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C’était un tableau. Un superbe portrait, jugea-t-il en l’observant avec attention dans la pénombre. Richard souleva avec mille précautions le tableau et l’amena au centre de l’ancienne salle, à un endroit où le soleil perçait un peu plus le feuillage. Là, il détailla le portrait. Il représentait un bel homme de quarante à cinquante ans environ. Brun, l’air hautain, il avait un je-ne-sais-quoi de déterminé dans sa façon de regarder devant lui et d’avancer la mâchoire agressivement. Son visage était naturellement mât mais semblait pourtant pâli. Ses mains avaient quelque chose d’étrange… Elles semblaient trop rouges, comme si une maladie de peau les avait attaquées… Au milieu du cadre, en haut, une inscription à-demi effacée par le temps se noyait dans la peinture sombre : Juhel de Querlays. Richard frissonna. Le tableau, presque autant que la salle dans laquelle il se trouvait, lui donnait la chair de poule. Lui qui s’enorgueillissait de ne pas être impressionnable, se sentait mal à l’aise face au visage implacable de cet ancêtre dont les yeux peints brillaient, comme si la Vie en personne s’était glissée dans le tableau. Richard se retourna un instant, persuadé qu’on l’observait. Non, il était seul. Les seuls yeux qui eussent pu le regarder étaient ceux des rongeurs et des insectes qui avaient élu domicile dans les ruines. Pourtant, il y avait dans cette salle plongée dans la pénombre une présence qui l’inquiétait vaguement. + Lire la suite |