Méditation et sagesse: Les enseignements d'un maître bouddhiste de la Tradition de la Forêt Tome 1

Ne croyez pas que l'ensemble de la pratique consiste à s'asseoir les yeux fermés. Si c'est ce que vous croyez, révisez votre jugement. Une pratique soutenue, c'est avoir l'attitude du pratiquant qnand on est debout, en marche, assis et couché. Quand vous quittez votre posture assise sur le coussin de méditation, ne croyez pas que vous avez fini de méditer ; dites-vous que vous changez sinplement de posture, Si vous fonctionnez de cette maniere, vous trouverez la paix. Où que vous soyez, il y aura en vous une présence consciente soutenue. Si vous vous complaisez dans vos humeurs, si vous passez toute la jourmée à laisser l'esprit suivre son bon vouloir, la prochaime fois que vous vous assiérez en méditation, tout ce qui viendra sera le résidu des pensées insignifiantes de la journée.

Nous disons donc que l'activité mentale est comme le venin mortel du cobra. Si nous ne lui faisons rien, le cobra passe son chemin. Qu'il soit venimeux ou pas, cela ne nous concerne pas; nous ne nous approchons pas de lui, nous n'essayons pas de l'attraper et il ne nous mord pas. Le cobra fait ce qu'il est naturel de faire pour un cobra - c'est ainsi. Si vous êtes maligne, vous le laisserez tranquille. De la même manière, ne vous saisissez pas de ce qui est bon et lâchez aussi ce qui n'est pas bon. Laissez aller les choses selon leur nature. Lâchez les « j'aime » et les « je n'aime pas ». Traitez-les comme vous traiteriez le cobra : laissez-les passer sans intervenir. Nous ne voulons pas ce qui est mauvais mais nous ne voulons pas non plus ce qui est bon. Nous ne voulons ni la lourdeur ni la légèreté, ni le bonheur ni la souffrance. De cette manière, le désir prend fin et la paix s'installe vraiment.

De la même manière que vous êtes en train de pratiquer ici pour arrêter de penser et ainsi arriver à la paix. Il faut du calme pour commencer, s’il n’y a que de la pensée la sagesse n’apparaîtra pas, il n’y aura pas de conscience de la vérité. Tout ce qui va apparaître sera une prolifération sans fin. Si vous êtes déjà calme ce n’est pas nécessaire de penser, la sagesse apparaîtra à sa place. Tant que vous pensez, la sagesse n’apparaîtra pas.

Pourquoi pratiquons-nous ? Nous pratiquons pour abandonner et non pour obtenir quoi que ce soit. Une dame m'a dit qu'elle souffirait. Ouand je lui ai demandé ce qu'elle voulait, elle a dit qu'elle voulait être éveillée. Alors i'ai répondu :« Tant que vous voudrez être éveillée, vous ne pourrez pas l'être. II ne faut rien vouloir,»

Quand on observe son esprit, on sent qu'il lache prise et se détend dans son état naturel. Quand, en sortant de cet état naturel paisible, il fait des vagues et s'agite en pensées et concepts, c'est que le processus de conditionnement des sankhara s'est remis en marche. Soyez très attentif et gardez un oeil vigilant sur ce processus de conditionnement. Quand I'esprit s'agite et s 'éloigne de son état naturel, la pratique du Dhamma n'est plus sur la bonne voie: elle tombe soit dans la complaisance, soit dans la mortification. C'est là que tout se passe. C'est cela qui engendre les voiles des conditionnements mentaux. Si l'état d'esprit est bon, il engendre un conditionnement positif : s'il est mauvais, le conditionnement est négatif. Mais tous ont leur origine dans votre propre esprit.