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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans le grand Nord, il y a de quoi le perdre.

Région du Klondike, en plein hiver canadien.
Un homme et son chien, seuls au monde, tentent de réintégrer le camp salvateur.
Température intérieure : 37°2, le matin.
Température extérieure : - 60°.
L'homme semble insensible à la morsure du froid, confiant en sa capacité de survie. Quelques allumettes pour tout bagage, pas de quoi paniquer.
Pétri de certitudes, voire adepte forcené de la méthode Coué, l'homme n'imagine pas un seul instant avoir à baisser les bras face à cette nature incroyablement hostile.
Seulement voilà, entre la théorie et la pratique, il y a bien souvent un monde de souffrances de différence.

Du Chabouté pur jus.
Il adapte ici librement une nouvelle de Jack London en s'appuyant sur un graphisme d'une maîtrise hallucinante et une trame au déroulé implacable.
Jouant habilement sur des ressorts dramatiques aux effets saisissants, Chabouté parvient à vous faire ressentir le calvaire de cet homme en vous immergeant corps et âme dans ses pensées les plus profondes.
Tout y est. L'espoir, le déni, le doute, l'abandon. Autant de sentiments successifs illustrant parfaitement l'humeur du moment.
Construire Un Feu est juste un petit bijou graphique et narratif.

Et puis, dans ces terribles immensités à la blancheur d'albâtre, tout comme dans l'espace, personne ne vous entendra crier...


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Le titre s'étale en rouge sang sur le blanc immaculé de la couverture. On se doute, déjà, que cela ne finira probablement pas très bien, que la neige emportera tout sur son passage.
L'histoire tient en une ligne : un homme et son chien avancent avec grande peine quelque part dans le Grand Nord. Au nord, au sud, à l'est, à l'ouest, des kilomètres de neige d'où s'élèvent parfois quelques arbres uniquement représentés ici que comme des ombres menaçantes.

L'homme n'est pas perdu mais le parcours est incertain. Et surtout il fait froid. Très froid.
C'est que l'homme est vaniteux. C'est un guerrier, un aventurier à la recherche d'or et de réponses. Il a le corps résistant et compte bien rejoindre ses compagnons qui l'attendent plus loin comme il entend prouver sa force et son courage. le froid est un douleur dont on peut faire abstraction. Il suffit d'avancer.

Alors, il avance, jambes engourdies mais front relevé sous sa capuche de fortune, suivi de près par un chien dont le pelage se confond avec la neige qui l'entoure. Il a, lui, le museau bas malgré son pelage polaire et son habitude des basses températures. Un chien, ça suit son maître. Quoi qu'il en coûte. Même si lui en sait le prix…

Alors je n'ai pas (encore) lu la nouvelle de Jack London d'où est tirée cette bande dessinée de Chabouté. Je ne sais pas quel sens voulait donner London à cette histoire et me garderai donc de juger de la fidélité de la bd à l'égard de l'oeuvre originale, même s'il n'est pas improbable qu'un prochain billet lui soit consacré…Pas tant pour une quelconque passion pour le thème connu et même usé de l'homme contre la nature (je n'ai pas tellement aimé, voyez-vous, le pourtant très apprécié Into the Wild) mais parce qu'après le silence imposé par cette version, la voir sous l'angle de la plume riche de London peut être un exercice intéressant (que l'on propose d'ailleurs ici, dans le forum de Babelio).

A la plume de London, on a préféré s'intéresser d'abord au crayon de Chabouté. Inutile de revenir trop longtemps sur ce point, le dessin est superbe. On sent vivre cette contrée sauvage, on la sent respirer. On grelotte en même temps que le personnage et l'on craint comme lui de tomber dans une embûche en forme de cours d'eau ou de fausse-piste. le blanc comme le noir sont travaillés à la perfection. Il s'agit d'un blanc éminemment profond, d'un noir terriblement menaçant et au milieu de tout ça uniquement d'un homme, tout de gris vêtu. Imaginez un peu alors le sentiment de joie retrouvée quand soudainement jaillit le rouge d'une maigre flamme…

La réussite de ce bande dessinée ne vient pourtant pas tant du dessin que d'un élément qui fait de Chabouté un véritable auteur : la voix-off; cette voix qui flotte entre les pages.

