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Critique de Lenocherdeslivres


Voilà une cité construite à flanc de montagne et qui étend ses pieds dans la mer. Gigantesque, elle est divisée en de nombreux quartiers, petits duchés aux armoiries particulières, aux buts différents, aux intérêts propres. D'où des rapprochements et des trahisons, des coups en douce et des alliances à base de mariages arrangés. Et au milieu de tout cela, Nox, jeune garçon recueilli dans son plus jeune âge par la maison de la Caouane, dont l'emblème est la tortue de mer. Nox, qui passe ses journées à livrer à travers sa cité les marchandises de l'épicerie Saint-Vivant. Nox qui a passé son enfance sous terre, lui et sa soeur Daphné, les deux Suceurs d'Os.

Gemina, la cité où se déroule tout le roman est impressionnante de vie, de mouvements, de goûts, de couleurs, d'odeurs. Guillaume Chamanadjian l'habite totalement et nous y plonge dès les premières lignes. On est envahi par les bruits et les cris, le rythme trépidant. Elle est bien le personnage central de l'histoire. Avec ses quartiers si proches et pourtant si éloignés, car aux mains de dirigeants qui se haïssent ou, pour le moins, ont des besoins et des intérêts autres. Avec son architecture resserrée tant la place manque, ses murets et ses maisons instables, des vignes plantées à la verticale le long des murs pour gagner de l'espace. Avec sa répartition pas toujours facile à saisir, même pour certains habitants. Avec ses coutumes, ses groupes. Comme la Recluse, seul maison autorisée à effectuer les travaux dans la cité. Et, peu à peu, on comprend pourquoi. Car cette ville se découvre au fil des pages. On est balancé au milieu de son agitation avec Nox et ce dernier nous sert de guide, de chapitre en chapitre. Un procédé classique, mais qui fonctionne bien une fois de plus.

Et donc, c'est à Nox que Guillaume Chamanadjian attache nos pas. Et, en tout cas pour moi, c'est une bonne pioche. Ce jeune homme, un peu trop petit par rapport à ses amis, rapport à son enfermement dans les caves pendant sa jeunesse (pour en savoir plus, il faut lire le roman, je ne vais tout de même pas tout raconter) devient tout de suite sympathique. Rien que son adresse dans ses déplacements, lui qui connaît la moindre ruelle, le moindre raccourci (qu'il soit terrestre ou aérien, car Nox n'hésite pas à sauter les murs, escalader les toits et sauter par-dessus les obstacles), fascine. Et aussi ses liens avec les autres habitants, le sourire aux lèvres, toujours, un petit mot gentil. Il est un hôte charmant et parfait. Et le mystère de ses origines, révélé par petites touches renforce l'attirance que l'on ressent pour lui. On veut comprendre qui il est, d'où il vient et quels sont les enjeux qui le cernent.

Mais bien sûr, tout cela ne peut continuer ainsi. La plongée dans cette nouvelle cité (enfin, nouvelle pour nous, car elle est ancienne, cette ville, très ancienne) ne suffit pas à faire un roman. Et l'auteur se charge de nous distraire avec des intrigues et de l'action en nombre suffisant. Nox, de par sa naissance et son enfance, se retrouve au centre de nombreux intérêts qui vont rapidement le rattraper et, malheureusement pour lui, qui ne correspondront pas forcément à ce qu'il désire. Les contingences vont lui tomber dessus avec la force d'un pan de mur qui s'écroule.
Je peux ajouter, sans trop en révéler, que Nox se découvre également un lien particulier avec la cité. Un don, peut-être, extraordinaire et, en même temps, terriblement dangereux, dont il ne sait trop quoi faire au début. Et qui va ouvrir des tas de questions. Pour lui et, par voie de conséquence, pour nous. Et ainsi préparer la suite de cette histoire, annoncée comme une trilogie. Oeuvre particulière, car elle sera en principe écrite à quatre mains. Guillaume Chamanadjian s'occupe de Gemina, cette « Capitale du Sud », tandis que Claire Duvivier (qu'on connaît pour son Long voyage, paru en 2020) s'attaque à Dehaven (dont on parle dans le Sang de la cité), avec la trilogie « Capitale du Nord » : Citadins de demain devrait d'ailleurs paraître début octobre.

Le Sang de la cité a été pour moi une vraie lecture plaisir. J'ai aimé me laisser porter par Guillaume Chamandjian à travers les ruelles de Gemina. J'ai aimé les habitants de cette ville, avec leurs enthousiasmes et leurs faiblesses, leurs dégoûts et leurs désirs. J'ai aimé suivre les pas de Nox à travers sa cité et dans les méandres de la société. J'ai aimé découvrir les mystères placés comme des petits cailloux sur mon chemin par l'auteur. Et j'aimerai me plonger à nouveau dans les aventures de ces capitales, qu'elles soient au nord ou au sud.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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