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EAN : 9782355845543
336 pages
Sonatine (02/11/2017)
3.9/5   25 notes
Résumé :
Un flic. Un tueur. Un face à face.
Un commandant de police enfermé seul avec un tueur.
La scène pourrait paraître banale.
Elle l'est déjà un peu moins lorsqu'on sait que c'est la dernière nuit de service actif du policier et que, pour la première fois de sa longue et monotone carrière, il se retrouve enfin face à ce dont il a toujours rêvé : un tueur en série inconnu des forces de l'ordre.
Sauf que, dans cette maison isolée, c'est le tueu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai toujours aimé la nuit ou ma rencontre avec la plume de Patrick Chamoiseau et quelle plume !.
La Martinique, une nuit de vendredi 13, Fort de France, deux hommes. L'un est agenouillé , les mains derrière la nuque, nous apprendrons qu'il s'appelle Eloi Ephraïm Evariste Pilon, qu'il est commandant de police et que cette nuit de garde est la dernière nuit de sa carrière de policier. L'autre , celui qui le tient en joue avec son arme , s'appelle Hypérion Victimaire, cet homme au gabarit impressionnant, aux yeux et au regard annonciateurs du pire, raconte la nuit qu'il vient de vivre, d'une voix monocorde il décrit la nuit dans les quartiers de l'ombre. Il nous dit ce qu'il a vu de la déchéance d'une certaine jeunesse, de l'abandon de ce qui à ses yeux représente la valeur de la culture créole , de la Martinique en particulier,drogue, prostitution, violence,mort , il aura tout vu en cette nuit infernale et il raconte ....
Eloi Ephraïm Evariste Pilon écoute cet homme ... pense qu'il ne verra pas la fin de cette nuit vivant mais il écoute.
Les deux principaux protagonistes sont campés , il ne vous reste plus qu'à lire , j'allais dire écouter cette voix à nulle autre pareille. Bien sur, il m' a surement manqué beaucoup d'informations pour apprécier à sa juste valeur ce roman certes noir, certes porteur de miasmes délétères mais apprécier l'écriture flamboyante de Patrick Chamoiseau ça je pouvais sans prérequis.
Un très grand merci aux éditions Sonatine pour cette découverte en avant-première.

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Ce roman n'est pas un roman policier, pas le moins du monde (aucune enquête), mais c'est la confession, sous forme de quasi-monologue d'un psychopathe devenu Archange vengeur, Négateur, après une enfance difficile et une carrière de militaire. Hypérion Victimaire se confie dans un huis clos saisissant à un flic (dont c'est la toute dernière nuit de service avant la retraite), Eloi Ephraïm Evariste Pilon qui a enclenché son magnéto. La confession d'Hypérion Victimaire n'est pas banale, ni sur le fond, ni sur la forme : il raconte à la fois cette nuit infernale et dingue qui est en train de s'écouler et comment il est devenu ce tueur, cet Archange vengeur et sanguinaire. le lecteur, porté par la voix d'Hypérion (j'imagine très bien ce livre en une version audio), est emporté dans un maelstrom d'une noirceur sans pareille, passant de l'horreur des scènes de crime laissées par Hypérion à la peinture d'une jeunesse en perte de tous référents et plongée dans l'enfer de l'extrême violence. Chamoiseau a construit un récit rigoureux d'une rare efficacité pour nous peindre une Martinique très éloignée de celle des guides touristiques. Quand à la langue choisie, elle est extraordinaire, le monologue d'Hypérion est incroyablement riche, et cette richesse contraste avec le vide de la langue des trois jeunes, démunis de tout outil de communication malgré leurs portables. le tête à tête entre Victimaire atteint de logorrhée et le policier est éblouissant et d'une densité rare.
En plus, ce livre restera cher à mon coeur pour m'avoir permis une petite découverte linguistique très personnelle. J'avais déjà découvert lors de vacances en Belgique il y a quelques années d'où me venait ma prononciation des mots oui et Louis (comme hui(t) et lui) : de mon arrière-grand-père belge que je n'ai pourtant pas connu (mystères de la transmission)! Et là, en lisant Patrick Chamoiseau, dès que j'ai vu écrit « manman » j'ai eu, pour parler comme Victimaire, une fulguration, j'ai compris d'où me venait ma prononciation de ce mot qui m'a posé tant de problèmes à l'école primaire. Comme je le prononçais ainsi je n'arrivais pas à comprendre pourquoi cela ne s'écrivait pas mamman (et j'ai encore tendance à faire cette faute que je justifiais auprès d'enseignants interloqués en expliquant que devant m on n'écrit pas n mais m ! ) et encore moins pourquoi il n'y avait que moi pour trouver ce mot difficile à écrire et mémoriser. Cela venait de l'enfance et l'adolescence de ma mère à la Guadeloupe, à la sortie de Basse-Terre, au bord du Galion, pas loin de la Glacière, entre 1936-37 et 1944. C'est sans doute un des rares mots qu'elle n'a pas employé en dehors de la maison à son retour en France, et la version créole de son enfance est restée ! Mille mercis à Patrick Chamoiseau pour cette magnifique langue orale mise à l'écrit !
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J'ai toujours du mal avec les romans noirs ou j'y adhère et j'aime énormément ou cela ne prend pas et je décroche, pour celui-ci à mon grand regret j'ai rapidement peiné dans ma lecture.