J'ai lu ailleurs que la présence de ce texte dérangeait certains lecteurs qui auraient préféré un silence absolu. Question d'audace de l'auteur et d'originalité de l'oeuvre. Il est possible que sans celle-ci l'ouvrage aurait effectivement gagné en originalité mais pour perdre certainement, je pense, en profondeur. J'ai ressenti la même chose en lisant ces phrases écrites à la deuxième personne qu'en écoutant Avalanche, la terrible chanson de Leonard Cohen qui comporte de nombreux points commun avec Construire un feu et dont je vous invite vivement à lire les paroles, reproduites ci-dessous. Tout comme dans la bd de Chabouté, il est question d'une âme qui se confond avec un monstre vêtu de son manteau de neige. On ne sait plus qui est le « je » ou le « tu » en question :

« Well I stepped into an avalanche,
it covered up my soul;
when I am not this hunchback that you see,
I sleep beneath the golden hill.
You who wish to conquer pain,
you must learn, learn to serve me well.

You strike my side by accident
as you go down for your gold.
The cripple here that you clothe and feed
is neither starved nor cold;
he does not ask for your company,
not at the centre, the centre of the world… »

Ce qui, si l'on s'en tient à la sublime version de Jean-Louis Murat, donne à peu près ceci en français, :

« J'ai été pris dans l'avalanche
J'y ai perdu mon âme
Quand je ne suis plus ce monstre qui te fascine
Je vis sous l'or des collines
Toi qui veux vaincre la douleur
Tu dois apprendre à me servir

Le hasard t'a conduit vers moi
Pauvre chercheur d'or
Mais ce monstre que tu as recueilli
Ignore la faim ignore le froid
Il ne recherche pas ta compagnie
Même ici au coeur du monde… »

Je parie que Chabouté a lui aussi, comme Murat et comme d'autres, été secoué par cette chanson et a utilisé un peu de ses ingrédients dans son histoire. On ne sait jamais vraiment à qui cette voix appartient. Elle rythme idéalement le récit et ne masque nullement le silence pesant des lieux. Page 32, alors que le personnage crie pour réveiller son chien, aucun bruit, aucun son, aucune bulle ne sort ni n'apparait dans la case. le texte qu'on lit n'est pas tout à fait, est-on ainsi prévenu, la voix du personnage. le texte est un accès distancié à ses pensées. Si l'homme semble arrogant, la voix se veut méfiante, pafois distante ; s'il semble se perdre elle redevient rassurante. A moins bien sûr qu'elle ne soit neutre et que le lecteur ne l'interprète selon la façon dont il juge les actions et la destinée de l'homme. Car c'est bien de cela dont il s'agit au final, du jugement de cet homme. Et cette voix en est l'écho. Est-ce lui-même le juge, ces contrées sauvages, ou le lecteur ? probablement un peu des trois. N'oublions pas que cet homme là est venu se mesurer à plus fort que lui : « Ces vieux ne sont que des femmelettes… Il suffit tout bonnement de ne pas perdre la tête… un homme… un vrai !… peut voyager seul dans le Klondike… » (p.44) Cette phrase prend tout son sens quelques secondes, quelques pages plus tard quand survient un évènement dont nous ne dirons mot mais qui scellera la destinée du personnage…

