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Jean Chalon (Autre)
EAN : 9791095066361
240 pages
Editions La Coopérative (19/03/2021)
3.8/5   5 notes
Résumé :
Romancier, journaliste, critique littéraire influent, Jean Chalon a connu le succès avec une série de biographies consacrées à des femmes célèbres, de Natalie Barney à Colette en passant par Alexandra David-Néel, George Sand, Marie-Antoinette ou Liane de Pougy, ainsi que par la publication de plusieurs volumes de journaux intimes notamment son Journal de Paris, témoignage irremplaçable sur la vie mondaine et intellectuelle de toute une époque. Jean Chalon nous revie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique

Si Claire Fourier déclare « ne compter que les heures heureuses », Jean Chalon a adopté un viatique quasi semblable : « je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses ».

Jean Chalon ayant travaillé à la rubrique du « Figaro littéraire », comme Bernard Pivot, il a connu de nombreuses personnalités dans le milieu . Par ailleurs ses biographies ont remporté un franc succès. Dans cet ouvrage, dédié à celui qu'il appelait « son soleil », il ressuscite des écrivaines qu'il a connues, lues, fréquentées, admirées,d'où les anecdotes croustillantes qu'il a cueillies.
Il décline une galerie d'une quarantaine de portraits féminins, enrichie de collages, de photos.
Difficile de les citer toutes. Des femmes généreuses, mondaines, certaines aimant le divin nectar apprécié aussi d'Amélie Nothomb, d'autres dotées de l'art de recevoir.

Il a même correspondu avec celle qui ouvre le bal, Natalie Barney, une éternelle conquérante devenue son égérie. le biographe se remémore leurs rencontres en tête à tête. Lors des soirées qu'elle organisait, il a connu la princesse Bibesco qui l'a invité à son tour et lui a confié un flot de souvenirs ! le journaliste s'est improvisé secrétaire et a été chargé de trier la correspondance de l'Amazone. On trouve ,insérée, une lettre de celle-ci à Apollinaire et la réponse de ce dernier déclinant l'invitation.

Il a participé aussi aux réunions dans le salon bleu de Verrières, organisées par Louise de Vilmorin, «  une Sévigné du téléphone », que Jean Cocteau surnommait «  Radio Loulette». Il a endossé le rôle de page, « d'escort-boy » pour des sorties au théâtre, des vernissages, des cocktails! Mais cela semblait insupporter Malraux. Jalousie ? le confident de ces dames divulgue d'autres témoignages concernant «  le papillon et l'éléphant », glanés lors de déjeuners avec Pierre Bergé ou auprès de Iolé, la gouvernante de «  l'hermine ».
Il a fait partie d'une société plus secrète fondée par Josée Chambrun, aux invités prestigieux.Une maîtresse de maison hors pair, qui lui livrait trois mirabelles tous les ans !

Il a eu également le privilège d'accompagner Florence Jay-Gould à Séville, lui l'hispanophone.
Ce jeune homme charmant ( voir photo page 187), qui rédigeait reportages, interviews, critiques, devint un des dévots d'Anaïs Nin, «  la sobre sylphide » célèbre pour son journal , qui se distinguait par sa grâce.
Son ami Karl Lagerfeld le mit en garde : « Il vaut mieux ne pas fréquenter les monuments », lui confia-t-il, après l' émission radio à laquelle le biographe de Chère George Sand était convoqué en même temps que Sagan, une rencontre sans lendemain !

Jean Chalon sensible à la poésie de l'irremplaçable Anna de Noailles , à « sa prose pleine d'harmonie », porte ses publications aux nues. Quant à son idole Colette, il se glisse dans sa peau et imagine la réponse qu'elle aurait pu adresser à Cocteau, avec un tel brio que l'on croirait entendre « la scandaleuse » en personne !
Autre déesse incontournable : Lola Florès, la chanteuse-danseuse andalouse qui a ensorcelé l'étudiant qu'il était à Barcelone ! L'admirateur inconditionnel lui a d'ailleurs consacré une hagiographie et le diariste cite une page de son Journal de Paris où il revient sur sa rencontre inespérée avec « La pharaonne » qui l'avait tourneboulé au point de prendre un calmant !

Beaucoup de ces femmes , de ces déesses françaises ou étrangères, volages, certaines lesbiennes, furent des séductrices, à l'exception de la poétesse Marie-Noël dont le compagnon était Dieu.


Cette fréquentation assidue des « dames » lui a attiré les moqueries de Karl qui se demande, comme d'autres, «  s'il n'est pas lesbien lui-même » ! Des dames «  au coeur tellement anglais », d'autres « au coeur innombrable ». Quelle vie riche et intense !

