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EAN : 9782210743489
192 pages
Magnard (24/04/2015)
3.43/5   36 notes
Résumé :

Témoin privilégié de la vie des tranchées, Ferdinand retrace ses années de rat-combattant au côté du soldat Juvenet qui l'a pris sous sa protection. De l'arrière au feu de Verdun, il partage la vie quotidienne des poilus, les changements d'affectation, les diverses offensives, mais aussi les permissions, l'attente avide d'informations et la naissance des rumeurs les plus persistantes, la solitude et surtout la peur.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Un chien avec un masque ? Hélas oui, pendant la guerre de 14-18...

Chiens, chevaux ou pigeons voyageurs, ces animaux innocents, furent mêlés à l'horreur de la grande guerre! Ferdinand fut l'un d'eux. Ce rat est le nar-rat-teur de ce livre...

"Je ne suis pas un rat d'opéra. N'attendez pas de moi des récits polissons, ni des contes égrillards. Je ne suis pas, non plus, un rat de cave... Enfin, ce serait m'offenser que de me confondre avec un rat d'hôtel. "

Mon compagnon d'infortune était le soldat Victor Juvenet (sale, hagard, couvert de vermine) rat-conte Ferdinand. Lequel des deux était le plus poilu?

"Pas d'héroïsme souriant, ni bavard. Un humble rat de tranchée ne peut offrir qu'une litté-rat-ure terre à terre."

"Moi aussi, j'étais acteur à Verdun."
Promu au rang de détecteur de gaz mortel, Ferdinand fut aspergé, " avec je ne sais quelle drogue. Ma robe gris-brun était devenue bleue horizon. Victor inscrivit au "miniun", sur mon dos, le numéro de mon régiment"...

Malade de peur, Victor reporta son besoin d'amour et d'affection sur moi. Il refusa les ordres imbéciles et "de faire un autre trou" sur un Allemand qui "posait culotte."
Il le manqua exprès et l'autre cavala, pour se planquer, comme un dé-rat-é, dans... un trou à rats.

Ce témoignage de Ferdinand n'est pas du simple rata:
"Ce plat que je vous sers est fade, en vérité comparé aux rat-goûts épicés que cuisinent les grands quotidiens" qui parlaient de bravoure, d'honneur et de... victoire?

"La guerre...Je vois des ruines, de la boue...et des croix de bois, des croix, des croix!" Roland Dorgelès.
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J'ai découvert Pierre Chaine un peu par hasard, car je cherchais une oeuvre satirique concernant la guerre, qui pourrait plaire à des élèves de troisième.

Ce livre m'a beaucoup intéressée, et j'espère qu'il en a été de même pour au moins quelques-uns de mes adolescents faussement blasés, soupirant dès qu'il est question de devoir lire un livre...

L'auteur a participé à la première guerre mondiale, il a été très tôt envoyé au front. C'est dans les tranchées, en 1915, qu'il écrit ce récit qui le rendra à son époque célèbre. A noter, il a d'abord été publié sous forme de feuilleton dans un journal pacifiste populaire. En 1918, il écrit la suite, présente dans cette édition.

" Je ne suis pas un rat d'opéra. Je ne suis pas non plus un rat de cave dont les lumières pourraient être utiles aux amateurs de pinard.(...) Né dans les champs, j'ai connu, dès l'âge le plus tendre, les champs de bataille; mes parents m'ont nourri d'espoirs glorieux et de détritus miltaires. Vous avez déjà deviné que l'auteur de ces lignes est un des innombrables rats de tranchées, qui , de la mer aux Vosges, ont juré de tenir, eux aussi, "jusqu'au bout!"

le ton est immédiatement donné : ironique, mordant.Avec vivacité et sens du dérisoire, à travers ce rat, Ferdinand ( pas Firmin, bien tranquillement en train de lire...), l'auteur offre un regard sans concession sur les cruautés de la guerre. Il va devenir "l'animal de compagnie" de Juvenet, simple soldat, échappant aux campagnes de dératisation qui survenaient sur le front.

Il l'accompagne au quotidien, se sentant lié à lui, subissant les mêmes horreurs. En évoquant Verdun, il écrit par exemple:" Murés entre deux zones de mort, nous nous sentions déjà retranchés des vivants."

Très bien écrit, alliant humour et vérité crue, ce récit est une bonne approche, je trouve, du vécu de la guerre. de ses méfaits, de sa déshumanisation. Ferdinand le rat semblant plus vivant ici que ces milliers d'hommes brisés ...