Magnifique bande-dessinée, en somme, que cette adaptation de Construire un feu. L'approche du thème en bande dessine de l'homme contre la nature est magnifiée par une écriture sublime et un coup de crayon tout à fait convaincant.
Lien : http://beatcafeclub.com/blog..
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Vautrée sur mon canapé, à côté du poêle qui crépite..... Construire un feu..... Ben je sais faire, là, dans cette boite d'acier dans mon salon.
Mais, ca ne m'a pas empêcher de sentir ce froid glacial, intense au milieu de ces forêts canadiennes. Je frissonais en lisant. Les paysages sont grandioses, mais cet homme là au milieu imbu de lui même, fait un peu tâche dans le décor. J'ai eu froid avec lui mais pourtant il m'agace, à d'imaginer que lui sera meilleur que les autres.
Encore une BD qui me donne très envie de découvrir l'oeuvre originale.
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Une BD qui complète parfaitement la lecture de Construire un feu de Jack London.
Le dessin est magnifique et l'expression du froid très bien réalisée.
Le noir et blanc seulement rehaussé par le rouge du feu sied parfaitement au scénario.
Seul petit bémol sa lecture est trop rapide.
Pour ma première incursion dans l'oeuvre de Chabouté je suis donc conquise.
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Magistrale, cette interprétation de la célèbre oeuvre de Jack London (qui inspire beaucoup de dessinateurs). Cette scène, on l'étudie souvent à l'école, elle nous relie à nos pires souvenirs de froid. Nous on a toujours eu un endroit pour s'abriter, une sécurité quelque part. mais là en cette fin de XIXème siècle au fin fond du Yukon, la fièvre de l'or ne suffit pas à réchauffer, l'hiver avec ses - 45° est plus fort. Et quand on est seul, on a pas le droit à l'erreur, ni à une faute de jugement, tout compte... pour la survie.
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Ouvrons aujourd'hui une bande dessinée. En opposition complète avec les journées que nous passons en ce moment, elle nous emmène en Alaska, dans la région du Klondike prisée des chercheurs d'or au début du XXe siècle. Dépaysement garanti !
En plein hiver, avec une température qui descend au-dessous des moins quarante degrés, un homme a décidé, contre les conseils de ceux qui connaissent bien la région, de rejoindre seul, avec son chien, le camp où il retrouvera ses camarades prospecteurs. Une journée lui suffira, mais sur une piste incertaine, avec certains endroits dangereux où l'eau coule encore sous la neige amoncelée. Il a un peu de nourriture et une boîte d'allumettes, il est chaudement vêtu, mais regrette vite de ne rien avoir pour couvrir ses joues et son nez.
Les dessins superbes, pas tout à fait du noir et blanc, mais plutôt du bistre et blanc, rendent bien le paysage du Klondike, et la trogne du chercheur d'or, plein de certitudes et de conviction dans sa supériorité sur la nature. le texte, qui n'est pas celui de London, mais un monologue intérieur, alors que la nouvelle est racontée à la troisième personne, n'a rien à envier à son modèle. Il fait monter la tension, le chercheur d'or passant de l'assurance un peu fanfaronne à l'inquiétude, à la peur, puis à la résignation. le chien, avec lequel il n'a jamais vraiment entretenu de relation chaleureuse, le suit en ayant conscience du froid extrême et en attendant que l'homme élabore enfin un feu pour qu'ils se réchauffent au moins un peu avant de repartir.
Chaque péripétie du voyage prend par ce froid des proportions extrêmes, et à chaque pas, le dessin accompagne, et rend compte des conditions inhumaines.
J'avais lu une autre bande dessinée de Chabouté, Tout seul, dans un monde totalement différent, mais aussi sur le thème de la solitude, et tout aussi marquante ! À lire quand vous en aurez l'occasion.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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J'ai lu la nouvelle de London, il n'y a pas très longtemps et j'avais déjà été subjuguée.

Lorsque j'ai trouvé cette BD à la médiathèque, je me suis jetée dessus. Chabouté, depuis ma découverte de Tout seul fait partie de mes chouchous !


Ne tergiversons pas, cette BD est une vraie réussite.

Le dessin sobre et efficace est d'une implacable beauté. Seul le feu est très coloré dans un décor entre brun et blanc.

Le scénario est bien mené, la montée progressive de la tension fait du froid un personnage à part entière.

L'emploi de la seconde personne du singulier, ce « tu » comme la voix de la conscience, à la fois, moralisateur, et juge, a un effet percutant. J'ai beaucoup apprécié !

Chabouté s'est réapproprié le texte, il n'a pas utilisé le texte original et il a bien fait ! Ce qu'il a réalisé est presque plus fort que la nouvelle de Jack London. Son texte épuré épouse parfaitement son dessin.