Et pourtant le début était prometteur à mes yeux, un flic se fait braquer par un truand lors de sa dernière nuit de service, mais ou le récit pourrait être haletant je l'ai trouvé d'une platitude extrême et j'ai trouvé que cela tourné en rond, cela parle essentiellement de drogue, du tueur qui n'aime pas la jeunesse et je pense que les mots latins qu'il emploi tout au long du récit ont alourdi encore ma lecture.

On suit également la vie du policier mais la aussi pas de grand rebondissements, à mon plus grand regret j'ai mis très longtemps à finir ce livre pourtant plutôt court.

Aucune empathie de mon côté pour ses personnages, je n'ai également ressentie aucune atmosphère particulière ce qui est pourtant en général l'effet recherché dans ce type de lecture.
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J'ai toujours aimé la nuit, de Patrick Chamoiseau, est un roman que j'ai reçu par net galley et les éditons Sonatine.
Il s'agit d'un très bon thriller, bien noir, qui m'a captivé de la première à la dernière page.
Une espèce de huit clos très bien écrit, avec des personnages forts, une histoire qui se tient du début à la fin.
Nous sommes à La Martinique, bien loin des images de carte postale, avec un regard aiguisé, et très actuel.
Beaucoup de noirceur dans ce roman très réussit, et quelle écriture, vraiment un plaisir à lire. Cela m'a donné envie de découvrir d'autres romans de cet auteur.
Je donne cinq étoiles à ce très bon thriller, que je recommande chaudement :)

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Chamoiseau Patrick – "J'ai toujours aimé la nuit" – Points/Sonatine, 2017 (ISBN 978-2-7578-7075-4)
– première publication en 2013 sous le titre "Hypérion victimaire, Martiniquais épouvantable" aux éditions "La branche"

Un de ces rares romans qui allient magnifiquement la force de l'écriture avec celle des thèmes évoqués.

le thème principal ici traité est celui de la jeunesse à l'abandon, de ces adolescent-e-s d'aujourd'hui issu-e-s de différents milieux sociaux, livré-e-s sans défense et sans recours aux trafiquants de drogue, aux illusionnistes des pires médias "conviviaux", aux créateurs de ces "réalités virtuelles" et "jeux" vidéos violents déstructurant les jeunes individus rivés à leurs écrans (cf pp. 51, 134), de cette jeunesse qui ne (re)connaît plus aucune autorité ni aucune identité (cf p. 35, 80-81, 135) puisque les puissant-e-s de ce monde ont réussi à détruire les fondements même de la vie en société, au premier rang desquels la famille (cf pp. 100-103, 154, 222), de façon à atomiser les individus ainsi manipulables et façonnables au gré des "besoins" des "marchés" mondialisés.

La destruction systématique des référents représentés par les parents – et tout spécialement les pères – est ici illustrée avec une rare profondeur, et ce, jusqu'à la dernière ligne de la dernière page...

Bien évidemment, le centre de ce maelstrom est axé sur l'extrême violence engendrée par le trafic de drogue (cf pp. 48, 60, 258) – un cancer sociétal contre lequel aucun gouvernement n'a jamais entrepris quoi que ce soit, bien au contraire, on vit même en France des ministres "de gauche" et "écologistes" encourager ouvertement la consommation de cannabis, et toute la bien-pensance est actuellement en train d'imposer le "cannabis thérapeutique" en comptant bien sur l'effet domino attendu et en paralysant toutes les forces de police qui serait tentées de lutter contre ce fléau.

Ce sont là des thèmes maintes fois traités avec plus ou moins de succès par différents auteurs, depuis l'immense succès en librairie que connut en 1955 le désormais classique "Chiens perdus sans collier" de Gilbert Cesbron. Il convient de relire ce roman pour bien mesurer à quel point la délinquance juvénile n'a fait que se radicaliser et s'étendre depuis l'après guerre, là encore sans qu'aucun gouvernement ne mette en oeuvre la moindre mesure réellement efficace, et ce en toute connaissance de cause puisqu'il existe un nombre incalculable d'études de toute sorte exhibant les racines du phénomène.

