Depuis que j'ai découvert les romans de
Cédric Cham, chaque fois que j'en commence un nouveau je crains le pire, et... je ne suis pas déçu.
En fait de nouveau roman, je me suis attaqué à «
La promesse », sa première oeuvre, après avoir lu les trois suivantes. Je remercie au passage Cédric de m'avoir permis cette acquisition tardive d'un livre sorti tout droit de son stock personnel.
Je m'attendais une fois de plus à un roman bien sombre de la part de cet auteur au rire pourtant communicatif. Et donc, pas surpris d'un prologue qui place de suite le lecteur dans une ambiance qui s'annonce des plus festives, avec le suicide raté de Samuel, flic qui n'a pu protéger sa femme assassinée sous ses yeux, et son réveil après quelques mois de coma.
La narration est en partie faite par Samuel. Son récit ménage le lecteur le temps de sa reconstruction physique et surtout psychique, temps qu'il met à profit pour se décider sur son futur, avant de finalement faire le choix de savoir qui et pourquoi, et de se lancer dans la seule option qui lui semble envisageable pour garder une raison de vivre : la vengeance.
Rien de bien neuf dans l'intrigue, un personnage qui se transforme en implacable justicier à la
Charles Bronson n'est pas ce qu'il y a de plus original, et ce qui importe est le traitement que l'auteur en fait.
Le moins que je puisse dire, c'est que
Cédric Cham ne s'embarrasse pas de nuances, tout est très noir, pas d'occasion de se réjouir. le style est à l'avenant, concis, direct. On a droit à du brutal, sans concessions, la quête de l'ancien flic ne souffrant aucune pitié, aucune faiblesse. Seules quelques touches lumineuses éclairent un peu cet océan de noirceur, lorsque Samuel raccompagne la jeune Jessika avec un K jusque chez elle, ou lorsque apparaît furtivement un rouge-gorge peu farouche.
Les lieux renforcent encore si c'est possible le côté obscur. Une ville, avec un fleuve, des docks, des hôtels un peu crades, des boîtes de nuit bien glauques où se défoule la faune interlope locale. Une ville dans laquelle se plonge Samuel avec comme piste de départ l'identité d'un des meurtriers de sa femme, ce qu'il espère être suffisant pour tenir sa promesse et retrouver la trace de tous les agresseurs. Une ville où, telle une ombre, un tueur aussi discret qu'efficace suit une route qu'il est préférable de ne pas croiser.
J'ai été très impressionné par ce premier roman de
Cédric Cham, chorégraphie violente et sanglante magistralement mise en scène, servie par une écriture sobre d'une rare efficacité, superbe performance de roman noir.