Lien : https://krolfranca.wordpress..
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Encore un bel album de Chabouté, ce n'est plus la mer de "Tout seul" et "Terres Neuvas" mais les étendues blanches du Klondyke, par -60°C, elles sont angoissantes. L'espace est sans fin, le paysage est dépouillé, tout est uniformément blanc, tout est silence. Nous suivons la marche d'un homme et son chien loup qui tente de rejoindre ses compagnons…, et Jack London affirme la chose suivante : «Un homme ne peut voyager seul dans le Klondike par moins trente en dessous de zéro» Tout au long du livre, nous allons assister à ce semblant de huis-clos dans ce désert blanc, froid et hostile. La marche de cet homme est douloureuse, la progression est difficile et les embûches sont nombreuses. le dessin de Chabouté n'est pas purement noir et blanc comme souvent, ici, il utilise un peu de couleur (en particulier lorsqu'il dessine le feu !). J'ai vraiment beaucoup aimé ce périple au milieu du grand nord, c'est un dépaysement total. A découvrir sans hésitation !
Lien : http://aproposdelivres.canal..
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Un homme, un chien. le froid qui tue et le feu qui sauve. le silence et le blanc des étendues neigeuses du Yukon. Et une voix, cette voix extérieure qui commente, observe, conseille, raille parfois ; une voix qui oscille entre neutralité et pitié, et dont on ne sait au juste si elle est la parole intérieure d'un homme qui n'a d'autre interlocuteur que lui-même, ou la commentatrice détachée de ce combat pour la survie entre le marcheur et la nature glacée...

Le dessinateur Chabouté nous offre ici une adaptation saisissante de la nouvelle de Jack London. L'histoire est aussi dépouillée que les couleurs utilisées, la tache humaine brune perdue au milieu d'un écrasant duo de bois sombre et de blanc de neige - forces de la nature bousculées en de rares moments par les chaudes couleurs du feu de bois. L'ensemble est d'une beauté terrible, et fait honneur à l'oeuvre de l'auteur de Croc-Blanc, vraiment.
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Homme VS Nature !
C'est ainsi que pourrait se résumer le scénario de cet album très graphique et cinématographique.

Fin XIXème siècle, c'est l'époque de la ruée vers l'or. Les hommes se dirigent vers de nouveaux gisements dans le Grand Nord canadien, plus précisément dans le Klondike, près de l'Alaska. Un homme sans identité est pris sur le vif, il marche sur une piste avec son chien pour rejoindre un camp d'orpailleurs, espérant qu'au bout du chemin sera la fortune tant espérée. Il est confiant, trop confiant...malgré son inexpérience.

La bande dessinée place ces deux adversaires face à face. Mais dès le début, on comprend la dimension tragique de cette histoire.
Le paysage occupe intégralement les premières planches. le décor est un personnage à part entière, le plus important. A la fois beauté et danger. Un désert de glace comme un piège mortel.
L'homme, sans préparation, sans matériel, est inconscient, désinvolte et irréfléchi. Minuscule face à cette étendue glaciale. Ce qui est mis en lumière, c'est son orgueil, l'hybris des tragédies classiques qui mène à une fin inéluctable.
Le combat est celui d'un moucheron dans une tempête glacée, perdu d'avance.

L'ouvrage offre de magnifiques dessins quasiment en noir et blanc, et extrêmement réalistes. Seul le feu qui pourrait sauver le voyageur solitaire prend des couleurs chaudes dans cet univers au delà des -50°C. Même si l'issue n'est pas une surprise, le lecteur est transporté dans ces paysages vierges et froids. Il y est littéralement propulsé et se retrouve happé par la tension dramatique de cette lutte inégale.

Cette bande dessinée très sobre mais aux dessins léchés s'appuie sur une nouvelle de Jack London, To Build a fire. En fait, il en existe deux versions. La première de 1902 donne une leçon au voyageur qui s'en sort. C'est la deuxième version de 1908, sombre et cruelle, que choisit Christophe Chabouté. Ecrite dans la même décennie que L'appel de la forêt et Croc-Blanc, elle met en évidence une fascination certaine pour la nature magnifique des grands espaces, sa domination et sa force.

De là, on comprend aisément l'écho aux questions environnementales actuelles. L''homme n'est rien face à la nature. Et pourtant, il cherche avec présomption à la dompter, à l'utiliser, et finit par la détruire. Et légitimement, la nature se rebelle, devenant même meurtrière. L'album est un plaidoyer pour la préservation de cette nature, belle et sauvage, indispensable à la survie de l'homme qui doit la respecter.

Pour un jeune public, c'est un outil pédagogique et éducatif plus qu'intéressant. Il sensibilise aux préoccupations écologiques, ouvrant même la voie à des interrogations philosophiques. Il peut être complété par le court-métrage de FX Goby (petit frère de Valentine Goby, autrice de Kinderzimmer), lui-même adaptation animée de cet album.


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