AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Capitale du sud tome 3 sur 3

Editions Aux Forges de Vulcain (Autre)
EAN : 9782373056952
528 pages
Aux forges de Vulcain (07/04/2023)
4.47/5   239 notes
Résumé :
Nox, ancien commis d’épicerie devenu négociateur de la maison de la Caouane, doit quitter la ville de Gemina suite à des événements terribles. Accompagné de son ami Symètre, il arrive enfin au domaine de la tour de Garde, où il veut construire un havre de paix, loin des machinations de la Cité.
Des nouvelles amitiés et des rencontres inattendues lui permettront de se lancer dans cette aventure, mais l’influence de Gemina s’étend bien au-delà des enceintes de... >Voir plus
Que lire après Capitale du Sud, tome 3 : Les contes suspendusVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (46) Voir plus Ajouter une critique
4,47

sur 239 notes
5
35 avis
4
3 avis
3
4 avis
2
1 avis
1
0 avis
Dernier volet de la trilogie de Guillaume Chamanadjian consacrée à la ville de Gemina, « Les contes suspendus » nous offre une avant-dernière incursion dans l'univers de la Tour de Garde. Un univers qu'il partage avec l'autrice Claire Duvivier à qui reviendra donc le mot de la fin lors de la parution en octobre prochain de « L'armée fantoche », ultime volume de sa propre trilogie dédiée à une autre cité, Dehaven. Plutôt léger jusqu'à présent puisque se réduisant à quelques rumeurs concernant la situation politique de chacune des deux villes ou à une poignée de rencontres avec des personnages quittant la première cité pour rejoindre la seconde, le lien entre les deux trilogies se ressert bien plus étroitement ici. On assiste en effet à une imbrication remarquable entre les deux trames narratives du Nord et du Sud, notamment via la rencontre entre les protagonistes de chacune des trilogies, Nox et Amalia. Après avoir quitté le coeur palpitant de la cité pour s'exiler dans l'entre-deux mur dans le tome précédent, voilà que notre héros se retrouve désormais à des kilomètres de Gemina. Les événements narrés à la fin de « Trois lucioles » ont en effet laissé des traces sur Nox qui, par choix autant que par nécessité, s'exile de sa cité, à présent en proie à la guerre civile. Désormais propriétaire du domaine de la Tour de Garde, le voilà prêt à repartir de zéro, toujours en compagnie de son ami Symestre, ce qui n'est pas sans rappeler une partie de l'intrigue du deuxième tome. le sentiment de redite est toutefois vite balayé par le vent de fraîcheur qui souffle sur ce nouveau décor dans lequel nous allons donc assister à la rencontre tant attendue entre Nox et Amalia. On est vite captivé par ce territoire vierge où tout semble possible, que ce soit en terme d'aménagement et d'architecture grâce au talent de bâtisseur de Symestre, mais aussi d'organisation sociale, aucun des deux protagonistes ne souhaitant reproduire les erreurs politiques qui bouleversèrent respectivement la vie de leur cité et celle de leurs proches. Très vite, Nox va toutefois être rattrapé par les intrigues de Gemina, ses personnalités les plus influentes n'ayant de toute évidence pas digéré son départ et les coups d'éclats qui l'ont précédé, à commencer par sa redoutable et imprévisible soeur.