Revenons à la photo en couverture, car en arrière plan se dresse le Mont Ventoux si cher à Jean Chalon ! Violette Leduc, qui venait de s'acheter une maison avec vue sur « ce phare protecteur », l'aura-t-elle idolâtré, elle aussi ? Ses tenues extravagantes ont fait couler l'encre ! Voici l'auteure de la Bâtarde devenue déesse de la mode.

Le natif de Carpentras , l'adorateur du Ventoux, croque ses amies provençales sans oublier les femmes de sa famille et ne cache pas sa préférence pour sa soeur aînée, Juliette, qui a été comme une seconde mère, le veillant quand il était malade. Une marraine bien-aimée, qui l'intriguait par sa façon de soigner sa peau : « elle mettait des rondelles de concombre sur son front, se frottait les joues avec des fraises ». Douze années de différence. Pieuse, elle lui a enseigné le catéchisme en vue de sa première communion.
« Yette » a endossé aussi le rôle de soeur de lecture, aiguisant sa curiosité, l'initiant à la littérature jeunesse ,une porte ouverte sur la comtesse de Ségur …
Touchante scène de les imaginer lire « main dans la main ». Elle a ainsi contribué à développer très tôt, son goût pour la lecture. C'est elle qui lui a mis dans les mains les Claudine de Colette et les aventures d'Alexandra David-Néel. Ces livres ont dû provoquer le déclic de la vocation de Jean Chalon ! D'ailleurs depuis, il rend un culte permanent à Colette,
et avoue ne pas concevoir sa vie sans elle. Il célèbre aussi Pauline Tissandier, dévouée et méritante gouvernante de la baronne De Jouvenel.

Le résident de Batignolles consacre des pages à celles qu'il a croisées au square de ce quartier, qui « a gardé quelque chose de provincial ». Il peut être fier d'avoir été reconnu comme « l'ami des arbres » par l'académicienne Marguerite Yourcenar en qui il voyait justement un arbre ! Toutefois, il commit un impair qui « lui valut une volée de bois vert » !


Un des atouts de cet ouvrage, c'est qu'il peut se lire selon ses attirances, des personnalités des plus célèbres aux noms inconnus. Autre plus, si vous êtes gourmand, vous pourrez confectionner la recette d'un entremet au chocolat, crée par Mapie de Toulouse-Lautrec (1) devenu « le gâteau de Jean Chalon, le péché mignon du « mémorialiste » !

Notre hagiographe peut se targuer d'avoir dans ses archives des photos rares, précieuses, aux côtés de ses égéries ( Anaïs Nin, Louise de Vilmorin…) ! Ce qui enrichit la lecture.

Jean Chalon livre un aréopage époustouflant qui permet de faire découvrir ces femmes exceptionnelles dont les noms / ont traversé le siècle/sont gravés à jamais. Époque révolue !
Une invitation à lire ces écrivaines mais aussi l'auteur, à la bibliographie impressionnante.
Merci à lui d'avoir ouvert son tiroir aux souvenirs, émaillés d'humour. Par cet ouvrage, il paye sa dette envers toutes celles qui lui ont prodigué des trésors de sagesse, l'ont pris comme confident, lui ont accordé des voluptés d'amitié. On en jalouserait ces privilèges !



(1) : soeur de Louise de Vilmorin , connue pour ses chroniques culinaires


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Formidable cadeau que nous fait Jean Chalon à travers son dernier opus, véritable ode à la littérature française et à ses femmes écrivains. Avec brio et humour, l'auteur nous conte la vie, les bons mots mais aussi les drames des femmes écrivains françaises qu'il a côtoyé. Je recommande ce livre aux amoureux de la littérature française et de sa petite et grande histoire.
Jean Chalon en est le gardien du temple.
Sans doute que les Immortels du Quai Conti honoreraient la mémoire de toutes les autrices de notre pays en accueillant en son sein leur confident et ami, qui est aussi un grand auteur tiré à des millions d'exemplaires de par le monde.
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Je connaissais Jean Chalon pour ses critiques dans Le Figaro littéraire, mais je découvre un ** écrivain ?** & pas des meilleurs.

