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Laurence Villaume (Traducteur)
EAN : 9782264042972
400 pages
10-18 (19/04/2006)
4.26/5   74 notes
Résumé :
Les Voix endormies, ce sont celles de toutes les héroïnes anonymes de la guerre d'Espagne, ouvrières, syndicalistes, partisanes ou simplement candidates à l'exil. En 1939, le conflit touche à sa fin et les Républicains paient leur défaite dans les prisons franquistes.

Dans celle de Ventas, Hortensia, Elvira et Tomasa attendent de connaître leur sort. A l'extérieur, leurs familles et leurs amis vivent dans l'angoisse.

Peu à peu, avec l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Le temps qui passe sur l'histoire douloureuse des pays adoucit la peine des hommes, permettant d'entendre à nouveau des voix endormies pendant des décennies.
Un devoir de compréhension et mémoire pour les douloureuses années de l'Espagne sous la chape de plomb du régime franquiste.

La fin de la guerre civile en 1939 a rempli les prisons de femmes, filles, épouses, mères de Républicains, militantes responsables au titre de leur propre engagement politique ou simplement de leurs liens familiaux.
Un monde carcéral féminin s'organise sur de longues années en solidarité. Les peines prononcées sont très lourdes, quand elles ne sont pas définitives. On tente avec courage de survivre aux brimades, aux tortures, au peu de moyens de subsistance et surtout à l'attente effrayante du jugement. On attend les visites au parloir, les nouvelles des familles éclatées. On tente de croire à la lutte clandestine de ceux et celles qui ont pu échapper au régime, espérant leur survie quand ils ont dû disparaître, s'exiler.
Car dans les maquis des femmes continuent à lutter, portées par leur idéal de liberté.

Les années d'enfermement vont être très longues…
La violence de la répression du régime de Franco fera taire ces voix, dans la logique d'éradication de la « vérole » républicaine.
le travail de documentation et de recherche de Dulce Chacon les ressuscite avec des témoignages glaçants mais indispensables. Choisissant de rendre le récit plus proche du lecteur, elle nous offre la réalité de Pepita, Elvira, Hortensia et tant d'autres avec une belle humanité et un courage sans pareil.

Un livre très fort, que j'ai trouvé indispensable en complément des romans (comme ceux de Almudena Grandes) de plus en plus nombreux concernant cette période.
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Franco a pris le pouvoir et implacablement, son pouvoir, ses phalangistes emprisonnent, jugent, condamnent hommes et femmes parce qu'ils sont républicains, même s'ils n'ont pas de sang sur les mains. Des condamnations toujours lourdes, la peine de mort, la Pepa, est souvent appliquée au petit matin. les exécutions ont lieu par groupe...On était arrêté, torturé, emprisonné, simplement parce qu'on avait reçu une lettre de France..
Dulce Chacon nous permet de suivre, dans ce roman, une dizaine de femmes emprisonnées en attente de jugement ou jugées, Pepita, Sole, Elvira, Tomasa, Reme..
Parmi elles, Hortensia, dont on sait dès la première ligne qu'elle est "la femme qui allait mourir" . Elle est enceinte de huit mois. Amoureuse d'un combattant, papa du futur bébé, elle attend comme toutes les autres femmes les visites au parloir. Ces visites qui peuvent être supprimées, y compris devant la porte du parloir, sur une simple décision des gardiennes ou des religieuses qui gèrent la prison. Des bonnes soeurs bien peu catholiques, mauvaises et méchantes comme la gale qui n'ont qu'un but : convertir de force ces âmes damnées, communistes ou socialistes. Y compris par le cachot, les coups et la privation de nourriture pendant de longues semaines. "Bonnes" soeurs qui rasaient les récalcitrantes et vendaient leurs cheveux.
Comble de la turpitude du régime : ces femmes cousent les uniformes des phalangistes, leurs bourreaux et les bourreaux de leurs conjoints, mais de temps en temps elles arrivent à faire sortir, par le parloir, des uniformes qu'utiliseront les républicains à l'occasion de coups de main
Toutes ces femmes resteront emprisonnées pendant de longues années, dans des conditions indignes : privation de nourriture -souvent infâme et pourrie- ou de parloir, maladie, gale, saleté, surpeuplement des cellules, lits partagés par plusieurs femmes.... Hypocrisie et cruauté du régime qui condamnait à mort des femmes enceintes, uniquement parce qu'elles avaient tenté de ravitailler des républicains, attendaient qu'elles accouchent pour exécuter les sentences. Elles seront jetées à la fosse commune, sans que leur familles puissent les voir une dernière fois. Et certains de ces enfants nés en prison, seront volés par ces soeurs et ces curés afin d'être "rééduqués dans la religion"
A l'autre bout de l'Europe sévit le régime nazi. Quand celui-ci tombera sous les assauts des alliés, ces femmes espèreront que ceux-ci feront également tomber le régime franquiste, espoir déçu...Il ne fallait pas que cette Europe libérée soit au coeur d'un étau rouge, Russie et ses satellites à l'Est, Espagne à l'Ouest. Alors ces alliés n'ont pas apporté de soutien aux 3000 soldats républicains qui en octobre 1944 tentèrent de renverser Franco dans l'offensive de la vallée d'Àran.
Nous suivons les espoirs de ces femmes et de leurs amis emprisonnés pendant de longues années, jusque dans les années 70. Et à cette époque là encore, lorsqu'on voulait se marier, c'était devant le curé. Un curé qui pouvait parfois avait pu refuser le mariage parce que l'un des mariés était communiste...
Cet livre s'appuie sur des faits historiques, la liste des références et des remerciements en fin d'ouvrage est longue et se lit comme un roman. En donnant la parole à ces femmes Dulce Chacon laisse une forte impression de malaise : comment de tels actes ont pu être pratiqués à notre porte quand on sait que nos dirigeants occidentaux, Eisenhower ou de Gaule pour ne citer qu'eux ont serré la main du dictateur Franco. Comment nos parents ont-il pu nous faire assister au catéchisme, alors qu'à quelques centaines de kilomètres ces mêmes bonnes soeurs, de cette même religion commettaient de telles turpitudes...
Je ne connaissais pas Dulce Chacon. Luis Sepúlveda m'a permis de la découvrir dans le texte d'adieu qu'il écrivit à l'occasion de son décès "Adieu ma douce amie" de son livre "Une sale histoire : (Notes d'un carnet de moleskine)". Une fois encore on découvre si besoin était l'attachement de cet écrivain à la liberté et aux Droits de l'Homme
Merci Luis, merci Dulce

