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EAN : 9782246789079
312 pages
Grasset (30/01/2013)
3.52/5   24 notes
Résumé :
Une bourgade perdue de la région de Victoria, au sud-est de l'Australie, cernée de vignobles où triment, jour après quelques saisonniers brisés par une vie sans horizon. Le soir venu, ces hommes rugueux pleins de désespoir et de vioence rentrée, se saoulent jusqu'à l'oubli. Smithy fut l'un d'eux, jadis. Ancien tondeur de moutons et buveur invétéré, aujourd'hui contraint par son médecin à l'abstinence, il observe ses compagnons de labeur se détruire à petit feu, avec... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Le grand ordinaire ne raconte pas grand chose. En s'appuyant sur le quotidien d'un vieil homme solitaire qui survit comme il peut, il dessine depuis la marge des fragments de vie d'une bourgade de l'Australie rurale. Un coin paumé écrasé par la chaleur, dans lequel les mots sont vains et clouent le bec à toute forme de mélodrame.
Il ne faut pas compter sur Smithy pour être la voix de ceux qu'il croise, il appartient lui aussi à ce monde de taiseux, ces gens ordinaires écrasés par le destin et la misère et pour lesquels les sorties au bar le week-end sont le seul défouloir, un temps volé à l'ennui.
Dans un récit en creux et en silences, c'est donc le regard de Smithy que l'on suit. Débarrassé de l'alcool, il peut observer son entourage et fixe les états fuyants, les esprits épuisés et les âmes tristes.
Les confidences et les réminiscences arrachées à la solitude et à l'oubli perturbent à peine le sentiment d'immobilité du récit. Car oui il y a une profonde tristesse dans le texte qui donne à toute chose et toute tentative de rédemption un goût prématuré de lassitude.
Ce n'est pas une lecture désagréable mais le sentiment d'accablement est si puissant qu'il n'épargne pas le lecteur. La faute au talent de Jeremy Chambers qui, à l'aide d'une écriture rudimentaire, suggère sans expliquer les ressorts des drames qu'il met en scène. La désillusion n'éclate jamais au grand jour, elle flotte entre les lignes, s'insinue dans les esprits, à la périphérie de la conscience.
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Loin du faste et des paillettes de Sydney, la vie quotidienne d'un bled du sud de l'Australie. Bourgade ouvrière entourée de vignobles où une vie sans grands espoirs et le dénuement poussent à l'alcoolisme forcené et à la violence. Smithy est un alcoolique repenti malgré lui, contraint à l'abstinence pour préserver sa santé.
Âgé, fatigué par une vie de labeur il observe ses compagnons se détruire à la boisson comme lui auparavant. Il est le témoin de cette misère ordinaire qui ronge son entourage, un fils aux abonnés absents, une belle fille dépassée, des collègues alcooliques, et une voisine affolée par la sortie de prison de son mari.
Avec le Grand Ordinaire, Jeremy Chambers offre un portrait édifiant d'une réalité peu connue. Dialogues à bâtons rompus, rugueux comme ses personnages, une ambiance pesante, des situations dérangeantes, une bien triste réalité. L'auteur à le talent de nous mettre devant des situations perturbantes sans tomber dans la descriptions sordides.
J'ai eu des difficultés passer le dernier monologue de Charlotte (la voisine apeurée) qui est désordonné et répétitif. le style oral est bien utilisé et colle au personnage mais il casse le rythme de lecture. Malgré cela le Grand Ordinaire est un beau premier roman à découvrir. Un bon moment de lecture.
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Au confluent de deux afflictions et solitudes. Les deux personnages principaux du premier roman de Jeffrey Chambers, le grand ordinaire, ont perdu leurs illusions et remballé leurs espoirs de jeunesse. A chacun, l'auteur donne la parole dans des monologues poignants qui suintent la détresse avec l'évanouissement progressif des rêves de bonheur. Ce n'est pas gai ? C'est le moins que l'on puisse dire. Mais avant cela, le grand ordinaire décrit par le menu la vie des saisonniers pendant la saison viticole en Australie. Un labeur ingrat de jour et le passage obligé par le pub, le soir, avec cuites carabinées quasi systématiques. Une vie rude, âpre et un horizon bouché. Ce n'est pas gai ? C'est le moins que l'on puisse dire. A base de dialogues très brefs, de phrases courtes et coupantes, Chambers raconte leur existence dans un style et une couleur qui le rapproche des écrivains sudistes des Etats-Unis. Ce ne sont pas Les raisins de la colère mais Les grappes de la désolation. Si le changement de ton entre les deux segments du roman s'effectue sans difficulté, l'ensemble, plus triste que mélancolique, est tellement rugueux qu'il en devient pesant et harassant. Ce n'est pas gai ? C'est le moins que l'on puisse dire.
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Smithy doit arrêter l'alcool. Question de vie ou de mort. Alors forcément, sobre, il voit tout beaucoup plus clair. La lumière se fait sur lui, sur les autres et les événements. Pas d'un seul coup mais petit à petit. Elle se niche dans les failles, transperce les interstices pour offrir une vue d'ensemble qui n'a jamais été insoupçonnée. Au contraire, cette lumière, c'est la réalité. Celle que Smithy n'a jamais intégrée. Celle qu'il a fuit dans l'alcool.

Et il est courageux Smithy. On pourrait croire qu'il n'a plus le choix mais il accepte de prendre la voie la plus difficile. Celle des bilans, des vérités qui détruisent une vie parce qu'elle apparaît vide de sens.

