Cette fois-ci,
Chabouté nous emmène à New-York, son personnage, cinéaste, décide de s'immerger dans la vie d'un chauffeur de taxi pour trouver l'inspiration. C'est une occasion de nous faire découvrir un New-York très ancré dans la réalité, par ses journées pleines d'une vie mouvementée, trépidante et pourtant monotone. le graphisme est tout en contrastes secs et durs, sans nuances, tout en finesse de détails et en lumières agressives, cinglant,
Chabouté excelle dans sa technique, mais s'éloigne de la nature très présente dans ses autres oeuvres. Il nous dépeint un monde artificiel, très citadin. J'ai été enchanté par cet aspect.
Par contre je suis un peu moins convaincu par le scénario, qui joue entre le reportage et le roman, celui que le héros souhaite écrire et l'histoire même de cet écrivain chauffeur de taxi, une sorte de mise en abyme inversée ou de récits gigognes, mais son aspect “prétexte” est un peu trop gros. C'est un détail qui n'altère pas la qualité de la description de New-York, mais qui n'apporte pas non plus un intérêt supplémentaire. La pirouette finale
(il ne va pas écrire l'histoire qu'il imaginait) est un effet un peu forcé et téléphoné et n'était pas nécessaire, ça ne m'a malheureusement pas touché. Associé au reportage sur la façon de devenir chauffeur de taxi, les portraits des différents passagers sont bien plus forts et racontent bien plus, comme dans “
Un peu de bois et d'acier”. Et les mots deviennent parfois superflus, les regards fiers ou baissés, leur intensité en contrastes, les silhouettes des taxis, les vues générales de rues... c'était déjà suffisant.
Ce n'est pas parfait, mais c'est tout de même une belle lecture que je vous conseille vivement.