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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voici un livre qui mélange récit de voyage, une traversée de l'Amérique d'Est en Ouest à vélo et des récits des familles américaines connues comme les Roosevelt. le point commun entre ces familles, c'est la perte d'un enfant. L'auteur part sur les routes d'Amérique, sa femme prend par au voyage en voiture et ils se retrouvent le soir pendant ce voyage ils retrouvent également leur fils Martin décédé 19 ans auparavant(comprenez comme vous le voulez)

C'est bien plus qu'un voyage, c'est un moyen de rouler, de rouler vers un monde que seul ceux qui ont vécu cette douleur peuvent comprendre, une route qui chemine entre douleur et joie, car la joie comme l'explique l'auteur n'est pas incompatible avec le deuil. Ce mot qui n'est pas un mot mais un monde où chacun trouve son continent pour se reconstruire.
Les chapitres s'alternent entre les histoires des uns et des autres et le voyage par lui-même, on découvre une Amérique peu fréquentée, les routes sont souvent désertes.
En ouvrant ce livre je m'attendais à vivre plus intensément ce voyage, mais au final, j'ai voyagé dans un monde particulier dont je ne serais dire si j'ai apprécié ou pas. Dans tous les cas, ce fut une lecture intéressante pour les côtés historiques et pour le voyage à travers l'Amérique.

Je pense que ce livre mérite une relecture, je réalise que je l'ai lu trop vite, j'aurai du faire des étapes, voire retourner en arrière, il me semble que je suis passée à côté du plus intime.
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« Que nous demeurions inconsolables n'enlève rien à notre effort de tenir tête à la tristesse et à ma volonté d'écrire un livre joyeux. »

le 11 juillet 2011 démarre , pour Anne et Bernard Chambaz, une traversée de l'Amérique peu ordinaire. Elle roule en Cadillac, lui à vélo. Ils se retrouvent le soir au hasard des motels. Ils traversent ainsi l'Amérique d'Est en Ouest, courant après Martin, leur fils mort 19 ans plus tôt d'un accident de voiture, dont le symbole est le martin-pêcheur.

Ce livre est donc un road movie, où Bernard Chambaz, qui arbore les socquettes vertes de son fils, parle de la joie du cycliste, non comme un spécialiste qui vous saoule, mais comme un amoureux qui vous fait partager son émotion.

« Quant à la joie, elle est intense, elle est ce désir comblé ou, mieux encore, en train de l'être (…) La joie est ce sentiment qui accompagne en nous une expansion de notre puissance d'exister et d'agir ; elle est un plaisir, en mouvement et en acte, d'exister d'avantage et mieux. Et je comprend l'allégresse comme la joie d'être joyeux. »

Concentré sur l'effort, sur le but à atteindre, sur la pente à conquérir, dont il tire une jouissance rédemptrice, il voit filer des paysages changeants mais ordinaires, croise des voitures, des motards, des autochtones souvent accueillants. Il nous livre ses pensées, déchirées sans être tristes, ses associations d'idées, ses observations. Il observe, il raconte, il y met de l'humour. Au fil des miles parcourus, il raconte d'autres destins, d'autres parents confrontés à la mort d'autres « enfants » saisis trop tôt (chez les Roosvelt, les Lincoln, les Lindberg et bien d'autres). C'est toujours à la fois passionnant et bouleversant, cette douleur à la fois unique et commune.

Et comme le livre est annoncé comme roman, il s'autorise des coïncidences répétées (tous ces Martin en chemin, ce chiffre 19 qui revient, ces signes qui le ramènent à son deuil...). Il s'autorise même à croiser son garçon qui l'emmène par la main pour un bout de chemin dans des scènes où s'intriquent bonheur et douleur .

«  Plus nous sommes tirés en avant, plus nous pouvons regarder en arrière sans y rester empêtrés. »

C'est donc bien un livre qui n'est pas triste quoique poignant, qui est empreint de ce que Chambaz appelle « joie », cette douceur obstinée à avancer , à ne pas regarder en arrière, mais à conserver aussi en chaque instant le souvenir, voire une manière de présence. Un livre qui donne une version tangible et simplement belle du célèbre texte de St Augustin :

« La mort n'est rien.
Je suis seulement dans la pièce d'à côté.
Je suis moi, vous êtes vous. Ce que nous étions les uns pour les autres, nous le sommes toujours.
Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donné . Parlez-moi comme vous l'avez toujours fait.
N'employez pas un ton différent, ne prenez pas un air solennel et triste.
Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Priez, souriez, pensez à moi, priez pour moi.
Que mon nom soit prononcé comme il l'a toujours été, sans emphase d'aucune sorte. le fil n'est pas coupé.
Pourquoi serais-je hors de votre pensée simplement parce que je suis hors de votre vue ?
Je vous attends. Je ne suis pas loin, juste de l'autre côté du chemin. »
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Bernard Chambaz est cycliste. Fier de son beau vélo Cyfac en carbone, sur lequel il a demandé que soit inscrit Kingfisher en italique vert menthe sur le cadre en carbone. Son pédalier est en aluminium, son guidon couvert d'une guidoline blanche. Il faut aller dans les Acknowlegdments de son livre pour compléter l'énumération par les roues Zipp et la selle Fi'zi:k, et se reporter au magazine Top Vélo (n° 173, 174, 175 en 2011 et 203 en 2014) pour le reste.