L'imbrication des deux trames narratives n'empêche néanmoins pas l'intrigue de ce troisième tome de se suffire à elle-même et de trouver sa propre conclusion. Amalia reste relativement peu présente ici et quitte d'ailleurs complètement la scène dans la dernière partie pour, on le devine, mettre un terme à sa propre partie à Dehaven. En ce qui concerne Nox, son absence de Gemina ne l'immunise pas, et de loin, contre les intrigues des ducs et duchesses, si bien que, en dépit de son exil, le jeune homme va avoir un rôle à jouer dans la guerre civile qui ravage la capitale du sud. le nouveau décor de la Tour de Garde va également lui fournir l'occasion de se livrer à une sorte d'expérimentation sociale, une utopie en apparence d'une grande simplicité mais qui va se révéler difficile à instaurer et, surtout, à préserver. Ce questionnement politique apparaît en filigrane dans l'ensemble des tomes de la série et invite à réfléchir sur les différents fonctionnements possibles en terme de répartition du pouvoir ou d'organisation sociale, mais aussi sur les inégalités sociales qui sont aussi criantes à Gemina qu'à Dehaven, bien que les systèmes instaurés ne soient pas les mêmes. Sans être particulièrement poussée, la réflexion n'en demeure pas moins bienvenue dans le sens où elle apporte un vent de fraîcheur sur un paysage politique jusqu'à présent très classique reposant sur de puissantes familles se livrant à une guerre sans merci pour le pouvoir. On sort complètement de cet archétype ici, et cela fait du bien d'étudier quelles pourraient être les alternatives possibles, impliquant cette fois l'ensemble du corps social, y compris les plus modestes tels que les réfugiés. Bien que fictionnelle toute oeuvre littéraire reste le reflet de son époque, et c'est donc sans surprise que l'on voit ce dernier tome traversé par des problématiques finalement très actuelles, bien qu'ici transposées dans un monde de fantasy, qu'il s'agisse des alternatives politiques à construire ou de l'accueil réservé aux migrants, problématique traitée ici avec beaucoup de tact et d'humanité par l'auteur.

L'autre grande thématique qui imprègne ce troisième volume tient à la puissance que peut acquérir un récit, notamment un récit commun fondateur. Guillaume Chamanadjian se livre là encore à une belle réflexion et la met concrètement en pratique dans son histoire, et ce de la plus astucieuse des manières. Ce contexte lié à l'omniprésence des contes et des figures mythiques participe évidemment à renforcer la présence du surnaturel qui occupe ici une place prépondérante dans l'intrigue dans laquelle il parvient à s'insérer de façon très naturelle. Plein de rebondissements, le récit se révèle surprenant et captivant de bout en bout, quand bien même certaines révélations étaient attendues depuis longtemps. C'est notamment le cas en ce qui concerne la Tour de garde, jeu de stratégie populaire aussi bien à Gemina qu'à Dehaven qui donne son nom à la série et dont on présentait depuis le début qu'il allait revêtir un rôle clé dans l'intrigue. Et de ce point de vue là, le lecteur ne sera pas déçu ! Outre la qualité de l'histoire, on peut également saluer celle des personnages, à commencer par Nox qui campe un héros toujours aussi attachant. Un brin naïf, sociable, fin gourmet, le commis d'épicerie charme par son humilité et son empathie, se démarquant là encore d'un certain archétype omniprésent en fantasy. La multitude de personnages qui gravitent dans son entourage est d'ailleurs la preuve de l'intérêt qu'il porte aux autres puisqu'il prend la peine de partager aussi bien ses discussions avec d'influents personnages que ses rencontres avec des individus plus modestes dont le rôle dans l'intrigue se révélera parfois presque anecdotique mais qui, pour une fois, sortent de leur invisibilisation permanente. Un mot, pour finir, sur la plume de Guillaume Chamanadjian qui s'avère toujours aussi plaisante et acquière même ici une plus grande ampleur, peut être justement en raison de la réflexion à laquelle il se livre concernant la puissance d'évocation du conte et les ingrédients qui font qu'une histoire reste dans les mémoires.

Avec « Les contes suspendus » Guillaume Chamanadjian nous livre une belle conclusion à sa trilogie « Capitale du sud » dans laquelle il relate les luttes de pouvoir ayant cours dans la cité de Gemina et dans lesquelles un commis d'épicerie apparenté à une grande famille va se retrouvé mêlé. Ciselée et rythmée, l'intrigue de cet ultime volume séduit à la fois par ses rebondissements que par les nombreuses réflexions que l'utopie en formation de la Tour de Garde font surgir. Nox reste pour sa part un héros comme on en rencontre pas si souvent que cela, l'un de ceux qu'on en vient presque à considérer comme un ami et qu'on éprouve de la peine à quitter une fois la dernière page refermée. La conclusion définitive de la série paraîtra dans quelques mois, mais je crois que l'on peut d'ores et déjà considérer que « La Tour de Garde » est une oeuvre qui marquera pour un temps la fantasy française.

Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
Commenter  J’apprécie          230
Nox a donc quitté sa cité. Celle où il a passé l'essentiel de sa vie. Celle qu'il a appris à connaître comme personne et dont il ressent le souffle, les mouvements, les changements. Et le voilà en pleine campagne, isolé au milieu de rien. Entre terre et eau. Au pied de cette tour de Garde qui donne son nom à la double trilogie et dont on se doute depuis le début qu'elle va jouer un rôle central dans la résolution de ces six romans. Il en est propriétaire, légalement. Mais quand il arrive sur ses terres, accompagné de son ami Symètre, il s'aperçoit rapidement qu'il n'est pas le premier arrivé.

Pour qui a lu, ce qui est vivement conseillé, Mort aux geais ! de Claire Duvivier (soit, le deuxième tome de Capitale du Nord et donc, le quatrième de la tour de Garde), aucune surprise. On savait déjà que la rencontre entre les deux « héros » allait avoir lieu dès le début de ce volume, puisqu'Amalia était déjà sur place. Sans qu'il soit nommé, c'est bien Nox qui clôturait Mort aux geais ! par sa phrase définitive quant à sa prise de possession de ce lieu. Et on retrouve le jeune homme au début des Contes suspendus, se demandant ce qu'il va bien pouvoir faire. Ce roman est la gestation et la mise en oeuvre de ce projet encore embryonnaire. C'est la tentative de mise en oeuvre d'une utopie.

Dans ma chronique sur Trois lucioles, le précédent volume de cette trilogie, je m'agaçais légèrement devant l'incapacité de Nox à prendre des décisions et son attitude plutôt passive. Dans Les contes suspendus, Nox a enfin atteint sa maturité et, même s'il hésite souvent et réfléchit abondamment à la suite des évènements, il devient un adulte à part entière. Il fait des choix. Il les assume pleinement. Même s'ils sont douloureux. Même s'ils ont des conséquences graves. Même s'il ne sait pas toujours où il va. Il décide. Il prend sa place. Place de chef que les autres lui attribuent sans qu'il l'ait demandé. Mais tout le cycle le conduisait là. C'était évident. Tout ce qu'il a vécu l'a amené à cette place. Dirigeant d'une nouvelle société, ouverte, plus égalitaire. Où les décisions sont prises de façon collective (et hop, un nouveau rappel de Cité d'ivoire de Jean Krug ou d'Un pays de fantômes de Margaret Killjoy qui confirme ce que je disais dans ma chronique sur Les terres closes). J'ai aimé cette mue et j'apprécie grandement la place prise par Nox dans ce dernier récit. Ce personnage, sa fraîcheur, son honnêteté ont contribué pour une part énorme dans mon attachement à cette série. Et ce contraste avec nombre de ses opposants, ambitieux jusqu'à en écraser les autres, cruels voire proches de la folie, est d'autant plus saisissant. Sans jamais tomber dans la caricature. L'équilibre est maintenu et les protagonistes sont tous crédibles, épais par leur passé, par leurs motivations. On croit en leur réalité. On croit en leur existence. Même quand la magie est de la partie, même quand tout semble se liguer contre le héros, l'ensemble reste crédible et l'histoire envoûte.

Ainsi s'achève cette trilogie. Décidément, en ce moment, je ne cesse de finir des cycles (je sors aussi du cycle des Maitres enlumineurs de Robert Jackson Bennett). Certains lecteurices attendent avec impatience la publication du dernier opus d'une série afin de se lancer dans la lecture sans craindre de temps mort puisque tout est disponible. Mais pour moi qui ai tendance à lire les ouvrages au fur et à mesure des sorties, la déprime est proche. En effet, je vois surtout la perte des personnages que j'ai suivis depuis des mois, voire des années. Je crains avant tout l'éloignement d'un univers que l'auteur à mis tant de patience et de soin à créer et que j'ai mis quelques pages, voire dizaines de pages à appréhender et à faire mien. J'appréhende ces sorties de récits prenants et immersifs (un mot très à la mode) car j'en ressors toujours un peu sonné. Et avec Capitale du sud, le choc est bien là. Guillaume Chamanadjian a parfaitement et habilement maîtrisé ce dernier opus et il nous conduit en douceur à la fin, à la séparation. Rien de brutal, loin de là. Cependant, la densité de l'action est telle, l'intensité des relations entre les personnages est si forte que l'on ne peut que regretter de s'arrêter là. Heureusement, il reste le dernier roman de Capitale du nord qui paraîtra en fin d'année.