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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« La guerra ha terminado », premier avril 1939, signé : le genéral FRANCO.
Durant 34 ans, 3 mois et 4 jours, de 1939 à 1975, le général Francisco Paulino Hermenegildo Teódulo Franco y Bahamonde appelé « Franco », soumis l'Espagne à un régime dictatorial, : le franquisme. Régime militaire anti libéral, anti démocratique, anti communiste dont les valeurs reposaient sur le socle souverain de l'Église catholique.
Il aura fallu attendre le 31 octobre 2007, pour que l'etat espagnol, et cela non sans mal, reconnaisse par la loi les victimes de la guerre civile espagnole (1936-1939) , et des victimes de la dictature de Franco ( 1939-1975).
« la guerra ha terminado... » Une chape de plomb tombe sur l'Espagne.
Persécutions, arrestations arbitraires, violences, censures, délations, tortures, emprisonnements, exécutions,
« La loi sur la mémoire historique » ne permet pourtant pas d'ouvrir les fosses communes.
Combien de corps restent encore disparus ? Beaucoup de questions.

C'est à ces voix endormies, que Dulce Chacon donne corps et parole. Et particulièrement aux femmes espagnoles, combattantes, résistantes, qui furent arrêtées, emprisonnées, interrogées, torturées, exécutées sous le régime franquiste. Mais au delà de ces voix c'est l'histoire du peuple espagnol qui se fait entendre.
Dans ces prisons, elles ont espéré, espéré leur libération par les forces alliés. Elles ont pensé, rêver de voir l'Europe toute entière devenir libre. Elles espéraient.
La France fut libérée, l'Espagne, pas plus que le Portugal, ne le fut.
Pourquoi des régimes alliés de la dictature nazie ne furent pas renverser lors de la Libération ? Pourquoi Franco ne fut jamais jugé ni même inquiété ? A celles et ceux, qui durant des années, des années après la Libération, à celles ci et à ceux là , à leurs enfants, qui furent volés à leurs parents afin d'être « rééduqués » dans des orphelinats catholiques, à tous, il faudra un jour donner une réponse.
Mais la réponse nous la connaissons déjà. Il fallait maintenir en Europe des plate formes anti communistes , On laissa donc ces dictatures en place.
Ainsi le président Eisenhower rendra t il visite à Franco le 21 décembre 1959, De Gaulle lui serrera chaleureusement la main le 08 juin 1970 oubliant ainsi la mémoire des résistants républicains espagnols qui aidèrent, entre autre, à la libération de Paris en 1944. Ainsi laissa t on franco désigner son successeur.
On laissa des peuples subir des dictatures au nom de la défense d'une liberté que l'on disait « pour tous » et qui ne leur fut pas concédée.
1939 pour Franco la guerre était finie, 1945 pour les Alliés la guerre était finie, 1975 pour le peuple espagnol la dictature pris fin.
Restent ces voix, ces prénoms, auxquels il faut rendre un visage.
Dulce Chacon ouvre la voie.
traduction française : Laurence Villaume

