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3,86

sur 612 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Sorj Chalandon fait partie de ces auteurs qui savent écrire et associer les lecteurs à leur démarche .Le roman est court et le nombre de personnages réduit à trois.Il y a le narrateur,biographe,fils de résistant déporté, Beaudazoc,un vieux monsieur de 84 ans,et Lupuline,sa fille, qui a été bercée par les exploits de son père pendant la résistance .En arrière plan,le père du narrateur,décédé.
Beauzaboc et le narrateur vont se rencontrer pour la réalisation d'une biographie commandée par Lupuline.C'est cette rencontre qui va nous être rapportée et,peu à peu,nous conduire vers le malaise et les interrogations.
C'est un roman au rythme lent,si lent qu'il en est parfois irritant mais qui traduit avec force l' atmosphère de plus en plus pesante qui s'installe entre les deux hommes,exacerbée par les effets de la canicule de 2003.


L'écriture de Chalandon est parfois sèche ,brutale,rendant notre trouble encore plus opaque et les problèmes d'ordre moral qui vont se poser aux personnages vont peu à peu envahir notre conscience.
Sans doute faut il prendre un sujet "un peu plus léger à lire après "car j'ai trouvé ce roman pesant, perturbant mais il aborde toutefois le thème des non-dits ou des mensonges qui interpellera nombre d'entre nous bien au delà des faits de guerre.Un ouvrage qui mérite toute notre attention quant à la perception des autres,le jugement qu'on peut porter sur les êtres qui nous entourent et,bien entendu,sur nous mêmes .
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Dans ce roman, l'auteur réalise un travail sur la mémoire, en écrivant des biographies à petit tirage, à la demande d'un membre de la famille pour rendre hommage à l'un des leurs. Pour cela, il rencontre les personnes et notent tout ce qu'elles lui confient.

Ici, ce sont les souvenirs de guerre de Beuzaboc, à la demande de sa fille. Mais qui est-il vraiment ?

Il approfondit ainsi ce qu'est le véritable travail du biographe : mettre simplement des mots sur les souvenirs que l'autre raconte, rechercher les émotions, ou vérifier les faits à la manière d'un journaliste ?

"Le client raconte, le biographe écrit. C'est son devoir, sa fonction, son rôle. Et peu importe si tout est trop beau ou trop calme."

Il aborde ainsi très bien la notion de doute : S'agit-il de vrais souvenirs, ou embellit-il les faits pour se construire une légende ? Cela résonne d'autant plus chez le biographe que son propre père a été un héros anonyme, un survivant des camps et qu'il ne connaît pratiquement rien de lui car il était trop petit à son retour.

Certes, on peut vérifier les évènements dans les journaux de l'époque, mais, il est parfois difficile de retracer un parcours individuel (héros de l'ombre ou passé reconstruit?) Tout le monde s'est réveillé Résistant à la Libération alors que les vrais héros, ceux qui revenaient des camps restaient dans l'ombre. Voulait-on vraiment les entendre ?

On voit ainsi se tisser un échange, comme au tennis, entre la culpabilité de celui qui n'a peut-être pas été un héros et celle de celui qui n'a pas écouté son père décédé trop tôt, quand il en parlait avec son frère aîné et tous les regrets que cela peut provoquer ?

"On fait son deuil, mais on ne revient pas d'un rendez-vous manqué"

le style de Sorj Chalandon est direct, les phrase courtes, percutantes, voire lapidaires et la trame s'étoffe, peu à peu, comme les instruments qui se rajoutent pour enrichir le thème dans une partition de musique et il entraîne le lecteur dans une histoire passionnante. J'ai beaucoup aimé ce roman, comme j'avais apprécié "Le quatrième mur".


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Une jeune femme contacte un biographe professionnel, "familial,"afin de coucher dans un ouvrage les souvenirs de son père, ancien résistant , du nom de Beuzeboc.

Au fil des rencontres, un vrai doute s'installe entre le vieil homme et Marcel , le biographe.
Ces événements ont-ils vraiment eu lieu?
N'était - ce pas seulement des histoires racontées le soir à une petite fille ?
Est- ce qu'un biographe peut mettre en doute la parole d'un héros ?
Une fois de plus l'auteur nous livre un superbe ouvrage, émouvant , utile , sur la Mémoire sublimée par le regard d'un fils et d'une fille.
Il dépeint sans juger à l'aide d'une écriture poétique,faite de mots simples et de phrases courtes , des mots intenses,touchants, un style pudique, tout en retenue,qui cherche les mots au plus près, au plus pur, au plus nu !
Quel est le poids d'un héritage lorsque la conscience en appelle à la vérité ?
Lorsque celle- ci émerge ?
Un hymne à la résistance,aux résistants de l'ombre comme à ceux de la lumière, à cette France qui voulait rester debout !