Il dresse ici de petits portraits de femmes qu' il a connu ou non, Celles qu' il a bien connu dans les années 60 sont souvent des demi-mondaines richissimes bien sûr qui accumulent les amants, les maitresses & souvent les bijoux , oeuvres d'art. Certaines étaient de grandes horizontales qui par leurs charmes ont passé facilement l après collaboration

Pour certains portraits J ai eu l impression de lire une chronique de potins et ragots mondains
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C'est mon premier livre de Jean Chalon mais pas le meilleur semble-t-il !
C'est une succession de portraits de femmes qu'il a connues, pour la plupart.
Des portraits mondains, en grande partie, loin d'être toujours objectifs, dans lesquels il se met avant tout en avant.
Autant j'y ai trouvé un peu d'intérêt dans les premiers portraits, que la fin m'a semblé inutile.

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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
La dame aux parfums

Jean Cocteau disait volontiers qu'il ne fallait pas employer le mot bonheur au singulier, mais au pluriel. Ce qui vaut pour le bonheur, vaut également pour le parfum. Le parfum n'existe pas, il n'y a que les parfums multiples, insaisissables, , mais qu'Anna de Noailles, que je me plais à citer sans cesse, avait su enclore dans ses poèmes. Dans ses Eblouissements, elle voulait composer une pâte d'odeurs:

Je voudrais faire avec une pâte de fleurs
Des vers de langoureuse et glissante couleur,
O^ù la rose d'été, l'oeillet et le troène
Répandraient leur arôme et leur douce migraine.
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Lola Florès dont les yeux reflétaient la lumière de l'Andalousie

Lola Flores incarnait alors par ses chansons et par les danses cette Andalousie à laquelle je rêvais depuis mon enfance.
Quand , dans l'une de ses chansons, Cuna cani, j'entendis Lola Florès affirmer: " La lumière de l'Andalousie brille dans mes yeux de sultane", il ne me restait plus qu'à me fondre dans la masse de ses innombrables dévots qui fredonnaient inlassablement El lerelele ou Pena, penita, pena,
Cette déesse, qui , pendant plus d'un demi-siècle régna , à sa façon, sur l'Espagne et l'Amérique du Sud, ne laissait personne indifférent. Elle brillait comme un soleil. C'est parce qu'elle était ce soleil vivant que je m'en suis toujours éloigné, ne voulant pas connaître le sort d'Icare, et étant suffisamment brûlé en ma qualité d'admirateur inconditionnel.
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Anaïs (Nin) m’avoua son âge :
Je ne sus que répondre à cette interrogation et, profitant de mon silence, Anaïs se lança dans ce monologue  :
- Oui, au fond, je me demande si je sais vraiment ce qu’est l’amour. Je crois que je n’ai eu que des amitiés très passionnées. Je n’ai jamais fait la guerre à l’homme. Et puis, qu’est-ce qu’un homme ? Un enfant qui a des ennuis et qu’il faut consoler. Une femme, qu’elle le veuille ou non, doit être pour l’homme une seconde mère. Elle est née pour l’union et pour la communion. Une femme seule, ce n’est pas un beau spectacle… Freud prétend que les femmes veulent être des hommes. Il se trompe. Certes, il y a des dames qui, pour s’affirmer, ont besoin de porter un pantalon. Moi, je n’ai jamais porté de pantalon. Je préfère une robe et une cape qui me rend différente des autres. Je n’aime pas le style anonyme.
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Dans les années 60, il était bon de se moquer d'Anna de Noailles et de ses déclarations...
Quand j'osais affirmer que je donnerais toute l'oeuvre poétique de Paul Valéry pour une seule strophe d'Anna de Noaillles, je ne récoltais que des huées, et parfois même des injures. Ni les huées, ni les injures ne pouvaient entamer ma conviction profonde que nous avions en l'auteur des Forces éternelles l'un des plus grands poètes, qui commence lentement à sortir de son injuste purgatoire. Curieusement Anna de Noailles renaît grâce à l'un de ses ouvrages en prose, Exactitudes, que viennent de réimprimer les éditions de la Coopérative.
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Florence Jay-Gould avait été pendant les années vingt, trente, quarante, et même cinquante, une sirène avide de beautés diverses, ne résistant jamais à un bel homme ou, parfois, à une belle femme. Elle confessait volontiers : "J’ai couché avec le Bon Dieu et le Bon Dieu m’aime". Cette pécheresse jamais repentie ne s’était pas contentée de coucher avec le Bon Dieu.
La liste de ses amants est interminable et ressemble à un catalogue de notre littérature. De Paul Morand à Jules Roy, ils sont nombreux les écrivains qui ont succombé aux charmes de celle qui passait pour être l’une des femmes les plus riches du monde. Ce qui faisait dire à Cioran : "On vous supporte parce que vous êtes milliardaire, mais vous n’avez rien dans la tête".
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