Je connaissais depuis toujours le nom de "Chandernagor", et puis quand j'ai plongé dans la lecture comme Obélix dans sa potion magique, j'ai souvent entendu les titres de ses romans, mais sans m'en approcher pour autant.
Cette "Voyageuse de nuit" (édition Gallimard) traînait dans ma PAL depuis un an, récupéré dans le grenier d'un ami qui avait décidé de faire un peu de vide et de place.
Après la lecture d'un
Philip Kerr et son "Eté de cristal", je me suis donc plongé dans cette oeuvre de
Françoise Chandernagor (histoire de changer de style, de genre et d'époque). Quoique "plongé" n'est pas le terme exact, et il faudrait davantage parler de "survoler". Je n'ai pas accroché à cette histoire, ni sur le fond , ni sur la forme.
Les derniers jours d'une mère de famille, ou plutôt "dernières années", que l'auteure a presque failli me rendre antypathique, tant elle n'était pas gentille avec ses quatre filles, dont certaines, à tour de rôle, ont pourtant été ses préférées quelques décennies plus tôt.
Alors, certes, quant à la "construction" du roman, il y a la période précédant le décès, puis l'annonce d'un tel évènement, puis l'enterrement, puis l'après. Sauf que l'auteure n'arrête pas d'effectuer aller-retour sur aller-retour entre passé et présent, d'une soeur à l'autre, d'une fille à sa mère, que je m'y suis un peu perdu. Traîtant également de nombreux sujets sans réel logique dans leur apparition, et allant de digressions en digressions.
Un livre où les hommes occupent une place secondaire, et le mot est en dessous de la réalité. Il est vrai que le père, le veuf presque joyeux et qui a mené sa vie en paralèlle- était toujours absent, et il n'est fait surtout état que de "William", vivant en Australie, et marié à Lisa (si je ne me trompe pas).
On y retrouve les peurs, angoisses, les non-dits des quatre soeurs, les punitions de leur mère à leur encontre, son "diktat" parfois, de leur adolescence à aujourd'hui -peut-être expliqués par l'absence du mari et père de famille-, mais encore une fois, sans construction logique (anorexie de l'une, vie de couple avec une "gendarmette" de l'autre, attouchements d'une troisième par un membre de la famille, mais sans savoir de qui il s'agit...). L'auteur enchaîne, empile...
L'auteur n'a pas réussi à m'émouvoir avec la "mère". Est-ce à cause de certaines pointes d'humour qui sont venues contrebalancer l'atmosphère de "fin de vie"? (humour de l'auteure, s'entend, pas de l'intéréssée, avares en paroles). J'ai cependant parfois apprécié les paroles de chansons plus ou moins connues -mais qui personnellement toutes me parlaient-, mêlé
es au reste du texte.
Henry Troyat, cet écrivain prolixe et qui écrivait debout, avait déjà abordé le sujet, dans "Le bruit du coeur solitaire", où le personnage principal cette fois est un homme, et tout comme Olga, cette "Voyageuse de nuit", "je n'ai d'ailleurs pas compris le choix du titre également- est d'origine slave.
Et il n'y a pas de comparaison possible, l'approche de
Troyat m'a réellement capté.
Et si vous voulez vraiment lire un livre touchant et émouvant sur la famille, les rapports mari-femme, couple enfants, et où se mêlent adoptions et maladies, alors lisez celui de Georges Piombo, "Mon histoire c'est l'histoire d'un amour" (également les paroles d'une chanson).
Et si je n'avais pas lu le roman de Piombo avant, peut-être aurais-je été davantage sensible à la prose de Chandernagor sur le sujet, mais cela n'a pas été le cas.
Et encore une fois, un ressenti tout à fait personnel.