Alors qu'il relève d'une opération (ablation de la rate), Bernard Chambaz traverse d'une traite, à un rythme d'enfer et d'est en ouest, l'un des pays le moins bicycle-friendly au monde. Rien ne l'arrête dans les somptueux paysages des États-Unis, ni le vent, ni le relief, ni les chiens (p. 150) , ni les crevaisons (p. 148), ni le sheriff (p. 277) qui le menace de prison sur une route déserte s'il refuse de circuler à droite de la ligne blanche, sur le bas-côté, parsemé de verre et de cailloux coupants.

Comme Chambaz est professeur d'histoire au lycée Louis-le-Grand, il ne reste pas le nez dans le guidon. Sa conquête de l'Ouest est peuplée de figures historiques, galerie de portraits faussement hétéroclite, dont le récit révèle au fur et à mesure la raison intime. Il connaît bien son Amérique pour l'avoir parcourue en famille. En la traversant, il traverse aussi son histoire et ses moeurs les plus étranges, comme le baseball, enfin expliqué aux nuls que nous sommes (p. 195.)

La patch-work qu'il compose est plein de surprises, de beauté et de tristesse. Car cette fuite en avant est un voyage dans le passé. Celui d'avant l'accident de son fils Martin, qui hante son récit comme un fantôme familier, qu'il retrouve toujours, caché dans le dessin du paysage, quelquefois comme un oiseau, par exemple ce martin pêcheur étincelant, bien nommé, qui ouvre son texte.

Bernard Chambaz observe (p. 34) que l'enfant qui a perdu ses parents a le nom d'orphelin, mais qu'il n'y a pas de mot pour désigner le père ou la mère qui a perdu son enfant. Puisqu'il n'y a pas de mot, il en fera tout un livre qui raconte son extraordinaire entreprise pour retrouver celui qu'il n'a pas quitté. L'idée de Martin devient le mètre étalon de ses regards, de ses pensées, de ses efforts. Et Martin est partout. Dans les figures historiques qui surgissent au gré de son parcours : Th. Roosevelt, Lindberg ont perdu un enfant. Martin Luther King est né un 15 janvier, comme son Martin. le pays entier, son histoire, les rencontres du voyage ont décidé de lui donner des signes qu'il est sur la bonne route, puisque son fils l'y accompagne et surgit à chaque instant.

Ce travail de deuil se fait donc dans la joie et sur 4169 km: « j'attirerais volontiers l'attention sur la part implicite du vélo dans les expressions rayonner de joie et être transporté de joie » dit l'auteur. Poésie, irrationnel, douleur du souvenir, bonheur de son évocation, s'accordent admirablement avec l'exploit intellectuel et sportif de ressusciter l'être aimé dans un extraordinaire road movie de l'amour paternel. Anne, son épouse, la maman de Martin, suit dans sa Cadillac aux sièges de cuir rouge. Elle est là qui veille à tout, comme son ange gardien.

Il faut prendre la roue de Bernard Chambaz et ne pas la lâcher !
Lien : http://bicycl-arts.blogspot...
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Bernard Chambaz nous fait traverser l'Amérique d'Est en Ouest, lui en vélo, sa femme en Cadillac. C'est une traversée qu'ils refont 19 ans après la mort de leur fils, un voyage qu'ils avaient fait en famille. C'est l'occasion de rechercher les traces de Martin, et surtout nous raconter l'Amérique aux travers des lieux, des personnages comme Roosevelt, Lindbergh, de simples gens, qui comme eux ont perdu un enfant jeune, et chaque découverte ramène, d'une façon ou d'une autre, à Martin.
Pourquoi l'auteur a choisi de faire ce périple en vélo ? C'est qu'il a appris la mort de son fils en rentrant d'une promenade à vélo, c'est aussi que faire du vélo cela veut dire pédaler donc vivre, c'est être dans le décor.
C'est un livre magnifique, poétique dans un style remarquable, une très belle découverte.
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Je n'ai jamais encore pu lire "Martin cet été", où Bernard Chambaz raconte le décès de son fils et ce qui en suivit, peu de temps après: trop impressionnant!

Je me suis résolu à aborder ce récit en me disant que 20 ans plus tard, au cours d'une traversée d'est en ouest des Etats-Unis à vélo, le ton serait différent: je pourrais l'entendre.

La mélancolie qu'expriment les souvenirs liés aux derniers moments de son fils, la traversée des paysages "fin du monde", l'évocation de Lindbergh et de T Roosevelt (dont la perte d'un enfant a bouleversé leur vie), ainsi que sa fuite en avant sur le vélo, tout concourt à supporter encore mieux cette vie, malgré sa cruauté et son absence de sens.
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