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Premier coup d'essai romanesque de l'essayiste et nouvelliste Iranienne,"Demande au miroir" pourra déconcerter par sa rédaction épurée et la mise en page de ses dialogues. Choix de l'auteure ? de l'éditeur ? Il faut en tout cas un temps d'adaptation. Une fois passé ce premier abord, le roman est une véritable immersion dans l'intimité de Guita, exilée solitaire résidant à Paris. Porteuse du deuil de sa soeur et de son nourrisson, Guita survit en marge de la vie passant son temps libre son ordinateur. Jusqu'à un échange de mails dans sur un forum d'exilés, qui ramènera sur le devant de la scène les figures mythologiques des son passé. Roman du monde intellectuel des exilés iraniens, ce livre met avant tout en scène une certaine négation de la réalité. Trop lourde et douloureuse elle s'arrange toujours pourtant pour revenir le temps d'un souvenir. Perçant alors les mises en scènes, les grands discours nihilistes des personnages, elle ajoute au récit une pesanteur contrastant avec la simplicité de l'écriture. S'il n'est pas exempt de défauts, quelques poncifs ou formules maladroites, "Demande au miroir" reste un roman unique dans lequel s'entrecroisent destins brisés et jeunesses en errance. A travers le traumatisme de la révolution avortée, c'est la perdition d'un monde en refus d'engagement que met en scène l'auteure. Enfin c'est roman de femme, dans lequel celles-ci ne sont ni des symboles ni des statues, mais des êtres de chair et de sang. Bâti sur la relation entre l'héroïne du roman et sa mystérieuse voisine de jeunesse, les contradictions que doivent combattre les personnage sont presque exclusivement vus à travers le prisme d'un regard féminin. Allez et retour douloureux entre l'intime et l'historique, entre l'individuel et le social, il est peu probable que "Demande au Miroir" vous laisse indifférent(e). + Lire la suite |