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C'est un conte.
"La terre ne sera habitable qu'après la disparition de l'âpre lutte économique quand la sagesse sera la même pour les peuples et pour les rats".
Mon Loup Alpha ne dit pas autre chose ; il remplace "rats" par "loups".
Dans les tranchées des Ardennes, pendant la guerre de 14, les Poilus sont confrontés, non seulement aux Allemands, mais aussi aux rats. Ils les chassent. La réflexion du colonel sauve celui-ci : il sera testeur de gaz allemand !
Alors Victor Juvenet l'apprivoise, et l'emmène partout avec lui. Il le baptise "Ferdinand".
Ferdinand ne parle pas, mais comprend tout, et plus tard, il écrira ses mémoires.
.
Pierre Chaine, qui a fait la guerre comme lieutenant artilleur, en profite, dans cet écrit de 1917, pour critiquer la guerre, par l'intermédiaire de Ferdinand, comme l'a fait La Fontaine avec les courtisans, Nietzsche avec "Humain, trop humain", ou moi avec Alpha sur quelques déplorables comportements humains.
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On y va...
La paperasse administrative bien française ;
La moquerie des planqués de l'administration vis-à-vis de "la chair à canons" ( cf Louis-Ferdinand Céline qui en parle très bien) qu'ils nomment "les poires" ;
la moquerie de ceux du front vis-à-vis de l'Etat Major quand un des leurs ose pointer son nez hors des bureaux pour s'aventurer jusqu'au front ;
le jonglage des gars en première ligne avec les obus allemands qui NDL : ressemble aux premiers jeux vidéos quand on devait éviter les petits traits blancs qui tombaient du haut de l'écran ;
le rôle essentiel du caporal sans lequel les ordres de l'Etat Major ne sont que des "sons" ;
la guerre qui vole sa jeunesse aux Français ;
l'âme dite "stoïque" qui devient insensible aux morts quand ils sont trop nombreux ;
le jeu de ping-pong d'obus au dessus de la tête de la section planquée dans l'herbe.
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Mon impression est négative.
Pourquoi ? Je suis saturé des histoires de guerres.
Cependant, j'avoue que l'histoire de Ferdinand est distrayante, et pleine d'humour, surtout lorsqu'il raconte la mésaventure du cake de Noël et de ses rebondissements avec Hugon !
Il y a aussi deux belles histoires d'amour...



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Ce roman inclassable est construit comme l'autobiographie d'un rat des tranchées, devenu soldat.
L'auteur s'inspire de sa propre expérience de "poilu" durant la guerre de 14-18 pour raconter, de manière humoristique et anthropomorphiste, les aventures d'une petite bête intelligente qu'un combattant a pris sous sa protection en qualité de lanceur d'alerte...aux gaz (ce qui pouvait correspondre à une certaine réalité, les animaux s'enfuyant étant un signal de danger).
L'horreur de la guerre et l'absurdité de la vie de soldat est décrite avec acuité, grâce à ce biais.
La suite, les commentaires de Ferdinand (le rat en question) s'avère plus philosophique.
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Mémoires d'un rat est un récit de guerre qui nécessite une base de connaissances sur les conditions de vie des Poilus pendant la Première Guerre Mondiale, dans les tranchées et au front - connaissances sur l'organisation de la vie militaire, l'alimentation, l'hygiène, les loisirs (si l'on peut dire), et surtout la censure et la propagande. C'est en tout cas un texte idéal pour le programme de Troisième, avec l'apport de l'histoire. Toutefois, mon intérêt pour ce roman va bien au-delà du document qu'il offre sur le quotidien et l'état d'esprit des soldats au front, car l'auteur y fait preuve d'une si féroce et réjouissante ironie que je me suis littéralement régalée de cette brève lecture.

Jugez plutôt : Ferdinand, le narrateur, se fait bêtement attraper par gourmandise, alors qu'il menait la vie de rat de tranchée la plus amusante qui soit. Il va devoir composer avec sa nouvelle situation de prisonnier, et vivre au milieu des soldats. Cependant, une solide amitié se noue avec son maître, Juvenet, amitié qui se renforce lorsqu'un gradé décrète que les rats sont d'une grande utilité pour prévenir d'une attaque aux gaz. On se doute que les Poilus ont quelque antagonisme avec les rongeurs, mais à présent c'est en véritable mascotte du régiment que Ferdinand fait honneur à son maître. Un changement s'opère : Ferdinand est touché par la fierté patriotique, et s'éloigne de plus en plus de sa condition initiale de rat.

