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Critique de deidamie


« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, on va parler d'un recueil de nouvelles intitulé le roi en jaune de Robert W. Chambers.

-Noooooooon, Déidamie ! Ne lis pas ce livre !

-Trop tard. Pourquoi ?

-Malheureuse ! Ne sais-tu point que tous ceux qui le lisent meurent dans de terribles et mystérieuses circonstances ?

-Mais n'importe quoi… qu'est-ce qu'ils ne vont pas inventer, les éditeurs, pour se faire de la pub…

-Si ! si ! Même que c'est Alan Moore qui le dit dans Providence ! Alan Moore, il dit pas n'importe quoi quand même !

-Ah, tu fais bien d'en parler. Pour ceux que ça intéresse, Providence se déroule quelques décennies après le restaurateur de réputations. Robert Black vit dans le livre de Chambers.

Or donc, point de résumé, puisque les nouvelles ne possèdent que peu, voire pas du tout de fil conducteur entre elles. Cinq sont consacrées au genre fantastique, et les autres… euuuuh…

-Et voilà, tu butes sur les mots. C'est le début de l'altération du jugement qui va te mener à la mort, Déidamie !

-Pfff… Or donc… *miaulement* Mais tu fais quoi avec ce chat ?

-Je vais le sacrifier au Roi en jaune pour conjurer le mauvais sort !

-Ca va pas, non ? Laisse cette pauvre bête tranquille et prends plutôt un lapin !

Or donc, disais-je, si je cherchais mes mots, c'est tout simplement parce que je cherche encore le genre des autres nouvelles, mais procédons par ordre et commençons par ce que je préfère, le fantastique.

Ces nouvelles m'ont paru bien plaisantes ! Les idées intéressantes fourmillent et la reconstitution de la folie dans le restaurateur de réputations est très bien faite. J'ai adoré vivre dans la peau De Castaigne, qui bascule dans une autre réalité tout en conservant une perception hors du commun. La demoiselle d'Ys m'a aussi séduite. Hélas, je reproche à ces textes la même chose qu'à ceux de Bierce : il leur manque du liant. Dans certains d'entre eux, les événements se produisent un peu sans rime ni raison et je le regrette amèrement.

-C'est-à-dire ?

-Par exemple, dans le masque, le jeune savant-artiste fou plonge quelque chose dans son eau magique et l'héroïne pousse un cri dans la pièce à côté. Je suis obligée d'interrompre ma lecture parce que les mots « Euuuh… ouais, rapport choucroute ? » s'invitent subitement dans ma tête. Je garde également la sensation tenace que Chambers avait matière à faire bien plus, à creuser davantage ses sujets.

-Ouais, parce qu'au bout du compte, le roi en jaune, on sait pas qui il est, ce qu'il veut…

-Non, ça, j'ai trouvé bien qu'on n'en sache pas plus : cela donne du cauchemar à fabriquer. Et puis, on sait qu'il est malfaisant. Enfin, j'ai adoré ce motif en arrière-plan : le livre maléfique qui déclenche des drames.

-Et ben moi, je trouve qu'il ne pousse pas l'idée assez loin, justement, et qu'il pèche parfois par niaiserie. Une de ces histoires se termine bien ! Quelle horreur !

-Si tu y réfléchis bien, les deux héros se retrouvent dans une situation pas si heureuse que ça…

-Et puis, les nouvelles sur les rues de Paris… je ne suis pas sûre de bien comprendre où il veut en venir. Je garde l'impression qu'il n'ose pas dire de quoi il parle réellement par puritanisme excessif et cela m'agace, voire m'irrite ! de quoi t'as peur, Robert ? Vas-y, dis-le, ce que tes persos font ! Flaubert a été acquitté pour plus que ça !

-En revanche, là où je trouve la prose de Chambers irrésistible, c'est dans ses descriptions. Ses tableaux des rues parisiennes m'ont charmée par leur joliesse : vifs, colorés, ils m'immergent à merveille dans la douceur de vivre du Quartier latin quand on est un joyeux étudiant. Il m'a même semblé repérer un clin d'oeil à Elisabeth Vigée-Lebrun.

-Mouais… moi je persiste : je garde la sensation désagréable qu'il me manque des outils pour bien saisir ces textes. Je déplore que la présentation desdits textes ne soit pas complétée par un travail d'analyse ou de contexte de l'oeuvre. J'ai vraiment l'impression déplaisante de rater quelque chose faute de connaissances. Ou de concret, c'est possible aussi.

-C'est possible, en effet, d'où la note en demi-teinte. Quoi qu'il en soit, le point fort de Chambers se trouve plus dans ses ambiances, dans ses décors que dans les histoires proprement dites. Je le sens plus peintre que scénariste et, si vous aimez les frissons et les conclusions pleinement satisfaisantes, vous risquez fort d'être désappointé. »
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