Un questionnement subtil sur l'imposture, la vérité, l'engrenage du mensonge et le courage d'en sortir.
Entre révélations, tendresse , colére, les langues se délient : silences, non- dits dans la chaleur étouffante de la canicule de 2003......
Un très beau livre et des mots sublimes sur la relation pére - fille, autour des pères et de leurs chimères.
Un ouvrage magnifique , brillant et juste qui magnifie l'amour inconditionnel qu'un père peut inspirer à son enfant !
Des images fortes qui resteront en nous !
Bravo l'artiste !




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Encore du bon avec Chalandon, en plus sa rime. Un écrivain public sur la demande d'une cliente rencontre le père de celle-ci pour mettre sur papier son passé de résistant. Mais très vite Fremaux doute de la véracité des propos de son client. Lui qui espérait à travers Bauzaboc retrouver l'héroïsme secret de son propre père, et mettre des réponses sur les non-dits paternels, ressent un profond malaise. Que ça soit à travers Tyrone Meahan (dans les remarquables « Mon traitre » et « Retour à Killibegs ») ou dans celle de ce vieux monsieur qui n'a cesser de raconter ces exploits fictifs à sa fille admirative et demandeuse, Chalandon interroge la mémoire et sa transmission. Avec une question fondamentale, qu'elle est la place de la vérité et celle de la fiction lorsque le doute s'installe ? Comment ne pas salir ceux qui ont vraiment mis leur vie en danger pour un idéal ?
Le roman de Sorj Chalandon m'a rappelé un peu celui de Jean-François Deniau « un héros très discret » sur sa trame de départ. Se fabriquer un passé héroïque pour un avenir plus acceptable.
Chalandon tisse de livre en livre une oeuvre profondément cohérente, cette « légendes de nos pères » n'échappe pas à la règle. L'écriture est talentueuse, intense remarquablement prenante. Un livre qui mérite notre admiration. C'est devenu une habitude.
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Que de plus que les précédentes critiques ! Oui et non j'ai aimé. Je ressens la qualité d'écriture, mais l'histoire ne m'interpelle pas plus que ça. Hormis cette envie de laisser une mémoire noir sur blanc, laisser un témoignage de la résistance pour que rien ne s'oublie. Transmettre d'une génération à une autre, le vécu d'une époque particulière. Entre la fille qui peut le faire avec son père et le biographe qui n'a pas su recueillir le témoignage de son propre père, tout ça tiraille et créer des tensions.
Lecture mitigée pour le coup j'en garderai pas un souvenir transcendant.
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Dans la dédicace l'auteur parle de mensonges et de vérité qui se répondent et ce sont des thèmes récurrents chez l'auteur.

Les personnages chez Sorj Chalandon ne sont jamais ni tout noir ni tout blanc, on est loin des personnages manichéens et c'est une vision des êtres humains qui me plait.

Il y a toujours de la dureté quand on reconnait un semblant de vérité. On est bousculé et les personnages également.

Autre thème celui de la transmission, du travail de mémoire. La réalité d'un côté et l'histoire qui la façonne à son gré.

L'écriture comme témoin mais aussi révélatrice d'une vérité ou d'un mensonge.

Des personnes qui se montrent d'autres qui s'effacent ...

Une bien belle façon d'aborder l'histoire de la résistance lors de la seconde guerre mondiale, de nous interroger sur celle-ci dans sa légende et/ou sa vérité.

Une belle lecture de début juillet, je vais peut-être arriver à vous parler des autres aussi ;-) (plus que 5 et un 6ème en cours !)

En attendant j'ai encore un livre dans ma PAL de cet auteur " le quatrième mur" et je découvrirais aussi son dernier né.

Je ne peux que vous conseiller de lire Sorj Chalandon (si ce n'est pas déjà fait...), il est un auteur avec une vision très intéressante des hommes et de leurs blessures mais aussi de leurs forces et son écriture est belle. Il mets le travail de mémoire au centre de ses écrits et nous permets de nous interroger toujours et encore sur L Histoire et sur ce qu'elle veut bien ou pas nous raconter.



