Le droit à l'existence d'Israël n'est pas ici en cause. Il serait bon que ce type de faux problème cesse d'être agité (y compris par les États arabes, à l'occasion). Compte tenu du rapport des forces régionales et mondiales, l'existence d'Israël est assurée. D'ailleurs ce n'est pas ce qui inquiète les Israéliens. En juin 1967 déjà, le pays n'était pas menacé dans sa survie, ainsi que l'ont confirmé plusieurs généraux israéliens. La confiance de la population en tsahal , l'armée israélienne, et en sa supériorité, est entière. On peut même ajouter, et ceci est une constatation, que l'attitude israélienne, en général, est vis-à-vis des Arabes (palestiniens ou non) celle de l'arrogance du vainqueur issu d'une société industrialisée, face à des voisins sous-développés. Ce que cherche Israël aujourd'hui, c'est conserver le maximum possible de territoire, ce qui portera préjudice - une fois encore - au peuple palestinien. Il n'est pas étonnant que des vainqueurs cherchent à profiter de leur victoire (l'Histoire en a vu d'autres), mais on souhaiterait que les vainqueurs, de surcroît, ne cherchent pas à se faire passer globalement pour victimes. C'est pourtant la stratégie politique à usage extérieur d'Israël, véhiculée en Occident par tous ceux qui lui sont favorables et prenant appui à la fois sur les sentiments de solidarité de la majeure partie de la diaspora juive et la mauvaise conscience des Occidentaux en général pour leur attitude passive à l'égard du génocide des Juifs d'Europe.
Le "socialisme arabe" aura été l'expression de la montée des petites bourgeoisies, capables de nationaliser tant bien que mal les hauteurs dominantes de l'économie (banque, commerce extérieur, industrie), de procéder à une réforme agraire relative (souvent génératrice d'une petite bourgeoisie rurale), mais incapables de mobiliser les masses, réduites au chômage ou au sous-emploi (voire à l'émigration), pour construire la pays, dans la mesure où ces petites bourgeoisies donnent l'image de la corruption et du népotisme et consomment une part importante du revenu national. A cet égard, leur nationalisme s'arrête à la survie du régime. C'est dans ce contexte que se pose, en cette année 1969, le problème palestinien.
Plus que tout autre peuple, peut-être, les Arabes ont été humiliés par la domination coloniale dans la mesure où ils conversaient une conscience aiguë de la grandeur de leur passé. La conservation de l'Islam, en tant qu'idéologie de résistance sauvegardant leur identité, est un moment de la conscience arabe et comme tel il implique, entre-mêlées, l'idéologie de la résistance et celle du conservatisme, obstacles à l'esprit scientifique et rationaliste nécessaire au démarrage économique. L'exaltation passionnée de l'unité est la réaction contre la balkanisation imposée par la domination coloniale.
Par l'action conjuguée d'Israël et des Palestiniens, certains des régimes du Proche-Orient se trouvent menacés. Il est néanmoins peu probable que la résistance palestinienne puisse, seule, modifier de façon radicale la situation de la région, compte tenu de la nature du mouvement national. Mais la lutte des Palestiniens dépasse ses promoteurs dans la mesure où elle mobilise les masses arabes; aussi, certains nationalistes arabes ont-ils reporté sur la résistance palestinienne les espoirs qu'ils avaient mis naguère dans le nassérisme ou le baasisme.
En Afghanistan:
"L'imposition du "socialisme" par des chars étrangers soutenant un régime sans base sociale est violemment rejetée. Le recours au religieux est l'expression d'une idéologie de résistance au nom de l'identité. Beaucoup de cadres de la résistance qui, il y a seulement deux ans, à Kaboul, ne pratiquaient plus guère les rites religieux, se sont ostensiblement remis aux cinq prières quotidiennes. Il n'y a pas, c'est un fait, de conscience nationale afghane. Jusqu'à aujourd'hui, le point de référence a été la religion et le groupe tribal pour la majorité de la population, mais le nationalisme, ici comme ailleurs, trouve un terrain de développement favorable lorsqu'il est avivé par la domination étrangère. "
Echange entre Gérard Chaliand, géostratège, aventurier, écrivain et Xavier Fos, président de stratégies françaises. Le spécialiste des relations géopolitiques répond à de nombreuses questions, dans un grand entretien.
Gérard Chaliand, dont Hubert Védrine estime que c’est l’un des meilleurs géostratèges contemporains, évoque la Russie de Vladimir Poutine et la situation en Ukraine. Gérard Chaliand a accepté de répondre à nos questions. Quelle va être la conclusion du conflit en Ukraine ? Quelles conséquences a ce conflit sur l’OTAN ? Pourquoi le reflux de l’Occident est inéluctable ? Xavier Fos interroge l’auteur de plus de 60 ouvrages de stratégie militaire, de géostratégie. Gérard Chaliand revient sur la situation politique aux Etats-Unis (Biden vs Trump). Xavier Fos, président de stratégies françaises fait l’interview de Gérard Chaliand. L’écrivain décrit les spécificités de l’Afghanistan et les raisons pour lesquelles ce petit pays a réussi à repousser l’URSS et les Etats-Unis . Gérard Chaliand parle du conflit entre Israël et le Hamas. Le poète rencontre le club stratégies françaises. Gérard Chaliand explique son expérience au Moyen Orient, et notamment auprès des kurdes. Il évoque l’amour à travers les continents. Le spécialiste du monde nous explique le cheminement de la passion amoureuse. Il raconte comment la poésie a éclairé sa route. Gérard Chaliand explique ses origines arméniennes et le rapport qu’il a à ce pays natal.
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