Je parle sans cesse de regrets depuis le début de cette chronique. C'est pour mieux insister sur la qualité de cette trilogie. L'auteur ne s'est pas contenté d'une petite histoire, sympathique mais sans ambition. Il n'a pas juste surfé sur ses bonnes idées du Sang de la cité. Il a pris des risques et s'est éloigné de la cité qui faisait tout le charme de ce roman. Il a plongé son personnage principal dans un monde totalement différent. Et c'est une réussite. La tour de Garde est un lieu que j'aimerais visiter lors d'un voyage. Il semble réel tant Guillaume Chamanadjian lui donne de la consistance, du relief, de la vie. Nox est une personne que je voudrais croiser, voire un dirigeant que j'apprécierais sans doute.

David Meulemans, l'éditeur de cette hexalogie, a osé publier une double trilogie croisée. Il a dit que pour lui, le fait que les textes soient déjà écrits dès le départ était sécurisant. Mais il s'est tout de même engagé pour trois ans de publication, six romans de fantasy française, dans un climat incertain. Je lui dois donc de vifs remerciements pour avoir pris ce risque. Et merci évidemment à Guillaume Chamandjian (et à Claire Duvivier, mais j'attends la parution de son dernier opus) pour avoir su créer de tels moments, pour m'avoir permis de m'évader avec une telle facilité et un tel plaisir. Nox s'éloigne, place à Amalia dans le troisième tome de Capitale du nord.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
Commenter  J’apprécie          264
La série Capitale du Sud prend fin avec cet ultime tome intitulé Les contes suspendus.
J'aime beaucoup ce titre. Il révèle la part de poésie et d'imaginaire qui sera toujours restée sous-jacente dans ce roman de fantasy. C'est aussi cette parenté aux contes qui m'a sans doute fait préféré Capitale du Sud à sa soeur Capitale du Nord.

Au début de ce troisième tome, nous retrouvons Nohamux et Symètre, qui après avoir fui Gemina se rendent à la Tour de Garde. Ce domaine lui vient de son père et se situe dans le Nord non loin de Dehaven.
Ils s'y installent et ne tardent pas à y dénicher des habitants clandestins qui, pour le plus grand plaisir du lecteur , ne sont autre que les héros de la série parallèle : Amalia et Yonas.
Les destins se croisent donc là à La Tour de Garde et tout prend son sens. Pour autant, Amalia et Yonas ne joueront qu'un rôle très secondaire dans l'histoire de Nox et j'ai hâte de lire le tout dernier roman afin que tous les mystères soient dévoilés et résolus.

De toute cette saga, Nox est vraiment mon personnage préféré. Il est loin d'être un héros infaillible et sa propension à tomber la tête la première dans les ennuis est impressionnante. On craint pour sa vie à tout moment et on applaudit son intelligence à se sortir de situations inextricables. Son intelligence mais aussi bien sûr son habileté surnaturelle...mais je n'en dirai pas plus.
Les autres personnages qui gravitent autour de Nox sont tout aussi intéressants et attachants. Certains, bien sûr, comme Daphné, la soeur de Nox , sont détestables mais j'ai adoré les joutes verbales entre les deux frère et soeur.

Ce que j'ai vraiment aimé, c'est aussi l'idéal de Nox. On pourrait le taxer d'utopisme mais sa façon très démocratique et généreuse d'envisager l'avenir de la Tour de Garde est tout à son honneur.

