mère, le récit se fait poignant quand il s'attache à retracer avec beaucoup de pudeur et de délicatesse le drame vécu par de nombreuses femmes arméniennes. J'ai conservé un souvenir très vif de cette lecture car le livre de Fethiye Çetin fait la preuve qu'il est vain de tricher avec L Histoire et la réalité. le chemin du coeur est encore la meilleure voie à suivre quand le bâillon du silence étrangle le passé.
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Alors qu'elle était déjà adulte, Fethiye Cetin a découvert que sa grand-mère était une rescapée du génocide des Arméniens. Quand elle était petite elle a été enlevée, lors d'une marche de la mort, par un gendarme turc à qui elle avait plu. Il n'avait pas d'enfant et l'éleva comme sa fille. Sa femme par contre la considérait comme une servante. Elle changea de nom, de religion et épousa plus tard un neveu de ses parents adoptifs.

Ce livre est un hommage de Fethiye Cetin à une grand-mère dont elle était très proche, qui l'a en partie élevée après la mort de son père. Il est fait des souvenirs que cette femme avait tus et qu'elle a commencé à raconter à sa petite-fille peu avant sa mort. Ce sont souvent des impressions, des images de la vie quotidienne qui essaient de redonner corps à ce qui a disparu. Cela m'a fait penser à des choses que j'ai lu sur la vie des Juifs en Europe centrale avant la seconde guerre mondiale.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Elle voulait lever le rideau du secret, se débarrasser du fardeau qu’elle avait dû porter seule, mais elle avait peur que ses secrets puissent me mettre en danger. Je compris que ma grand-mère voulait me protéger.
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