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EAN : 9788466317726
128 pages
Punto de Lectura, S.L. (01/09/2007)
5/5   2 notes
Résumé :
« Amoureuse et maltraitée, Prudencia est dans une situation d’abandon absolu. Privée de son identité, elle est convertie en un être vivant pour les autres, confrontée au fait qu’elle s’est trompée, en renonçant à tout pour maintenir sur les flots un mariage infidèle et chargé de solitudes, de tristesses et de frustrations. Face au dénouement imminent, et après avoir rassemblé toutes les ombres de son passé, elle décide de prendre la fuite, vers un futur incertain… »... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Que dire, que dire, que dire… Sinon que ce livre est superbe. Et qu'il faudrait le lire une deuxième fois pour réellement tout comprendre. Car la prose de Chacon est véritablement magnifique, mais aussi l'histoire mérite un approfondissement, lorsqu'on à découvert le véritable jeu de la narration. Un livre sublime.

Le livre nous raconte l'histoire de Prudencia (en français : Prudence, ce qui peut amener à réflechir), jeune femme amoureuse juste mariée avec l'homme qu'elle aime. Elle vit avec lui une idylle, jusqu'au jour ou son beau-père meurt. La belle mère, se retrouvant seule, commence alors à manger tous les jours avec son fils, lequel est le mari de Prudencia. Et à partir de la, le livre porte un premier coup : Prudencia se retrouve seule à manger tous les jours. Etant donné qu'elle ne travaille pas, elle se retrouve à regarder par la fenêtre les passants, en rêvant. En se disant que peut être un jour elle pourrait être l'un d'eux, marcher au dehors, flaner, être libre.

Car sa vie est loin d'être une vie libre. C'est une jeune femme enfermée et renfermée que l'on découvre. Prudencia rêve de sortir, rêve de parler à son mari, mais elle ne le fait pas. Lorsqu'elle le fait, celui ci se met en colère et la frappe. Elle est un personnage troublant car elle est coincée dans sa propre histoire d'amour, et la narration à la troisième personne donne l'impression que son histoire, bien que connue par ses amies, ne les intéresse pas. le lecteur se pose donc sans cesse la question : pourquoi personne ne l'aide ? Question qui ne sera éludée qu'à la fin.

Prudencia est aussi une référence à l'un des problèmes majeurs des femmes : sommes nous des femmes ou des mères ? Peut on faire coïncider les deux ? Dans le cas de la protagoniste, elle est dans l'incapacité de donner un enfant à son mari, raison pour laquelle il la trompera avec une autre femme. Prudencia est donc une femme coincée (d'où l'idée d'une sorte de maison-prison dans laquelle elle reste chaque jour), à la fois chez elle, mais aussi dans une situation de femme, objet du désir de l'homme, mais pas d'un amour respectueux. Or, la question peut aussi être : pourquoi ne peut on pas posséder cet amour sans être une mère ? En quoi porter sa progéniture change-t-il à ce point le regard d'un homme ? (Le problème est aussi le même pour le mamans : pourquoi n'ont elle pas droit au regard d'amour qu'un homme porte à une femme, et pas forcément à la porteuse de son enfant ?).

Ainsi, le deuxième coup est porté à la jeune femme quand elle découvre que l'amante en question a pu donner un fils à son mari. Prudencia, à partir de là, s'enfonce profondément dans une spirale de la douleur, un cercle vicieux, car elle n'a plus aucune attache ni raison de vivre. Que faire face à un homme qui la bat et qui refuse de la laisser sortir, travailler ? (« Mi mujer no trabaja » dit-il d'ailleurs). A ce stade là du livre, on se retrouve coincé entre trois narrations différentes : une voix qui semble extérieure et qui parle à Prudencia, tout en racontant une histoire étrangement proche de celle de Prudencia; la narration de l'histoire de Prudencia; et les lettres de l'amante au mari de Prudencia.

Un épisode marquant et définitivement symbolique des violences conjugales, mais aussi un indice quant à la destinée de Prudencia est l'épisode du chien. le mari de Prudencia lui a interdit de lui offrir un cadeau d'anniversaire, mais le jour de son anniversaire, celui-ci ramène un chien soi-disant offert par sa mère. Prudencia en tombe amoureuse, avant de découvrir que c'est son amante qui le lui a offert. Elle veut alors se débarrasser du chien. Un beau jour, le chien avale des pillules, des médicaments, et tombe malade. Prise de panique et voulant le sauver, Prudencia fait ce qu'elle peut, mais le chien finit par mourrir. Cette scène très symbolique nous montre une allégorie de la lutte pour la vie : le chien représente Prudencia face au monde cruel, et Prudencia cherche à le sauver, en vain. C'est une scène qui nous indique, alors que on ne le remarque pas car entrainés par le livre, que la chute de Prudencia est inévitable.

Il y a énormément de scènes comme celles ci, des scènes ou le mari abuse de Prudencia, la viole deux fois de suite, des scènes ou il est furieux contre elle car il souhaite porter la seule chemise qu'elle n'a pas eu le temps de repasser, des scènes ou il la traite horriblement devant ses parents… Et malgré sa lutte, Prudencia n'est pas aidée. Sa cousine la découvre à demi-morte chez elle, un beau jour.

L'histoire n'est pas finie, mais je vous conseille fortement, à ce stade, la lecture du livre. Je n'ai pas trouvé de traduction française pour le moment, mais il n'est pas très compliqué, avec un niveau d'espagnol compréhensible.

Pour terminer, je dirais qu'il faudrait une deuxième lecture beaucoup plus attentive pour se rendre compte de tous ces détails laissés au fil du livre. Car lorsque l'on comprend qui est le narrateur, notre vision globale du livre en est modifiée. On comprend alors que Prudencia n'a pu être livrée qu'à elle même tout au long du livre. Et on comprend pourquoi même sa cousine ne l'aide pas, car elle est trop éloignée de Prudencia.

Ce livre, avec une tonalité dramatique, est donc la critique d'un machisme aigu et l'image de la chute d'une femme incapable d'être à la hauteur de la demande masculine. L'homme, symbole de puissance, écrase la jeune femme durant tout le livre, laquelle ne peut lutter. N'ayant aucune estime d'elle même, pensant avoir trouvé confort et sécurité auprès du mari, elle perd absolument tout au fil des pages. C'est une magnifique représentation de la condition féminine de nos jours que nous dresse ici Chalcon, en soulevant de nombreux problèmes que les femmes doivent affronter chaque jour.
Lien : http://lettresevanescentes.b..
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