Un autre Éden est le premier livre de
Bernard Chambaz que je lis.
Quel coup de coeur !
Tout au long de ce roman tenant de l'introspection, de la biographie et de la fiction, il règne une empathie, une douce mélancolie , un chaloupement des émotions qui nous emmènent sur les chemins de la planète avec
Jack London.Mais le tour de force de
Bernard Chambaz est de faire plus qu'une biographie. Il va convoquer à cette biographie son fils Martin , son amoureuse et lui même.
Et la biographie ( le voyage ?) va se dérouler à trois voix :
La voix de
Bernard Chambaz et de son amoureuse. Lui en vélo, elle en voiture se lancent dans la traversée du Canada d'Ouest en Est dans certains pas de
Jack London.
La voix de Martin , le fils décédé accidentellement en 1976
La voix de
Jack London nous racontant ses voyages , ses amours, ses combats, sa littérature .
La disparition de son fils Martin hante l'oeuvre de
Bernard Chambaz.
Le verbe hanter n'est pas le bon . La disparition de Martin accompagne les livres de
Bernard Chambaz. Qu'aurait était Martin aujourd'hui alors qu'il aurait 40 ans.
Ce fils , ce garçon disparu à 16 ans et qu'il appelle plus qu'affectueusement "Martin pêcheur Ce fils , Martin né en janvier 1976, cent ans mois pour mois après
Jack London... et
Jack London qui écrit l'un de ses plus beaux livre de voyage :Martin Éden
Le lien, le fil qui relie
Bernard Chambaz, Martin,
Jack London est là.
Ce fil qui va unir tous les chapitres du livre.
A premier abord le roman est destructuré. On passe volontiers de la ballade à vélo au Canada, à un discours imaginaire entre
Jack London et Martin,pour terminer en 1910 à Klondike avec les chercheurs d'or.
J'ai eu la tentation au début de la lecture , d'aller sur Internet pour en apprendre plus sur
Jack London.
Puis j'ai abandonné et je me suis laissé bercer par le rythme du roman de
Bernard Chambaz.
Je suis rentré dans ce labyrinthe des 3 voix qui a donné vie à un puzzle entre réalité et imaginaire.
C'est dans ces interstices entre la réalité et l'imaginaire qu'Un autre Éden apparaît.
Et comme le dit
Bernard Chambaz en parlant de Jack et Martin :Je voudrais leur dire à mon tour que j'aime beaucoup la tendresse timide de leur coeur forcené .
C'est cette même tendresse timide qui irrigue ce roman et nous dit l'amour que porte
Bernard Chambaz à son petit martin- pêcheur qui s'est envolé.
Et avant de refermer ce roman, revenons à son exergue : Aux morts pour qu'ils vivent. Aux vivants pour qu'ils aiment.
Définitivement sous le charme!