Astrid Shriqui Garain

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Il y a plusieurs mois, j'ai lu «Terra Alta» de Javier Cercas, un très bon polar qui derrière son intrigue bien ficelée montrait l'affreuse cicatrice que la guerre civile espagnole avait laissée sur le pays. Force était de constater que pour moi ces années n'étaient qu'un vague concept et qu'il fallait y remédier. Résultat : je me suis fait conseiller ce classique contemporain de la littérature espagnole.
Dulce Chacón y donne la parole à des femmes. Jeunes, vielles, de toute l'Espagne. Elles sont emprisonnées pour être des membres de la guérilla communiste, pour connaître un républicain, pour on ne sait quelle raison. Elles sont dehors, à trembler pour ceux et celles qui luttent dans les collines, pour leurs amies maltraitées, pour elles-mêmes qui pourraient fâcher les rebelles enfin parvenus au pouvoir. Sur plus de vingt ans, de la guerre à la dictature, elles nous racontent une page sombre et violente de l'histoire européenne (oui, européenne car les autres nations s'en sont honteusement battu les flancs) mais surtout des destins, basés sur des faits réels, qui ne peuvent que nous émouvoir et nous ébranler.
Le livre est traduit en français par «Les voix endormies» mais est malheureusement décommercialisé. Par chance, mon niveau d'espagnol m'a permis une lecture en vo mais si vous n'êtes pas dans ce cas, n'hésitez pas à mettre à contribution les bibliothèques pour découvrir ce merveilleux ouvrage.
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Un thème original, peu abordé : les héroïnes de la guerre d'Espagne. 1939 : les Républicains paient leur défaite dans les prisons franquistes, les femmes ayant participé à la résistance sont jugées comme les hommes et une prison pour femmes est créée à Ventas.
Dans cet ouvrage nous suivons l'histoire de quelques-unes de ces femmes condamnées à de lourdes peines voire à la mort.
Hortensia sera exécutée juste après son accouchement, elle écrit dans des cahiers bleus offerts par son mari (qui est resté dans le maquis) pour que sa petite Tensi connaisse son histoire. Tensi sera recueillie par la soeur d'Hortensia, Pepita (au début Pepa, mais elle décide de changer de nom après avoir appris que "La Pepa" en prison désigne l'exécution des condamnées). Elvira est la plus jeune, son frère Paulino ("El Chaqueta Negra") la fera s'évader et la suivre dans le maquis. Tomasa est "la fille d'Estrémadure au teint olivâtre". Reme est la plus âgée, ses enfants et son mari l'attendent dehors, elle sera libérée.
Les destins de toutes ces femmes et d'autres personnages se croisent et se recoupent. Ainsi, Pepita tombe amoureuse de Paulino et l'attendra jusqu'à sa sortie de prison.
La vie en prison est rude, les surveillantes sont cruelles (La Vénéneuse, La Savate...) et n'hésitent pas à envoyer les récalcitrantes au cachot d'isolement ou à leur faire subir des interrogatoires à genoux sur des pois chiches... (torture apparemment très répandue pour les femmes). La vie dans le maquis et l'organisation de la résistance est également relatée, une vie difficile, risquée, et la répression est sévère et sans pitié. Certains fuient vers la France.
L'auteure s'est inspirée d'histoires vraies.
Anecdotes : une femme se désespère parce qu'elle découvre qu'elle est ménopausée quelques mois avant sa sortie de prison et elle n'avait pas encore d'enfant... / Les Treize Roses sont 13 jeunes filles exécutées le même jour...
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
- Nous n'avons pas perdu notre dignité.
- Non, nous avons seulement perdu la guerre, pas vrai ? C’est ce que vous croyez toutes, qu’on a perdu la guerre.
- Nous n'aurons pas perdu tant qu’ils n'auront pas eu notre peau, et on ne va pas leur faciliter la tâche... Résister c’est vaincre.
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Jaime vivra l'enthousiasme des détenus pour le débarquement en Normandie, l'optimisme de ceux qui feront leur valise, convaincus que la fin de la dictature franquiste sera la suite logique du débarquement, et la déception quand ils comprendront que les portes des prisons ne s'ouvriront pas après la victoire des alliés.
De Burgos, il vivra l'impuissance du Gouvernement républicain en exil.
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- Vous savez si "La Pepa" est venue cette nuit?
- Oui, ils en ont pris trois.
La soeur d'Hortensia se rapprocha des femmes devant elle
-C'est qui "La Pepa"?
- La fournée, ma petite.
- Quelle fournée?
- Quant ils les font sortir pour les emmener.
- Qui ça?
- Ils font sortir les condamnées à mort et ils les emmènent.
- Où ça?
- Où les emmènent-ils?
Elle ne posa plus de question. A partir de ce moment-là, Pepa décida de s'appeler Pepita.
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Elle a passé trente-neuf jours à la préfecture. Elle a passé trente-neuf jours à la préfecture, des dizaines d'heures sur les genoux, et a été tabassée des dizaines de fois. Mais Hortensia ne veut pas y penser. Elle s'assoit sur les toilettes, touche ses genoux et pense à Felipe. Elle se souvent du premier baiser. C'était à Cordoue. Elle se souvient de Cordoue et de la bouche de Felipe cherchant la sienne, et elle touche ses genoux.
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(incipit)
La femme qui allait mourir s'appelait Hortensia.
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