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EAN : 9782070781225
336 pages
Gallimard (01/03/2007)
3.57/5   130 notes
Résumé :
Que savons-nous de nos "proches"? Lorsque Olga, malade, coupe brusquement toute communication avec son entourage, ne parle plus, ne regarde plus, ce sont ses filles qui ouvrent les yeux - sur ce qui les sépare.
Dans cette famille en apparence si unie, chacune des quatre s?urs a, en effet, sa propre vision de la mort et sa propre vision de la mère. Les voilà renvoyées à leur enfance et confrontées à cette vérité : dans une famille, personne n'a eu la même mère... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
3,57

sur 130 notes
Quelle belle écriture ! J'ai beaucoup aimé son style, la richesse de sa plume, la légèreté du rythme qui m'a fait voyager dans la campagne creusoise, un territoire que l'auteure connaît bien ; elle y passe une partie de l'année. Dans ce décor familier, elle plante les graines de ce roman qui bourgeonne d'une saga très féminine dans laquelle Olga, la « mater familias » née des amours d'un révolutionnaire russe et d'une limousine de souche, tient la place centrale. Sans doute aura-t-elle puisé dans sa propre histoire familiale quelques ressorts et dans ses interrogations personnelles, le désir d'aborder le thème de la mort. Cette certitude, inéluctable horizon humain, lorsqu'elle se présente pour prélever sa dîme, agit souvent comme un révélateur de secrets, qui ravive les blessures et les frustrations, tombe les masques, mais qui aussi resserre les liens, lave et soulage. L'agonie de leur mère sert de fil d'Ariane aux quatre filles Sarov qui vont dérouler l'écheveau de leurs souvenirs, examiner le fond de leur coeur, se questionner sur leur rapport à la mère, aux autres soeurs et affronter en même temps que les réponses, le temps qui passe et la proximité de l'échéance.
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Par ces temps de cruauté, je voulais lire l'humanité. Ce roman a été une grosse gifle dés les premières pages. Il est émouvant, on y retrouve la vie, la mort, les regrets, les rancunes et surtout les non-dits.

Pourquoi les gens réalisent, tard, l'importance des autres, des siens et des choses ?
Pourquoi ne pas réfléchir à tout ceci, tant qu'on a le temps ?
Pourquoi laisser le silence tuer les sentiments ?

Ce sont les questions qui me reviennent quand Sonia, Katia, Véra et Lisa racontent leur mère. Dans cette Olga douce et cruelle, je retrouve le souvenir de ma grand-mère qui tenait, aussi, sa maisonnée d'une poigne de fer.

A l'hôpital, entourant le lit de leur maman (ça me fait penser à la chanson d'Aznavour « La Mamma ») chacune des soeurs se livre à sa manière, le plus souvent, par les mots qu'on ne dit pas, les gestes vides de sens mais emplis de désarrois et tour à tour, elles écartent le rideau pour nous laisser entrevoir des moments du passé dans l'intimité de la famille. Et que pouvait penser Olga ? Personne ne le saura car la Babouchka a décidé de ne plus voir ni parler.
Ses filles essayent de rattraper le temps, de comprendre les gestes d'avant et surtout d'aimer cette « maman » pas comme les autres.

« La Voyageuse de nuit » est un roman de tendresse et de secrets que j'ai lu lentement et chaque personnage a laissé sa trace en moi. L'histoire de ces femmes est cruelle aussi.

Un roman qui pousse à la réflexion sur la vie et la mort !