Pour conclure, je dirai que cette série est vraiment riche au niveau imaginaire et captivante de par son scénario.
C'est une très belle réussite !
Commenter  J’apprécie          230
J'avais hâte de connaitre la fin de Capitale du sud et je ne suis pas déçue !
Attention, même si j'en dis le minimum, le petit résumé peut divulguer les tomes précédents :
On retrouve Nox et Symètre alors qu'ils arrivent à la tour de garde. On sait avec la lecture de Capitale du nord qu'ils vont rencontrer Amalia et ses compagnons. Et ce n'est pas les grosses révélations attendues à ce moment là, ils sont plutôt occupés à s'installer. le début prend donc son temps, celui dont on besoin Amalia et Nox pour se remettre .Un nouveau lieu, la tour de garde, qui est à lui seul une pièce maitresse du jeu. Ce n'est qu'à la moitié du livre que Gemina et surtout quelques habitants se rappellent au bon souvenir de Nox. Et là, on se prépare, on retient son souffle car on sait qu'une confrontation avec Daphné est inévitable....et c'est pire que ce qu'on pensait ! Révélations, suspens, confrontations, légendes, on comprend enfin les liens entre les deux cités et le rôle de Nox et Daphné . C'était prenant cette fin et on se rend bien compte de la richesse de l'univers.
Reste maintenant à savoir comment tout se termine à Dehaven !
Challenge Mauvais genres 2023
Commenter  J’apprécie          191
Refermer une série, c'est toujours une émotion particulière. Déjà, parce que depuis 6 ou 7 ans cela ne m'est que rarement arrivé, une malédiction récurrente chez les libraires. Mais parfois il y a des textes, des auteurs, des circonstances. Je pense que peu importe, libraire ou pas, j'aurais continué Capitale du Sud. Parce qu'il y a ce parfum de chez moi, cette influence méditerranéenne dont je ne saurai probablement jamais me départir. Parce que Gemina c'est toutes ces villes que j'ai chevillées au corps, dans ses moments de pure grâce comme dans son quotidien bien moins reluisant. Ici, là-bas, comme sur un plateau de Tour de Garde, on joue avec nos règles propres et on passe pour des fous auprès de ceux qui viennent du Nord.

Mais revenons au Contes Suspendus, troisième et ultime tome de Capitale du Sud, par Guillaume Chamanadjian. J'éviterai tout résumé forcément spoilant, mais ce 3ème tome réussit une belle synthèse des deux premiers, tissant les motifs du premiers, gardant la tension du second, alliant aventure et complots politiques avec brio. Si Guillaume Chamanadjian nous avait démontré qu'il savait manier ces deux pôles, je trouve dans l'écriture une poésie plus fine et présente encore que dans les deux précédents volumes.

Finir une série n'est pas chose aisée et j'ai trouvé que ce volume concluait parfaitement la trilogie, rejoignant celle de Claire Duvivier, Capitale du Nord, réussissant le petit tour de force d'emprunter des personnages sans en rendre la lecture obligatoire, d'incarner leurs voix (facile néanmoins quand Claire est à côté !) et de leur laisser l'espace pour être développés dans le dernier tome de Capitale du Nord et ultime tome de la fresque de la Tour de Garde. J'ai été particulièrement satisfaite de voir se boucler indépendamment la série sans empiéter sur celle du Nord, j'avais du mal à imaginer comment ce serait fait, mais la gestion est parfaitement exécutée pour moi. Néanmoins, parce qu'elle est elle aussi brillamment exécutée, je ne peux que recommander de lire les deux premiers tomes de Capitale du Nord avant de vous lancer dans celui-ci.

Il y aura eu tout ce que j'attendais de cette fin : l'intrigue se résout pour les personnages, les mystères sont élucidés, et la fin m'a été douce amère, comme je l'aime. le coeur de Gemina comme de la trilogie était de parler de transmission orale, écrite, de ces histoires protéiformes et de leur emprise sur notre identité collective comme individuelle. Une ambition pleinement incarnée et exécutée.

Cette double série aura réussi à me démontrer que la fantasy française avait encore bien des choses à m'offrir, qui touchent à ce que la fantasy américaine lissée de ses dernières années n'aura pas forcément réussi : à parler à mes origines et mon identité, à ce fond de culture qui ne nous quitte jamais vraiment même quand on migre plus au nord ou à confondre celleux qui partagent nos vies, nous poussant à mettre du savon dans les placards ou des épices dans tout ce que l'on mange. On parle de plus en plus de fantasy "asiatique" ou "moyen orientale" mais j'avoue que si j'en suis la première amatrice, cette fantasy de l'Europe du vin et de l'huile m'est particulièrement chère.

De Gemina à la Tour de Garde j'aurai salivé, pleuré parfois, angoissé beaucoup et espéré aux côtés d'un certain gourmet sympathique que me manquera diablement. Et si je quitte avec beaucoup de nostalgie Nox, je me réjouis d'avoir ajouté ma petite pierre à ce bel édifice (quelle émotion ces remerciements, je ne saurai encore en parler) et continuerai à assommer celleux autour de moi qui ont le mauvais goût de ne pas encore s'être lancés dans un formidable voyage à ses côtés.