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Je découvre cet auteur avec ce récit. Un récit qui met en abîme l'écriture, l'art de raconter. Comment choisir les mots? Que décide-t-on de leur faire dire?
Le narrateur, un biographe qui sur commande part à la rencontre d'un Résistant... Un hommage, une vérité... Choisir un style, une écriture juste, pour raconter.
L'auteur nous livre un petit roman bien écrit, une mise en scène dans les rendez-vous entre le biographe et le Résistant qui a chaque rendez-vous nous plonge un peu plus dans l'art de l'écriture. Ce récit,toutefois, souffre de longueurs pendant l'enquête du biographe.
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Mensonges, confiance, pardon, souvenirs, héroïsme, vengeance ... quand ces mots abstraits concernent des proches, ils perdent de leur sens pour laisser place aux sentiments qui n'ont que faire de la vérité et de la rationalité. Sorj Chalandon sait rendre à merveille cette ambiguité et j'ai apprécié ce refus de tout manichéisme, qui rend ses personnages si attachants. Sans surprise le texte est très bien écrit et la lecture en est très agréable.
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Sorj Chalandon, fait partie de mes plus belles découvertes sur ces dernières années. J'apprécie la fluidité de ses textes, comme la récurrence de ses sujets. Entre L'Ira et les guerres, on retrouve un sujet important pour l'auteur, la place du père. Les rapports conflictuels du père à l'enfant sont des sujets, qu'il aime traiter. Surement en lien avec sa propre expérience, on ressent le besoin de connaître, de découvrir et surtout d'être aimé par ce père toujours présent mais bien trop loin.

Sorj Chalandon fait parti de ces auteurs, que l'on aime sans raison particulière. J'apprécie ses sujets et sa manière dont ils prennent vie dans ses romans, tout simplement ! Dans ce texte fort, c'est la guerre qui est à l'honneur. Notre protagoniste vie mal le fait d'avoir perdu son père sans réellement le connaître. Dans les grandes lignes, il sait que son père fut résistant, mais il n'a jamais pu lui en parler en profondeur. On va ressentir le vide laissé par ce père absent. Un manque dans sa relation de fils, et un besoin de connaître les actions de son père, pour avancer.

C'est avec justesse que l'auteur nous parle de la place des résistants lors de la guerre et du silence qui les accompagne une fois celle-ci terminée. La résistance est aujourd'hui connue, on a des dates et des lieux qui peuvent prouver des actions orchestrées. Mais qu'est ce qui peut empêcher un homme de ce faire passer pour résistant, afin de démontrer d'une gloire personnelle et injustifiée. C'est dans ces interrogations que l'auteur nous dresse son récit. Un homme à la recherche de son père. Il essaye de comprendre les actions des résistants, il essaye de retrouver ce père. Et un homme qui raconte son passé de résistant. Mais au lieu de créer une biographie complexe, n'est t'on pas en train de perpétuer un mensonge.

Tout le texte va reposer sur la recherche de la vérité. le poids de la culpabilité va forcer des hommes à enfin tout révéler. Car, que devient-on lorsque l'on arrive plus à vivre avec un tel mensonge face à sa famille, ses amies, les gens qui sont autour de nous. La guerre a toujours des conséquences surprenantes et inattendues. Ici l'auteur va nous présenter un revers de la guerre que je n'avais pas envisagé. Ce texte est fort et grand, car il ouvre la voie des « pourquoi ? ». A la fin de cette lecture, je me rappelle encore une fois, que la gloire n'est rien en comparaison à l'acte de résistance.
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Sorj Chalandon… Ma découverte coup de coeur de l'an dernier. Je crois, non je suis certaine, que petit à petit je vais lire tous ses livres. Car à chaque fois, c'est le même ravissement pour son écriture. C'est bête à dire, mais c'est un écrivain… un vrai. Il a l'amour des mots, de la langue française… son écriture est limpide, simple et belle à la fois. Et ce qui renforce son talent, c'est qu'il a l'intelligence de l'humanité, du coeur… Ses histoires, ses personnages sont forts en émotion, et toujours au coeur d'une réalité historique intéressante. J'ai toujours beaucoup de mal à quitter un de ses livres…
Ici son personnage principal est biographe du quotidien, je dirais. Ce qui permet à Sorj de nous parler de l'écriture, des mots… j'ai adoré… je suis toujours avide et admirative du processus d'écriture.
Dans ce roman, il y a ce vieux monsieur, Beuzaboc, résistant de l'ombre pendant la seconde guerre mondiale, comme le père du biographe. Et son histoire, son passé de résistant qu'il a gardé secret. Il l'a juste un peu raconté à sa fille, Lupuline, autrefois. Cette dernière veut qu'elle soit retranscrite dans un livre pour lui offrir pour son anniversaire.
Des rendez-vous sont pris… et… je ne peux pas vous en raconter plus, pour ne pas dévoiler l'intrigue… ce qui serait fort dommage. Je peux juste vous dire que les rencontres sont intenses, tendues, difficiles parfois… que le biographe qui me parait être un bon gars comme on dit… prend un chemin qui personnellement ne me plait pas. Il fait un choix, perturbant pour moi. Que je peux en partie comprendre, mais que je n'approuve absolument pas.
Ce livre pose questions.
Ce n'est pas mon préféré de Sorj Chalandon, mais il vaut vraiment le coup d'être lu… c'est du Chalandon !
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