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Aurions nous pénétré par inadvertance dans la maison de Bernarda Alba, le drame de Frédérico Garcia Lorca?
Effectivement nous retrouvons ici une mère dominatrice, un père invisible et des filles soumises à une relation fusionnelle. Mais, non nous sommes bien dans la chambre d'hôpital de la voyageuse de nuit, celle qui jeune(je cite) ressemblait à Ava Gardner et qui ressemble à présent à la momie de Ramses, enfin dans la chambre les trois quart du roman, parce qu'après c'est plus dur..Bon, donc, Olga est une voyageuse en fin de vie qui suite à un cancer en phase terminale s'enferme dans sa propre nuit, qui ferme la bouche et les yeux mais qui d'un simple battement de cils régente encore de main de maître son petit monde de filles.
Des filles, des poupées russes qui s'emboitent les unes sur les autres,quatre femmes fragiles qui gèrent leurs problèmes psychologiques en passant par l'alcool, le suicide, une vie parrallèle ou l'homosexualité, tandis que les petits fils sont eux (ô miracle!) des prix d'excellence.
Françoise Chandernagor, de l'Académie Goncourt, auteur de nombreux romans historiques dont L'allée du roi, La sans pareille, L'enfant des lumières... revient ici au monde actuel pour traiter des quatre visions différentes de la mère à travers les yeux des quatre filles.
Un roman entre amour et haine, selon le rang dans la fratrie et les relations nouées.
Sonia, la célibataire endurcie, l'esthéticienne à laquelle sa mère fait comprendre qu'elle l'a assez vue.
Véra, l'expert comptable chic,aux gestes posés, qui a su se faire aimer par son bon gout.
Katia, l'ainée rejetée, la romancière, qui recevait maintes taloches, jalouse de Lisa qui a longtemps été la préférée, voudrait bien lire quelques poèmes mais ça ne passe pas.
Lisa,la protégée l'avocate des causes perdues qui entoure sa mère de fêtes carillonantes.
Point de paroles mais des gestes révélateurs. Et des réflexions sur le cancer, les soins palliatifs,l'acharnement thérapeutique, la mort,la souffrance,l'euthanasie, l'acceptation.Et un secret lié au père. Et une fin déroutante mais qui laisse de libres interprétations au lecteur.
Et un excellent livre qui s'absorbe cul sec comme une eau de vie!

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Je connaissais depuis toujours le nom de "Chandernagor", et puis quand j'ai plongé dans la lecture comme Obélix dans sa potion magique, j'ai souvent entendu les titres de ses romans, mais sans m'en approcher pour autant.
Cette "Voyageuse de nuit" (édition Gallimard) traînait dans ma PAL depuis un an, récupéré dans le grenier d'un ami qui avait décidé de faire un peu de vide et de place.
Après la lecture d'un Philip Kerr et son "Eté de cristal", je me suis donc plongé dans cette oeuvre de Françoise Chandernagor (histoire de changer de style, de genre et d'époque). Quoique "plongé" n'est pas le terme exact, et il faudrait davantage parler de "survoler". Je n'ai pas accroché à cette histoire, ni sur le fond , ni sur la forme.
Les derniers jours d'une mère de famille, ou plutôt "dernières années", que l'auteure a presque failli me rendre antypathique, tant elle n'était pas gentille avec ses quatre filles, dont certaines, à tour de rôle, ont pourtant été ses préférées quelques décennies plus tôt.
Alors, certes, quant à la "construction" du roman, il y a la période précédant le décès, puis l'annonce d'un tel évènement, puis l'enterrement, puis l'après. Sauf que l'auteure n'arrête pas d'effectuer aller-retour sur aller-retour entre passé et présent, d'une soeur à l'autre, d'une fille à sa mère, que je m'y suis un peu perdu. Traîtant également de nombreux sujets sans réel logique dans leur apparition, et allant de digressions en digressions.
Un livre où les hommes occupent une place secondaire, et le mot est en dessous de la réalité. Il est vrai que le père, le veuf presque joyeux et qui a mené sa vie en paralèlle- était toujours absent, et il n'est fait surtout état que de "William", vivant en Australie, et marié à Lisa (si je ne me trompe pas).
On y retrouve les peurs, angoisses, les non-dits des quatre soeurs, les punitions de leur mère à leur encontre, son "diktat" parfois, de leur adolescence à aujourd'hui -peut-être expliqués par l'absence du mari et père de famille-, mais encore une fois, sans construction logique (anorexie de l'une, vie de couple avec une "gendarmette" de l'autre, attouchements d'une troisième par un membre de la famille, mais sans savoir de qui il s'agit...). L'auteur enchaîne, empile...
L'auteur n'a pas réussi à m'émouvoir avec la "mère". Est-ce à cause de certaines pointes d'humour qui sont venues contrebalancer l'atmosphère de "fin de vie"? (humour de l'auteure, s'entend, pas de l'intéréssée, avares en paroles). J'ai cependant parfois apprécié les paroles de chansons plus ou moins connues -mais qui personnellement toutes me parlaient-, mêlées au reste du texte.
Henry Troyat, cet écrivain prolixe et qui écrivait debout, avait déjà abordé le sujet, dans "Le bruit du coeur solitaire", où le personnage principal cette fois est un homme, et tout comme Olga, cette "Voyageuse de nuit", "je n'ai d'ailleurs pas compris le choix du titre également- est d'origine slave.
Et il n'y a pas de comparaison possible, l'approche de Troyat m'a réellement capté.
Et si vous voulez vraiment lire un livre touchant et émouvant sur la famille, les rapports mari-femme, couple enfants, et où se mêlent adoptions et maladies, alors lisez celui de Georges Piombo, "Mon histoire c'est l'histoire d'un amour" (également les paroles d'une chanson).
Et si je n'avais pas lu le roman de Piombo avant, peut-être aurais-je été davantage sensible à la prose de Chandernagor sur le sujet, mais cela n'a pas été le cas.
Et encore une fois, un ressenti tout à fait personnel.
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Olga, la fille adorée du soldat russe Micha; Olga, elle-même mère de quatre filles qu'elle a aimées comme elle a pu; Olga se meurt. Et cela ne va pas sans heurts et cela s'inscrit dans le temps -qui pourtant, irréversiblement, s'étiole. Cependant Olga refuse de partir et elle oppose aux soins constants de ses filles une révolte à la fois muette et farouche.

