Je me replonge avec plaisir dans les magnifiques nouvelles de Zhang Ailing avec ces
deux brûle-parfums.
Cette auteure avait un talent fou et ce, dès l'âge de 23 ans, moment où elle a écrit ces deux nouvelles ainsi que ses oeuvres principales, nouvelles qui donnaient un très bon aperçu de son style et des thèmes qui lui tenaient à coeur.
Dans le premier brûle-parfum, Zhang Ailing nous narre le destin de Ge Weilong, jeune fille à Hongkong prise en charge par sa tante madame Liang. Zhang Ailing nous fait le portrait âpre d'une désillusion, d'une amiureuse déconvenue et désabusée dans ce Hongkong colonial étouffant.
Dans le deuxième brûle-parfum, nous intégrons le cercle des expatriés avec Luojie (Georges ?) Et sa nouvelle femme Suxi (Suzy ?). Là aussi il est question de désillusion et de destin brisé. La plume de Zhang Ailing est acérée et la critique envers une éducation extrêmement prude bien sévère (ce thème sera d'ailleurs repris par
Ian McEwan dans son roman "
Sur la plage de Chesil"). Nous y voyons une jeune femme ignorante de la vie maritale, ce qui portera de grands préjudices à son mari.
Zhang Ailing a une plume exquise, ses métaphores sont magnifiques et ses descriptions minutieuses. Elle nous donne moults détails sur les paysages, les vêtements, et installe une ambiance si particulière. Elle met en avant des destins de femmes, souvent malheureux, des femmes qui souhaitent s'échapper des carcans traditionnels mais rattrapées par la société étouffante, que ce soit la société chinoise ou celle formée par les étrangers en Chine.
La narration de ces
deux brûle-parfums est très intéressante puisqu'elle commence en allument ce fameux brûle-parfum et se termine quand ce dernier s'éteint. Ce format nous montre que le temps nous est compté, que nous allons vers une fin inéluctable. Cela ajoute une tension dramatique au récit.
Je conseille de tout coeur à tous de découvrir Zhang Ailing, une auteure prodigieuse et intemporelle ! (En espérant que la traduction soit à la hauteur de la version originelle, mais je dois avouer que traduire une oeuvre de cette auteure est un exercice particulièrement difficile).