Aime-moi, amour, mon amour, tu ne peux que m’aimer.
Amo, amas, maman, mamour, mourir, le verbe aimer tu l’apprendras, en même temps que mes larmes, la ritournelle, toi aussi tu la chanteras, amour, amour, pour guérir de mourir.
Aimer "à sa façon", ce n'est pas aimer, c'est se permettre tous les caprices et être sûr que l'on vous aime quand même,ou que l'on vous aime davantage.
Le sang de la femme est la marque de sa chair,sa différence,son étrangeté,son signe particulier,son étoile à six branches.Au long des millénaires,au cours de civilisations inspirées par les hommes,les hommes ont vu dans le sang de la femme un symbole de sa faiblesse, de son infériorité.
Ô légendes de nos aïeules, poétique colportage de souffrances,de chagrins étouffés sous l'épaisseur des jupons,enfouis sous la cendre de l'âtre ou crachés dans le puits,rassurante mythologie des origines paysannes,les petits-fils de la terre se souviennent de vous,pour chanter leurs méchants couplets à la gloire des femmes-comme-on-n'en-fait-plus.
Je n'ai jamais rien demandé à cet homme énigmatique.Depuis qu'il est entré dans ma vie avec sa démarche de père,son costume et sa cravate de père,son crane chauve et sa voix péremptoire de père,je me suis contentée de vivre auprès de lui comme une ombre,de le regarder quand il ne me regardait pas,incapable d'imaginer que l'on puisse ne pas craindre un homme de cette envergure qui a fait couler tant de larmes,d'encre et de prières.Depuis qu'il est devenu mon père, j'ai seulement écouté le peu qu'il a raconté,je n'ai rien revendiqué.
A la berceuse que chantent les mères à l'enfant, dans leurs bras balançé, répond la grinçante musique de la corde au puits.
Dans « adolescence », il y a laisser, j’ai franchi la rivière de lait et de miel, elle va se craqueler au soleil. Il y a « lescence », essences, parfums par milliers qui m’attendent de ce côté-ci, je les sentais déjà. Saurai-je les capter tous ?