Dans «La visiteuse de nuit», Françoise Chandernagor dresse le portrait d'une mort contemporaine en révélant peu à peu le parcours tout en nuances d'un amour maternel toujours enveloppant, souvent étouffant. Un amour un peu lourd, car il porte en lui beaucoup d'amertume...



L'écriture est magnifique, avec juste ce qu'il faut de poésie, de lucidité et souvent même, d'humour caustique: un plaisir pour l'âme, si cette dernière n'a pas peur de sa propre vacuité -ou du moins la reconnaît...

«On n'entendait rien ou, plutôt, on entendait le rien: pas le moindre frémissement, froissement, mouvement.Maman n'était plus dans son corps, et elle n'était pas ailleurs. Aucune féérie dans l'air. Elle ne s'était pas transformée en papillon ou en libelllule, laissant derrière elle sa chrysalide; son âme ne voletait pas, légère, autour de moi; et ce qui restait d'elle, ici et maintenant, ne s'appelait ni coquille, ni enveloppe, ni première peau, mais «dépouille». »
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
(...)" tu n'as pas froid?" Et tout à coup la vérité lui saute aux yeux: marre des questions, les mourants en ont marre des questions ! "As-tu soif?" "As-tu mal ?" "Veux-tu que je remonte ton oreiller ?" "tu n'as pas trop chaud ?"
Nous ne leur parlons pas, songe Lisa, nous les pressons, les harcelons. Mais il faut dire qu'ils ne nous aident guère; ils se taisent, et ce silence, dont nous savons qu'il sera éternel, nous rend fous. Des mots d'amour, nous voudrions leurs derniers mots d'amour. Mais ils ne disent que "oui" ou "non". Et encore, pas souvent ! Et distraitement ! Juste pour avoir la paix. Comme des gens très occupés ailleurs. Des grandes personnes que les enfants dérangeraient au milieu d'une conversation sérieuse. (p.41)
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Il lui a suffi (la mère) de trois mots pour me rhabiller en jupe plissée et socquettes blanches. Je quitte la pièce au bord des larmes, sans discuter: les enfants ne discutent pas ce que disent les parents; un mot de plus serait un mot de trop: insolence, rébellion. (p.11)
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Le corps des femmes était humide, humide et mou. Les hommes sont secs, les femmes, liquides, et elles coulent de partout. Papa détestait nos larmes : "Ouin, ouin ! V la les pleureuses ! "

