Étienne et Fauvette Pradon ne sont plus. Leurs six vieux amis, pour garder vivant le souvenir de ce couple, font la promesse d'entretenir leur dernière demeure, Ker Ael. Ainsi, Lucien Pradon le Bosco, Léo Mottier, Henri Berthevin l'Andouille, Blancheterre, Paradis, Madeleine, à tour de rôle, font de brèves visites. L'un allume les lumières, aère, l'autre sort un livre dans la bibliothèque pour en lire un passage à voix haute, faire jouer un peu de musique, et ainsi de suite, plusieurs mois durant. Après tout,
une promesse est
une promesse.
Dès les premières pages, on reconnaît le style de l'auteur,
Sorj Chalandon. Des phrases bien tournées, avec un brin de poésie, en tous cas d'une précieuseté certaine, sans fioritures ni excès, mais ô combien belle ! Intriguant, mettant en scène des personnages aux premiers abord simples mais dont on découvre rapidement, au fur et à mesure, toute la complexité et la richesse. Des personnages au passé pas nécesairement trouble mais pas aussi ordinaire non plus. Surtout, rempli de petits détails qui ajoutent à leur crédibilité.
En effet, les échanges entre les amis, les tranches de vie livrées par la narration, nous permettent d'en apprendre un peu plus sur les différents personnages, autant le couple Pradon que leurs amis. Et, en même temps, un peu sur les habitants du village de Mayenne où ils vivent. Petit moment agréable, sans plus, ce n'est pas comme s'ils étaient si typés, non (quoique, quand je pense à Clara...), nous nous retrouvons dans un village comme tant d'autres. Donc, un peu ordinaire, même si le mystère et l'intrigue – très habilement menée, je l'accorde – nous accompagnent un bon moment.
Ainsi, la beauté de la langue n'a pas été suffisante pour me garder captivé par
Une promesse. Ne vous méprenez pas, je l'ai lu jusqu'à la fin, et je l'ai aimé, mais quelques passages ne me sont pas restés en mémoire, mes pensées devaient vagabonder alors que mes yeux passaient rapidement sur des mots qu'ils ne retenaient pas, qu'ils déchiffraient à peine. Je reste donc un peu mitigé. Pour me plaire davantage, il manque sans doute un petit quelque chose à ce roman, peut-être une prémisse ou des rebondissements un peu plus forts.
Mais bon, ce n'est pas un thriller, pour ça, il y a d'autres des romans de Chalandon, comme ceux sur l'Irlande. Non, ici, en Mayenne, loin de l'action ou de la terreur, nous avons affaire à une oeuvre plus intimiste, presque un huis-clos. Ce qui compte, ce sont les relations entre les personnages (comment le couple Pradon a été important pour eux), leurs émotions. Surtout, leurs valeurs. Il y est question d'amitié, de fraternité, de solidarité. Tous les mots ne me sont peut-être pas restés en mémoire, mais les émotions, oui. Un livre qui fait du bien, je suppose.