La coke aussi est bien présente à Bastille. Ses usagers les plus notoires sont les bobos trentenaires qui taffent dans le marketing et le développement web. Essorés par le travail, démantibulés par des rythmes de bâtard et une pression managériale soi-disant bienveillante mais en réalité d'inspiration 3ème Reich, ils n'ont plus qu'une envie le soir venu : faire la fête!
Sa foulée était saccadée, ses jambes désynchronisées. Elle allait comme si le sol était couvert de braises et que le moindre pas lui brûlait violemment la plante des pieds.
Dehors, plus d'étoiles dorées. Juste une impression noire. Le soleil était devenu atroce. Il y avait du vent, lui aussi atroce. La moindre brise me faisait l'effet d'une coupure. Et les gens angoissants.
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Barbès me faisait horreur. Ce quartier puait la défaite et la mort .
C'était un genre de verrue .
[...] Les façades des immeubles semblaient s'effondrer sur les trottoirs , on étouffait .
Et les gens ne marchaient pas , ils erraient , traînaient .
Ils se posaient des heures et vous observaient .
Un blanc est un étranger .
Le béton était sale , les odeurs serraient la gorge .
Ce quartier faisait penser à l'intérieur d'une bête .
La bête était mal , crasseuse , inquiétante .
On y sentait la maladie .
Des microbes s'installaient , s'épanouissaient , ils proliféraient .
La rue était malade .
Cloquée , mitée , tu voyais ses vieilles veines à travers , tu voyais les gens , tu les entendais penser.
Pensées négatives .
Des pensées qui te tournaient autour .
Des bourdonnements . Des provocations . Des insultes .
[...] Plein jour mais c'est comme noir .
[...] Je détestais Barbès . Il y avait cette violence sourde .
Une violence de pauvreté et de jalousie .
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Au printemps, Paris est une ville intéressante. Elle s'active comme une ruche. Les gens sortent davantage de chez eux. Il y a une meilleure odeur dans les rues. C'est l'odeur de la nature qui reprend un peu ses droits.
Si t'as jamais fumé de crack, je t'explique à partir d'une notion que tu peux envisager : la cocaïne. Après avoir "chassé le dragon", les sniffeurs de coke vivent une montée intense. Ils sont youuuuupiiiii, motivés, excités. Ils grimpent dans les tours.
Mais fais chier moi j'angoisse je vois que du brouillard dans l'avenir on dirait que personne ne fait attention. Sans pognon que des idées noires et à quoi bon passer des jours comme un zombie à craindre que les poches soient vides.
Victoria était nymphomane. Elle essayait d'oublier en baisant. mais ça n'avait visiblement pas super bien marché. Elle détestait grandir. Elle détestait le temps qui passe.
J'adorais cet état d'épuisement toxique. Il est rare à obtenir.
Il faisait beau à Paris. On était fin mai. Petit vent chaud. j'avais marché des heures car je voulais épuiser l'angoisse du crack. Ca allait mieux mais j'étais épuisé. Je me trouvais place de la bastille. Devant mes yeux ça flottait un genre de petites étoiles.