Il y a quelque chose de Faulknerien chez Jeremy Chambers. Oui carrément. Cette façon de décrire le quotidien des travailleurs de la terre et des non-éduqués. Les mots sont rocailleux, habités par un mélange paradoxal de silences et de fureur. L'auteur en dit beaucoup avec peu. Par exemple, un personnage féminin n'a pas de nom, c'est « la femme de... ». Réduction qui en dit long, ici on ne possède pas grand chose, même pas son identité quand on est une femme.

Le bar est central, unique lieu de socialisation, témoin du profond désespoir d'une ville qui semble figée dans le temps. La seule distraction semble de boire son argent durement gagné, de s'abrutir jusqu'à ne plus tenir debout. Il ne se passe pas grand chose mais quelle force et quelle violence dans cet ordinaire si justement décrit.
Lien : http://www.audouchoc.com/art..
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Un roman très bien écrit mais pour lequel je ne suis pas certaine d'avoir bien ressenti l'intégralité de ce que voulait me transmettre l'auteur. J'ai eu parfois du mal à suivre le fil, et le lien entre les deux personnages est parfois complexe. Et après lecture du livre, je ne trouve pas le résumé de dernière de couverture très parlant, ce qui est toujours perturbant...
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critiques presse (2)
Lexpress
14 mars 2013
Un roman magnifique, raboté par le fer du désespoir, avec une économie de moyens digne de Beckett. Il ne se passe quasiment rien dans ce Grand Ordinaire, et pourtant on a l'impression que tout est dit.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LesEchos
12 février 2013
D'abord, le livre séduit, impressionne. Puis il déroute, avant de nous bouleverser tout à fait, atteignant dans ses dernières pages un genre d'apothéose, où chaque mot, chaque image touche au coeur.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Et bien ça a causé ma ruine, je dis. La moitié de ma vie j'ai été pété et maintenant je me souviens presque de rien. Toutes ces années, parties en fumée. Je me souviens presque pas de ma vie. Parce que je l'ai bue, tu comprends. Et ça m'a bousillé à l'intérieur aussi, j'ai la santé foutue. (...) La moitié de ma vie à picoler, l’autre à bosser. Parce qu’on bosse seulement quand c’est la saison. On s’arrête sur un domaine, on trouve une ville, et puis on passe au domaine suivant. Mais en dehors de la saison on bosse pas. Inutile. La paie était bonne, à condition de bosser dur, assez bonne pour l’époque en tout cas. Suffisante pour nourrir ta famille, acheter une maison, tout ça. Hors saison, y avait rien d’autre à faire que d’aller au pub. Moi je fréquentais le pub depuis l’ouverture jusqu’à la fermeture. Je me cuitais tous les jours, je rentrais chez moi, je dînais, je me couchais. J’ai jamais passé de temps avec ma femme. Jamais vu le gosse grandir. Et aujourd’hui je regarde ma vie et je l’ai gâchée, pas vrai ? On n’a qu’une seule chance dans la vie et j’ai déjà bousillé la mienne.
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La moitié de ma vie à picoler, l’autre à bosser. Parce qu’on bosse seulement quand c’est la saison. On s’arrête sur un domaine, on trouve une ville, et puis on passe au domaine suivant. Mais en dehors de la saison on bosse pas. Inutile. La paie était bonne, à condition de bosser dur, assez bonne pour l’époque en tout cas. Suffisante pour nourrir ta famille, acheter une maison, tout ça. Hors saison, y avait rien d’autre à faire que d’aller au pub. Moi je fréquentais le pub depuis l’ouverture jusqu’à la fermeture. Je me cuitais tous les jours, je rentrais chez moi, je dînais, je me couchais. J’ai jamais passé de temps avec ma femme. Jamais vu le gosse grandir. Et aujourd’hui je regarde ma vie et je l’ai gâchée, pas vrai ? On n’a qu’une seule chance dans la vie et j’ai déjà bousillé la mienne
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Les lèvres, une fois libérées, déversent leurs flots de paroles, le volume des voix augmente sans arrêt, les hommes crachent ce qu’ils ont gardé en eux durant des jours, des semaines, une vie entière, ils voient seulement des visages brouillés et ils s’adressent non pas aux hommes mais à une entité plus vaste que les hommes et ils ignorent qu’elle est vide et indifférente. Et puis il y a les hommes qui parlent et il y a les hommes qui sont silencieux et ceux qui parlent ne savent pas ce qu’ils disent et ceux qui sont silencieux n’écoutent pas, mais ils boivent pour atteindre ce silence, le silence de leur âme.
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Quand on est une femme et qu’on n’a rien, ni argent, ni enfant ni rien. Ni aucune perspective, rien à attendre, rien qui change, et je suis toujours là toute seule, à attendre sans que personne ne le remarque ni ne s’y intéresse, peu importe ce qui arrive, peu importe que j’aie envie de voir les choses changer, peu importent les épreuves que je traverse, il n’y a personne, personne pour m’aider, il n’y a que moi.
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Quand t’es jeune tu bosses, tu te cuites, tu fréquentes des femmes, tu fais ci et ça, mais tu penses jamais aux conséquences. Tout bouge, tout passe et tu prends jamais le temps de réfléchir. Mais ça va vite. Ça va si vite que tu le remarques à peine. Tu remarques à peine que tout passe. Et puis c’est fini. C’est fini avant même que tu le saches. Tout. Un jour ça s’arrête tout simplement. Parce que c’est terminé.
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