Même si, en application de la théorie des vases communicants, il trouvait un petit avantage à l'épanchement externe des chagrins féminins : ce qui sortait par un bout ne sortait pas par l'autre. " Pleure, tu pisseras moins!". p 53
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P10
Il est vrai que, même sans mots, sans regards, elle s'exprime avec une force étonnante. Pour répondre à nos questions, se plaindre, nous tancer, elle ne dispose que de cinq signes mais ne s'en montre pas chiche: haussement d'épaules, haussement de sourcils, soupir, plissement du front et claquement de langue.
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Maintenant que ma mère avait fini de mourir, elle allait rentrer à la maison, je la retrouverais comme avant rieuse et dansante, dans la pièce d'à côté.
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Videos de Françoise Chandernagor (30) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Françoise Chandernagor
« Une anthologie de femmes-poètes ! - Eh oui, pourquoi pas ? […] On a dit du XIXe siècle que ce fut le siècle de la vapeur. le XXe siècle sera le siècle de la femme. - Dans les sciences, dans les arts, dans les affaires et jusque dans la politique, la femme jouera un rôle de plus en plus important. Mais c'est dans les lettres surtout, - et particulièrement dans la poésie, - qu'elle est appelée à tenir une place considérable. En nos temps d'émancipation féminine, alors que, pour conquérir sa liberté, la femme accepte résolument de travailler, - quel travail saurait mieux lui convenir que le travail littéraire ?! […] Poète par essence, elle s'exprimera aussi facilement en vers qu'en prose. Plus facilement même, car elle n'aura point à se préoccuper d'inventer des intrigues, de se créer un genre, de se faire le champion d'une idée quelconque ; - non, il lui suffira d'aimer, de souffrir, de vivre. Sa sensibilité, voilà le meilleur de son imagination. Elle chantera ses joies et ses peines, elle écoutera battre son coeur, et tout ce qu'elle sentira, elle saura le dire avec facilité qui est bien une des caractéristiques du talent féminin. […] Et puis, au moment où la femme va devenir, dans les lettres comme dans la vie sociale, la rivale de l'homme, ne convient-il pas de dresser le bilan, d'inventorier - si l'on peut dire, - son trésor poétique. Les temps sont arrivés où chacun va réclamer le bénéfice de son apport personnel. […] » (Alphonse Séché [1876-1964])
« Il n'y a pas de poésie féminine. Il y a la poésie. Certains et certaines y excellent, d'autres non. On ne peut donc parler d'un avenir spécial de telle poésie, masculine ou féminine. La poésie a toujours tout l'avenir. Il naîtra toujours de grands poètes, hommes ou femmes […]. Où ? Quand ? Cela gît sur les genoux des dieux, et nul ne peut prophétiser là-dessus. […]. » (Fernand Gregh [1873-1960])
0:00 - Martine Broda 0:32 - Sylvie Fabre G 1:57 - Maximine Lagier-Durand 2:33 - Amina Saïd 3:53 - Béatrice Bonhomme 4:17 - Hélène Dorion 5:15 - Alicia Gallienne
6:50 - Générique
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Références bibliographiques : Couleurs femmes, poèmes de 57 femmes, Paris, co-édition le Castor Astral/Le Nouvel Athanor, 2010. La poésie à plusieurs voix, rencontres avec trente poètes d'aujourd'hui, sous la direction de Serge Martin, Paris, Armand Colin, 2010. Françoise Chandernagor, Quand les femmes parlent d'amour, Paris, Cherche midi, 2016. Alicia Gallienne, L'autre moitié du songe m'appartient, Paris, Gallimard, 2019.
Images d'illustration : Martine Broda : https://www.babelio.com/auteur/Martine-Broda/183879 Sylvie Fabre G : https://www.editionsunes.fr/catalogue/sylvie-fabre-g/ Maximine Lagier-Durand : http://editionsws.cluster011.ovh.net/wp-content/uploads/2011/04/Maximine.jpg Amina Saïd : https://fr.wikipedia.org/wiki/Amina_Saïd#/media/Fichier:Amina-Saïd_Hazam_(21e_Maghreb_des_Livres,_Paris,_7_et_8_février_2015).jpg Béatrice Bonhomme : https://www.southeastreview.org/single-post/poetry-by-béatrice-bonhomme-translated-by-emelie-griffin Hélène Dorion : https://www.lesoleil.com/2020/10/15/entretien-public-avec-helene-dorion-pour-donner-vie-aux-mots-4119980a99b2ea22baac03f17396a0e7 Alicia Gallienne : https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2020/01/31/alicia-gallienne-etoile-filante-de-la-poesie_6027964_
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