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Critique de Krout


Le roman commence sur une révolte qui tourne au massacre dont surgit, par le miracle de l'amour, une petite rescapée. Nous suivons la vie mouvementée de cette survivante, ballotée par le cours de l'Histoire. Y en a-t-il d'autres ? Illusion de controle de sa destinée. Ironie suprême : le roman s'achève, en des temps troublés, sur une révolte qui tourne au massacre ... mais chut. J'aime assez ces récits dont la fin reflète le début car ils donnent à penser que tout peut recommencer de nouveau avec certaines variantes. Espèce de permanence dans l'incertitude, comme si L Histoire se répétait sans fin.

Après avoir survécu à une tragédie, hérité d'une fortune collossale bâtie sur l'esclavagisme, cette femme se retrouve seule car son mari si beau et cultivé mais idéaliste et naïf a quasi tout dilapidé dans des placements douteux, comme la compagnie des Indes, avant de se suicider - quelle noblesse?! Alors il faut quitter Paris et ses salons, Paris et la cour, Paris qui vit d'illusions, fuir créanciers et cancans. Alors comment faire face avec une propriété, des champs, un bois, quelque étang et des droits de fermage, ... ? Au-delà, la vie se poursuit, différente mais en un sens pareille dans ses fondements.

Comment éduquer son enfant et dans quel but ? Qu'est-ce qu'une éducation réussie ? Voilà les questions principales que Françoise Chandernagor revendique vouloir adresser par ce roman peignant la vie d'un fils espiègle, malin, viscéralement optimiste, ouvert au changement et sa mère devenue résiliente obstinée, archeboutée sur ses acquis, enchaînée à son passé. En tant que rat* des champs, j'ai trouvé des longueurs dans ce style par trop fleuri à mon goût et s'enlisant parfois dans des descriptions bucoliques, les parisiennes, elles, s'esbaudiront ... Malgrè ces réticences, je me suis de plus en plus attaché à ces deux personnages qui prennent corps au fil de l'histoire. Cependant, avec moins de "phrases", cette présence m'eût été d'autant plus proche et mon ressenti d'autant plus fort.

En choisissant cette période de décadence, c'est bien la fin d'un système que nous vivons à travers le roman, Françoise Chandernagor dresse un décors où vient s'ajouter l'interrogation sur les savoirs, valeurs et qualités à transmettre aux enfants pour qu'ils soient les mieux équipés non pour un monde qui n'existe déjà plus mais pour le monde dans lequel ils vivront et qu'ils doivent inventer. Comment éviter le parallèle avec le Paris d'aujourd'hui : décadence, perte des repères, estompement de la norme, magouilles aux plus hauts niveaux, manipulations des taux de changes et cours de bourses, et possiblement banqueroute de l'Etat avec confiscation de l'épargne. Alors serait-il salutaire de se préparer, en ces temps troublés, à une révolte qui tourne au massacre ... ?

Réalité augmentée, big data, nano-technologies, clonage, transgenisme, exo-squelettes, robots androïdes, transhumanisme, émergence de post-humains, transcendance de l'intelligence artificielle, université de la singularité... autant de nouveautés qui vont révolutionner le futur, autant de bonnes raisons, me semble-t-il, pour lire ou relire ce roman sous un autre éclairage.

* dédicace à mon ami Walktapus. -:)
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