Portrait de travers : Tout passe par le regard. le portrait doit embellir le modèle.
Ségolène Chailley embellit ses personnages en les montrant de travers. Essayez, il suffit de pencher la tête. Oui comme ça. Vu sous cet angle ces fugitifs du quotidien s'animent d'une réalité touchante et cruelle. Ils évoluent dans un monde à leur image, fêlé par endroit. Ce monde les éjecte, en même temps qu'il nous offre leur lumière. Une lumière aveuglante, sensuelle, violente, jusqu'à l'obscurité de l'âme, d'un noir à recouvrir les ténèbres. L'auteur sonde ses personnages, leur cri intérieur, la beauté d'un cauchemar, dans un style alerte, irrévérencieux et réjouissant. On traverse ces portraits de travers en apnée, totalement immergé, sans envie de remonter à la surface. Sauf peut-être entre deux nouvelles, pour apprécier encore plus l'univers charnel et poignant de cet auteur d'exception.