Ferdinand connaîtra tous les secrets de la vie du Poilu, puisqu'il sera transporté dans sa petite caisse aussi bien au front, sous les obus (sauvant ainsi la vie de son maître et lui valant la croix de guerre), qu'à l'arrière dans les cuisines. Enfin, Juvenet et lui seront même de la partie lors de l'offensive de la Marne. de son oeil de rat, à la fois acteur et spectateur des tribulations des hommes, Ferdinand observe et nous livre ses réflexions sur les aléas de la vie de Poilu. C'est parfois très drôle, parfois d'une ironie grinçante, parfois même poignant, mais cela fait réfléchir, et l'on saisit vite l'universalité du propos. le commentaire annonce un récit accessible, mais c'est bien plus que cela : il nous plonge littéralement au milieu des combats, ou de la vie ennuyeuse des soldats, toujours dans l'attente de commandements qui ne viennent pas, ou mieux, de la relève. Car chacun a une conscience aiguë d'une chance qui pourrait ne pas durer.

Il s'agit également d'une charge contre la vie à l'arrière, qui se déroule comme si de rien n'était, et lorsque le Poilu rentre pour une permission, certes on le fête, mais il est tenu de correspondre à l'image glorieuse qu'on veut se faire de la guerre, car avant tout, n'est-ce pas, il faut bien parader grâce à lui, et profiter un peu du lustre patriotique qu'il permet de se donner... à peu de frais. On ne peut s'empêcher de penser que le véritable retour, une fois démobilisé, sera difficile. C'est un constat amer, mais toujours humaniste auquel se livre l'auteur, qui a vraiment bien exploité la condition animale de son narrateur. Pour tout dire, je vois là un essentiel, et vais de ce pas le commander en version intégrale, car j'ai été déçue que cette édition scolaire ne propose que des extraits choisis, même si l'ensemble est arrangé avec cohérence.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
La grande différence entre les hommes et les rats, c'est que ces derniers ne se battent jamais que volontairement et par goût, tandis que je n'ai jamais rencontré aucun homme qui fît la guerre pour son plaisir. Chacun d'eux paraissait céder à la nécessité, aussi bien parmi les agresseurs que chez les autres. Il faut donc supposer que ceux qui veulent la guerre ne sont pas ceux qui la font. Le chef-d'oeuvre de l'organisation consiste alors par faire accomplir par la collectivité ce à quoi chacun de ses membres répugne le plus.
C'est pourquoi il est nécessaire qu'il y ait dans une nation une certaine masse d'individus qui soient dispensés d'exposer leur vie, afin qu'ils soient mieux excités à poursuivre la victoire par l'assurance d'en risquer seulement le profit. Ils gardent ainsi l'esprit libre pour suggérer les mesures les plus sanglantes et pour en exiger l'exécution. Trop près du danger, ils pourraient être enclin à moins d'énergie.
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A quoi bon ces descriptions malsaines puisqu'elles n'ont pas le pouvoir de supprimer les guerres? Ces tableaux sont douloureux s'ils évoquent en nous des visions vécues. Ils sont inutiles s'ils s'adressent à l'imagination des curieux: rien ne pourra jamais donner la sensation d'un champ de bataille à celui qui n'en a pas vu.
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C'est que le cousin Ernest voulait sa part d'épopée. Pour rien au monde, il n'aurait renoncé à la satisfaction de pouvoir dire : " Mon cousin le poilu..., mon cousin qui est en Argonne" et peut-être un jour : "Mon cousin qui est tombé au Champ d'Honneur !" Ah, ce jour-là, on ne manquerait pas de mettre le cousin dans le journal.
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Chacun des arrivants s'extasiait sur l'embonpoint et sur la bonne mine de Juvenet.
"Quelle santé ! La guerre ne vous a pas fait maigrir !"
"ça te réussit, la tranchée !" etc.
Lui s'excusait de son mieux de ne pas se présenter les joues caves et les yeux cernés.

NDL : au début du XXè les critères de santé et d'esthétique étaient différents de maintenant.
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Ce fut la corvée de jus qui me découvrit. L'homme qui marchait en tête poussa un cri de surprise :

-- Hé ! Bernard ! regarde s'il est pépère, celui-là !
Et du bout de son brodequin, il envoya rouler ma cage loin devant lui.
--C'est la nasse à Juvenet, répondit Bernard.
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" Ruy Blas 38" de Pierre Chaine.
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