C'est une de mes premières lectures de SF, et la relecture s'est très bien passée.
Un jeune homme et une jeune femme sont envoyés en mission sur d'autres mondes par Asmodeus Mogart. Ne vous fiez pas trop à ce mauvais jeu de mots rappelant un compositeur, le récit est assez "premier degré", ce qui n'empêche pas une certaine légèreté par ailleurs.
Le contexte très SF (la Terre menacée par un astéroïde, l'existence de mondes parallèles) camoufle en réalité un aspect très "fantasy", puisque plusieurs des mondes visités sont technologiquement peu avancés et souvent régis par la magie.
D'ailleurs la couverture française, un paysage désolé avec l'astéroïde en arrière-plan, le tout sur fond de papier glacé Albin Michel, est totalement différente de celle de l'édition originale, qui a un cachet fantasy.
De plus j'ai un petit faible pour les romans qui contiennent les deux, SF et fantasy...
Toutes ces raisons font que je mets 4 étoiles pour ce roman d'un auteur très peu traduit chez nous.
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Une approche assez extraordinaire de la liberté des hommes face à leur destin. J'ai adoré le clin d'oeil au monde Lovecraftien à un moment donné du récit. Un monde multimonde bien ficelé et dans lesquelles les aventures sont très très agréables à lire. J'ai adoré l'originalité et la passion de le lire qui se déclenche des les premières pages.
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Asmodeus Mogart était saoul, pas assez saoul à son goût, mais bien trop pour que quiconque pût s’accommoder de lui. Ce n’était pas très important, cependant ; même si le petit bar de Reno était toujours là, Mogart était resté un peu hors phase, juste assez, en fait, pour être toujours dans le plan d’existence qui lui avait été assigné, mais avec une vitesse temporelle accélérée. Ce qui lui donnait totalement accès à l’alcool en stock dans le bar, tandis que les quelques personnes présentes et l’holocauste qui se préparait dehors semblaient immobilisés. C’était évidemment une illusion, et il le savait ; mais c’était une illusion agréable.
Les moyens utilisés et le matériel requis vous paraîtraient de la magie noire. Je suis bien placé pour le savoir – je crois bien que je suis le modèle de la plupart des diables et démons de ce monde-ci. Donc, pensons-y comme à de la magie, une complète magie. Votre science se consacre à découvrir le fonctionnement des choses, et c’est une façon confortable de faire de la recherche – mais tout cela revient nécessairement à déterminer les lois artificiellement établies pour cet univers par le département des Probabilités. Ces lois ne sont pas valables partout. Ne prenons donc rien pour acquis, et acceptons tout cela comme étant de la magie.
Un beau gros astéroïde passant très près de la Terre. Quelle chance ! On allait voir, on y découvrirait d’énormes richesses minières – un vrai trésor, avait-on dit. Filant vers le Soleil en une orbite parabolique funeste qui l’amènerait trop près du brasier. Il serait réduit en cendres, toute cette richesse perdue. Combien plus intéressant de relever le défi, d’essayer d’en faire un nouveau satellite de la Terre, assez éloigné pour qu’il ne cause pas de dégâts, bien sûr, mais assez proche pour pouvoir être miné et exploité facilement par une Terre dévastée.
Les lois sont très simples, et fondamentales – le péché est défini par ces règles comme tout ce que vous pensez être un péché, dans certaines limites, évidemment. On tient compte de la folie, et tout un ensemble de règles sociales, apprises dès le berceau, définissent ce qu’est la conscience claire. La différence est que si vous commettez un péché, dans votre petit coin, vous pouvez vous sentir coupable, mais ici le péché reçoit immédiatement une punition divine. Merveilleuse expérience de conditionnement pavlovien…
Quand la fin du monde est proche, et que vous n’avez plus aucun espoir, vous vous asseyez dans un bar, vous écoutez un fou ivre, et vous le prenez au sérieux. Ça ne pouvait pas faire de mal, ils commençaient à être plus qu’un peu ivres eux-mêmes.