Je me souviens d'une visite au musée du Louvre quand j'étais petit... [...]
C'est une peinture en particulier qui m'a le plus impressionné. Avec son voile sur la tête et sa peau craquelée, elle me ressemblait. Et tout le monde l'admirait.
— Maman? C'est une enfant de la lune, elle aussi ?
— Oui, mon chéri. Tout comme toi !
C'est alors que mon père posa une question au gardien qui allait changer le cours de ma vie...
— Excusez-moi, monsieur, le soleil n'a-t-il aucune action sur les toiles ? Vous avez de grandes baies vitrées...
— Pas de danger ! Chaque vitre est recouverte d'un film qui filtre les rayons UV ! [...]
Elle était donc comme moi, à tenir éloignée du soleil.
Et moi j'étais devenu aux yeux de mon papa une œuvre d'art vivante que l'on protégeait de l'outrage du temps.
- Qu'est-ce quelle a, Morgane, papa ?
- L'adolescence, mon fils. L'adolescence.
- C'est grave ?
- Ça peut, oui.
– Tu es déjà tombée amoureuse d’un personnage de roman, maman ?
-Bien sûr. Plus d’une fois. Très souvent, les héros ont des valeurs. Ils représentent un idéal. Alors, on s’attache…
- Je ne sais plus ce que j’éprouve. Ce n’est que le personnage d’un journal !
- C’est un peu plus que cela. Tu sais à quoi il ressemble, ce qu’il a vécu. Tu sais même enfin ce qu’il ressent !
- Mais si lui me repoussait ?
- Alors, cette histoire serait finie avant d’avoir commencé. C’est tout.
- Qu'est-ce qu'elle a, Morgane, papa ?
- L'adolescence, mon fils. L'adolescence.
- C'est grave ?
- Ça peut, oui.
-Qu'est-ce qu'elle a, Morgane, Papa ?
-L'adolescence, mon fils, l'adolescence.
-C'est grave ?
-Ça peut, oui.
Édith Piaf chantait "La vie en rose". Elle n'a pas la moindre idée de ce que ça fait de réellement voir la vie en rose, à cause de ce foutu masque.
C'est fou ce qu'un regard peut faire mal, quand votre corps est différent.
Je suis fatigué d’aller en classe, dans un magasin ou au cinéma avec ce déguisement ridicule. Fatigué de lire l’interrogation et de sentir les moqueries dans mon dos…
C’est fou ce qu’un regard peut faire mal quand votre corps est différent.
Kadija
« Et moi, j’étais devenu aux yeux de mon papa, une œuvre d’art vivante que l’on protégerait de l’outrage du temps »
p 23
Sébastien DB