Évoquer ces thèmes ne suffiraient donc pas à conférer à ce roman de Chamoiseau une mention spéciale, non, ce qui frappe dans ce texte, c'est son extra-ordinaire qualité littéraire : des personnages construits et pensés, une intrigue incisive et inexorable, des décors urbains d'une effarante justesse (cf pp. 33, 220), tout contribue à la grande efficacité du récit, mais il convient encore d'évoquer un élément tout aussi extra-ordinaire, propre à cet auteur.

Cet élément, c'est la langue ici mobilisée, observée, disséquée. A l'heure où les sbires et freluquets à la Macron étalent leur arrogance en cultivant l'entre-soi du sabir franglisch ou du globish, Chamoiseau embellit, enrichit notre langue française des apports créoles, antillais, urbains.
Mieux encore, en quelques scènes magistrales, il montre comment cette jeunesse est littéralement ravagée par son manque d'outil de communication (eh oui, à l'heure des soi-disant réseaux sociaux conviviaux), que ce soit dans le vêtement (cf pp. 96, 130), dans la gestuelle (cf pp. 155, 171) ou par la langue utilisée, une langue en ruine, en lambeaux (cf pp. 116—118).

Un roman exceptionnel, à lire, à relire, à offrir...
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
A chaque fois que l’on tue, on élimine une part de soi-même… Horresco referens ! J’ai tellement eu de clients que je ne suis plus tellement sûr qu’il demeure autre chose de moi qu’un résidu de la mort elle-même, ce qui (en guise de présentation) m’amenait souvent à murmurer que j’étais – que je suis – un massacreur, un égorgeur de chose, un défonceur de chair, un déchireur de peau, un briseur de vertèbres, un démanteleur de hanches, d’épaules et de cou, un écarteleur de poitrine, un dérouleur de boyaux et, parfois, en certaines circonstances, un très goulu buveur de sang. Je dis aussi que j’ai mordu battu écrasé coupé et abîmé presque toutes les formes d’existence qui en valaient la peine, c’est-à-dire qui méritaient le châtiment divin, la frappe claire de l’Archange, et que j’étais même allé au-delà en ce qui concerne les fourmis, les mouches, les vers de terre, papillons, rats et raccoons, dont j’avais souvent dégusté le sang frit avec de l’oignon vert et de petits piments.
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La jeunesse de mon temps était une vraie jeunesse ! Ce qui ne veut pas dire que la vie était de même douceur qu’un toloman sucré, non, vaut mieux pas penser ça ; la misère était devant-derrière, on n’en soutirait qu’un bi de fruit à pain avec une cuiller d’huile et une maille de morue et la viande, s’il y en avait tous les jours chez les békés et les mulâtres, y en avait très peu et très rare parmi nous, la négraille des champs de cannes ; mais tout de même quand même, nous tenions une bonne position dans l’obéissance à notre manman, et pas seulement à elle, mais aussi aux cousines, aux tontons, mais aussi aux voisins, à toutes les « Grandes personnes » que le pays pouvait compter sous la divinité.
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Sans trop hausser le ton, je leur expliquai que l’inadmissible n’était pas admissible, que ce qui était arrivé là était de notre faute à tous, que la faute n’était pas quelque chose de visible, même de compréhensible, elle était faite de toutes sortes de petites démissions, de petites insignifiances, de petits accommodements, de négligences, de bêtises, et d’une perte de vue que dans la vie il fallait de la droiture, de la netteté, un rêve, un idéal, une hauteur et une intransigeance ! Je leur parlai aussi du tranchant de cette autorité qui depuis trop longtemps nous avait désertés, et qui devait retrouver sa haute place verticale dans tous nos horizons !
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En fait, je n’aime pas la jeunesse de maintenant. Car ce serait permettre à l’eau d’engloutir la farine que de dire qu’on n’aime pas la jeunesse, alors qu’à un moment de l’existence on a été jeune soi-même, et de belle jeunesse, une jeunesse d’antan dans un pays d’antan qui, hélas, a vraiment disparu. Mais cette jeunesse et ce pays, je les porte au plein dedans de moi, avec toute la précaution qu’il faut pour ne jamais les oublier, et pour en faire sinon un fil à plomb mais, comme dit le créole, une larel, à comme dire : la référence à une équerre de vie et de posture bien droite.
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Une sorte d’abime, inspectère, dans lequel nous avons basculé sans nous en percevoir. Et je vais même te dire plus : si des gens comme Hortensius Capilotas existent, ou un archange comme moi, et si tous ces monstres que je châtie sont si nombreux, et nous désespèrent tant, c’est que cette chose qui a été créée par l’homme a explosé en nous et nous possède comme l’aurait fait le pire des démons.
nb : Inspectère (sic)
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Quel roman écrit dans un prodigieux cocktail de créole et de français remporta le prix Goncourt en 1992 ? Il raconte l'histoire d'un quartier de Fort-de-France…
« Texaco » de Patrick Chamoiseau, c'est à lire en poche chez Folio.
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