"Il n'y a pas de terme à certains contes. Seulement des débuts. Des commencements. Des origines. le conte a une vie propre. Il vit et meurt. Il n'est rien sans le conteur, et le conteur n'est rien, tout court."
Merci Guillaume, d'avoir si brillamment conté.
Commenter  J’apprécie          60


critiques presse (1)
Elbakin.net
22 mai 2023
Les contes, comme le suggère le titre, tiennent toujours une place non négligeable au cœur de la narration. Ils sont une trame de fond, un rappel du passé lointain et un fil rouge qui relie les trois volumes de cette trilogie.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Comment tisser un conte qui s'écrivait jour après jour, qui ne devait pas s'achever, mais demeurer suspendu dans l'imaginaire des occupants du domaine, quelque part entre ma brume et leur quotidien ?
Commenter  J’apprécie          70
Frivoles et naïfs, souvent oublient les enfants
Respect, obéissance sont dus aux parents.
Commenter  J’apprécie          160
« Tu sais ce qu’il te faudrait  ? glissa Symètre, narquois. Un bon poulet bien gras, rôti à la broche. »
Je poussai un gémissement. Rien qu’à cette idée, mon estomac émit une protestation sourde. Pourtant, c’était au moins la quinzième fois que cette plaisanterie sortait de la bouche de mon ami. Il fallait croire que mes organes étaient imperméables au comique de répétition.
« En tout cas, reprit-il, moi je mangerais bien un bon poulet pour fêter notre arrivée, si tant est qu’on puisse en trouver dans cette partie des Territoires. »
Trop faible, je ne tentai pas de le corriger. On ne disait pas « les Territoires » lorsqu’on se trouvait dans les Territoires. Les lieux-dits avaient des noms éloquents, comme Val-de-Bouc ou Bourbier-le-Petit, et ces noms étaient employés. « Territoires », c’était un terme de Géminien qui présentait le double défaut de, petit un, nous dénoncer comme originaires de la Cité et, petit deux, traiter nos interlocuteurs de bouseux consanguins. Lesquels interlocuteurs goûtaient peu le terme, même si nous ignorions que nous les insultions. Symètre y avait presque perdu une oreille au cours de notre première soirée à l’extérieur. Il n’avait dû son salut qu’au fait que le couteau du vagabond irritable n’avait pas connu de pierre à affûter depuis des lustres.
Commenter  J’apprécie          00
Et soudain, je le perçus. C'était comme un timide pépiement qui louvoyait dans la foule. Une rumeur à la fois sautillante et fuyante. Un écho qui rebondissait de l'un à l'autre, grésillait avec les brochettes de porc rôti, ricochait sur les peaux tendues des tambours, glissait dans les poudres scintillantes, s'élevait et retombait en même temps que les éclats de voix.
Le chant de la tour de Garde.
Commenter  J’apprécie          20
C'est là ce que beaucoup ne comprennent pas, Passereau, dit-elle. Ce que les chansons ne disent pas, car elles se bornent aux faits. Nox ne sauve pas les vies par héroïsme, pour être l'objet de chansons épiques. Il le fait par accident. Sans y penser. Dans une sorte de touchant mélange entre imbécillité et sagesse. Je sais que j'ai encore une dette envers lui, mais il ne sert à rien de chercher à la payer. Tout simplement parce qu'il est trop niais pour ne serait-ce que tenir les comptes entre nous. Sa tour de Garde lui ressemble. Elle grandit avec lui et je pense que, comme lui, elle ne mourra jamais.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Guillaume Chamanadjian (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Guillaume Chamanadjian
Extrait du livre audio « Trois Lucioles » de Guillaume Chamanadjian lu par Maxime Baudouin. Parution numérique le 25 octobre 2023.
https://www.audiolib.fr/livre/trois-lucioles-9791035412647/
autres livres classés : fantasyVoir plus
Les plus populaires : Imaginaire Voir plus


Lecteurs (532) Voir plus



Quiz Voir plus

La fantasy pour les nuls

Tolkien, le seigneur des ....

anneaux
agneaux
mouches

9 questions
2462 lecteurs ont répondu
Thèmes : fantasy , sfff , heroic fantasyCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..